Enfin M. Vianney atteignit sa demeure, mais le vicaire l'informa que quelqu'un l'attendait. C'était la femme accompagnée d'une fillette aveugle. Le prêtre regarda celle-ci longuement, puis il dit :
-Mon enfant, tu pourras aller à sainte Philomène et lui demander de te guérir. Je crois même qu'elle le ferait. Mais je ne sais pas si la lumière de ce monde t'aiderait à gagner le ciel. Par contre, si tu restes aveugle, tu iras certainement au paradis et je t'y garantis même une belle place.
La fillette demeura un moment silencieuse, puis elle répondit bravement, en saisissant la main du saint :
Je veux aller prier sainte Philomène, pour qu'elle m'aide à supporter patiemment mon malheur.
Le curé la bénit en pleurant.
Une journée splendide ! De la lumière hivernale, le soleil inonde la Serra de Aire. Les collines aux pentes douces, couvertes d'oliviers, de pins et de figuiers, reposent, rêveuses, sous le ciel bleu. Une fois encore, je sors de la majestueuse basilique, blanche comme neige, qui se dresse au creux du gigantesque coquillage qu'évoque la Cova da Iria, et je m'enfonce au cœur de la lande silencieuse de Valinhos. Quelques brebis, quelques chèvres broutent parmi les rochers du Cabeço. Un petit berger joue sur sa flûte un air mélancolique. Lui à part, tout n'est que silence, majestueux silence. Voiçi donc le pays qui fut le théâtre de surprenants prodiges : il vit le disque d'or traverser le ciel, la pluie de fleurs, la danse du soleil.
Le ménestrel s'assit sur un bloc de rocher, et allongea les jambes pour les exposer aux chauds rayons du soleil. Les poètes, dit-il ensuite, vivent dans un autre monde qu'ils se forgent eux-mêmes. Pour eux, il est réel et vrai ; il l'est également pour tous ceux qui les croient.
Et le soleil dansa ! Il était maintenant rouge comme du feu, et il dansait au-dessus de la terre une sarabande embrasée. Enfin ! Enfin il s'arrêta dans cette ronde incompréhensible, il reprit sa position première et brilla de nouveau de toute la splendeur de midi.
Vous avez dû avoir beaucoup à souffrir, et vous souffrirez certainement davantage encore. Quand votre cœur est dans la peine, bornez-vous à dire avec calme et ferveur ces simples mots : Mon Jésus, je vous aime ! Doux Coeur de Marie, soyez mon salut !
"Prenez garde de n'en pas faire trop. C'est une ruse du diable, dont il trompe les bonnes âmes, que de les inciter à faire plus qu'elles ne peuvent, afin qu'elles ne puissent rien faire."