Franz Boas

Biographie :

Franz Boas est un anthropologue américain d'origine allemande.

Né dans un milieu familial juif et libéral, le jeune Boas est d’emblée confronté à la question du métissage culturel. Face à l’antisémitisme latent de l’Allemagne wilhelmienne, il réaffirme son affiliation à l’ethnie allemande. Mais qu’est-ce qu’une ethnie ? Le racialisme alors en vogue assigne chaque individu à une unité biologique immuable : un allemand est allemand par ses gênes, qu’il le veuille ou non.

En 1883, Boas part étudier l’influence de l’environnement géographique sur les structures sociales des Inuit. Ce voyage initiatique l’amènera à deux révélations successives. D’une part, il est impensable d’adopter un regard condescendant à l’égard des cultures dites sauvages : chacune d’entre elles adopte un mode d’organisation optimale par rapport aux problèmes que lui pose son environnement naturel. D’autre part, les différences ethniques restent réduites : la mentalité inuite ne constitue pas un ailleurs impénétrable, mais une variante parmi d’autres d’une psychologie humaine universelle.

Au cours des décennies suivantes, Boas approfondit ces intuitions décisives en s’intéressant aux migrations culturelles. A l’encontre des approches traditionnelles, il montre que les immigrants reproduisent très rapidement les attitudes et normes de leur nouvel environnement. Même les traits physiologiques sont affectés : les immigrants de seconde génération développent rapidement des morphologies distinctes, sans que l’on puisse recourir à une explication biologique.

Promoteur d’une anthropologie moderne et démocratique, Boas engage un combat virulent contre le racisme scientifique et le nationalisme intégral. L’engagement politique est ici indissociable de l’engagement scientifique : tout ce qui contribue à nier l’unité du genre humain est non seulement contraire à l’éthique mais, aussi, à l’observation rationnelle et dépassionnée.

Le 21 décembre 1942, Boas se rend à un dîner organisé par l’université de Columbia. Il succombe soudainement à une attaque cardiaque.