le mot diable signifie diviseur. Au lieu d'inspirer les hommes des sentiments d'amour et de fraternité les uns pour les autres, il leurs inspire des sentiments de haine et d'envie les uns contre les autres ; c'est par la division qu'il règne sur le monde.
Dès l’aurore de la création, l’homme, ayant matérialisé par le péché sa nature, ou, pour suivre l’image de l’Ancien Testament, avant mordu au fruit de l’arbre de la science du bien et du mal, devient sujet à la maladie et à la mort.
Cette idée que nous exprimons, nous la retrouvons en germe dans l’étymologie même du mot mort, formé du latin mors, que dans leur haute philosophie les instituteurs du langage, qui, suivant la belle expression de Vico, cachèrent la science du vrai sous l’écorce des mots, ont fait venir de morsu, pour rappeler à l’intelligence que l’origine de la mort en ce monde est la morsure coupable donnée par le premier homme au fruit de l’arbre défendu.
Nous venons faire partager nos certitudes sur l’autre vie et emparadiser l’âme des béatitudes célestes. Quand on lève les yeux et le coeur au ciel, les idées se sublimisent, les sentiments s’ennoblissent, une vie toute-puissante circule, loyale et généreuse, dans le sang des veines ; plein de mépris pour ce qui passe, on ne s’attache qu’à ce qui reste ; le grand amour de l’éternité qui fait les martyrs et les saints vous saisit invinciblement au coeur : alors, semblable au phénix de la fable qui bat l’air de ses ailes déployées pour raviver la flamme du foyer qui le consume, l’on a hâte de mourir selon la chair pour revivre selon l’âme.
Nécessité de dévoiler les vérités cachées de l'initiation.
Ces vérités que nous proclamons au milieu du conflit des intérêts et en présence de l'incroyance, nous les aurions proclamées avec joie sous les dents des bêtes de cirque et au milieu des flamme du bûcher.
Le moment est venu où la science, s'unissant avec la religion, doit donner une explication, compréhensible pour toutes les intelligences, de la vie et de la mort, et initier les esprits aux mystères les plus secrets du monde des causes. Pour nous, comme Énée, nous allons descendre dans les enfers afin de raconter le sort réservé aux hommes après leurs mort ; mais, il faut mettre comme Télémaque, l'épée à la main, afin d'écarter les ombres qui obsèdent la pensée et hallucinent le cerveau par les folies terrifiantes de l'erreur. Cette épée sera la foi en la tradition catholique, que l'apôtre appelle un glaive forgé par le ciel !
C'est à ces âmes, soeurs de la nôtre, que nous nous adressons ; nous leurs apportons une démonstration nouvelle de leur immortalité, tirée du somnambulisme. Nous les initions aux arcanes de leur individualité, nous ouvrons devant leur coeur des horizons nouveaux, devant leur intelligence un monde resplandissant de l'indélébile beauté de l'éternité. Quand on souffre sur la terre, il est doux de regarder le ciel avec certitude de pouvoir s'y reposer un jour. Quand on est opprimé, on écoute avec bonheur la parole convaincue, qui dit : Nous ressuciterons dans la liberté et la gloire.
On a moins peur de la mort pour ce qu’on en sait que pour ce qu’ont en ignore.
Adolphe d’Houdetot