Depuis la guerre de Sécession, jamais l'Amérique n'a été autant divisée.
Républicains vs Démocrates, élites des côtes vs Amérique des oubliés, luttes interraciales, contestation de la Cour suprême et des institutions, multiplication des fusillades de masse, assaut du Capitole en janvier 2021
Un sondage récent (AEI) révèle que 46 % des Américains pensent qu'une future guerre civile est probable. le pays est-il au bord de la grande fracture ?
Stephen Marche a imaginé cinq scénarios plausibles susceptibles de déclencher le chaos : un shérif cynique se battant contre les troupes fédérales et les bureaucrates pour sauver un vieux pont, la tentative d'assassinat de la présidente par un jeune désoeuvré, un violent ouragan s'abattant sur New York
cinq événements qui dérapent présentés chacun comme une courte nouvelle et suivis par une analyse minutieuse de leur impact.
Des scénarios élaborés en interviewant des centaines d'experts militaires, historiens, policiers, politiciens, écologistes, scientifiques
et ceux qui, au coeur de l'État, sont déjà chargés de préparer les plans de bataille en cas de guerre civile.
Stephen Marche nous offre une enquête vertigineuse qui nous interroge avec une grande lucidité sur l'avenir de la démocratie américaine.
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Les riches savent ce que savent également les historiens : toutes les sociétés de l’histoire humaine atteignant des niveaux d’inégalité comme ceux que l’on constate aujourd’hui aux États-Unis se sont enfoncées dans la guerre, la révolution ou les épidémies. Sans exception. Il n’existe très exactement aucun précédent historique de ce type qui ne se soit pas achevé dans la destruction.
Si la République américaine tombe, la démocratie, principal système politique dans le monde, tombe aussi. Si la démocratie bascule, la paix et la sécurité de l'ordre mondial basculent avec elle. Personne n'échappera aux conséquences.
Le nombre d’armes aux Etats-Unis dépasse les 400 millions. […] S’agissant de violence par armes à feu, les Etats-Unis offrent un cas unique au monde, qui va au-delà de l’exception. Il y a cinquante-sept fois plus de massacres à l’arme à feu dans les écoles américaines que dans le reste du monde industrialisé.
Tout le monde souhaite la démocratie, mais personne n’en veut. Le découpage électoral conduit tout naturellement à empêcher l’électeur de voter, une tactique pratiquée de plus en plus ouvertement. Une fois que vous êtes parvenu à ce que le vote de vos adversaires pèse moins en recomposant un district, pourquoi ne pas déjà rendre le vote plus compliqué pour vos adversaires, en déplaçant les bureaux de vote dans des endroits moins accessibles ? Une fois que c’est fait, pourquoi ne pas simplement effacer leur vote par tous les moyens disponibles ?
Dès que la stabilité du pouvoir s'est volatilisée, il est facile de s'inventer toutes sortes d'excuses pour assassiner ses voisins.
Mais tout observateur attentif aurait aisément pu constater que la militarisation des forces de police en Amérique avait débuté depuis des décennies, que la police américaine abattait ses propres concitoyens trois à trente fois plus fréquemment que la police d’autres pays, […]
D’énormes inégalités géographiques sont inhérentes au système de gouvernement – qui, après tout, est vieux de presque deux cent cinquante ans. Soixante-deux sénateurs représentent un quart de la population américaine. Six sénateurs en représentent un deuxième quart. La même divergence engendre, quoique dans une moindre mesure, des victoires présidentielles sans majorité du vote populaire, ce qui accentue encore le déséquilibre des pouvoirs.
Lors des élections parlementaires de mi-mandat, en 2018, la densité fut le principal facteur déterminant du vote démocrate et républicain, le seuil s’établissant à huit cents habitants au mètre carré. Au-dessous de ce chiffre, 66 % des électeurs votent républicain. Au-dessus, ils sont 66 % à voter démocrate. L’année 2018 a vu la ligne de partage urbain-rural aux États-Unis devenir absolue.
Comparée aux crises à venir, celle du Covid n’était rien. Le Covid aura été comme un contrôle surprise avant un examen de fin d’année éprouvant.
La déclaration la plus intelligente qu’il ait lui-même faite au sujet de sa carrière politique remonte à une conférence de presse, en 2017 : « Je ne suis pas venu diviser ce pays. Ce pays était profondément divisé avant que je n’arrive. » Trump est tout au plus un symptôme.