Zoé Murat

Chapitre 4 : Objection, Votre honneur !
Hazel
«…Quand l’ascenseur amorce sa descente, l’espace me semble subitement très réduit. Je ne peux m’empêcher d’observer le profil de mon nouveau patron. Il est grand, comme je l’avais déjà remarqué, élancé, mais solide. Cheveux bruns bouclés coupés assez court, mais dont les mèches rejetées en arrière s’obstinent à retomber sur ses yeux bleu pâle. Visage sérieux, soigneusement rasé, avec une bouche sensuelle qui… Son regard me surprend.
Je détourne les yeux, mais trop tard pour ne pas rougir. L’air me paraît plus lourd, je me sens oppressée. Je fixe le mur devant moi, avec l’impression d’entendre la respiration de cet homme se faire plus laborieuse, comme s’il faisait lui aussi attention à ne pas se trahir. J’ai chaud. Ma peau crépite sous la tension, mon souffle s’accélère et mes paumes se font moites. Je résiste jusqu’à ce que je n’en puisse plus et lui jette de nouveau un regard. Les iris bleus me fixent toujours. J’avale ma salive avec difficulté. L’expression de son visage n’est plus du tout indifférente ni ironique. Je devrais baisser les yeux, toussoter, faire semblant de chercher quelque chose dans mon sac ou prétendre que je dois envoyer un SMS urgent. Je ne bouge pas.
Lui devrait probablement cesser de me fixer comme si plus rien d’autre n’avait d’importance. Il esquisse un geste vers moi, je me mords la lèvre inférieure. Son geste s’interrompt et la sensation de mes dents sur la chair tendre me réveille. Je fais un pas vers lui sans le quitter des yeux. Il s’avance aussi. C’est comme si nous étions, lui et moi, les deux pôles d’un même arc électrique. Souffle court, je sursaute quand, au neuvième étage, l’ascenseur s’arrête.
Deux personnes entrent à leur tour dans l’habitacle étroit...»

Chapitre 2 : La fille aux yeux bleu-vert
Cole
«…
— Je la veux, déclaré-je en reposant la feuille.
— Dans quel sens, Cole ? s’amuse Leonard, en guise de réponse.
Son sous-entendu me met mal à l’aise. Je ne peux pas parler de cet aspect de ma vie avec lui, pas avec ce qu’il sait de mon passé.
— Dans le sens où ton cabinet a désespérément besoin de personnes de confiance et qu’une Hazel Rivendale, nouvelle dans le métier, sans réseau professionnel, sans parrainage d’aucune sorte ni lien suspect avec VFC Lawyers serait parfaite dans le rôle, asséné-je, d’un ton sec.
Leonard grimace, puis soupire.— Certes, mais a-t-elle les compétences requises pour t’assister sur le dossier qui t’attend ? objecte-t-il. C’est une chose de mettre cette fille sur les affaires courantes, mais là… avec le procès pour harcèlement contre VFC, on est sur quelque chose d’énorme. S’ils l’approchent, comment peux-tu être sûr qu’elle ne se laissera pas corrompre par une promesse d’argent ou même de poste chez eux ? Cette méthode leur a déjà réussi une fois !
Leonard finit son café d’un trait.— Franchement, poursuit-il, alors que son débit s’accélère, si on perd ce procès contre eux, mon cabinet est fini !— Je le sais, c’est pour ça que tu fais appel à moi, rétorqué-je, en balayant ces objections d’un revers de main. Je me renseignerai sur elle, de toute façon. Puis rassure-toi, je n’ai pas l’intention de lui confier tous tes petits secrets.
Mon meilleur ami me lance un regard sombre. Je souris, sachant très bien que ce trait d’humour ne lui a pas plu...»

Chapitre 5 :

Elizabeth

«… – Vous connaissez mon nom, monsieur, pourrais-je savoir le vôtre ? me lancé-je, avec un sourire que j’espère courtois.

Il s’approche. Mon souffle se bloque au fond de ma gorge. À part mon père, aucun homme ne s’est jamais tenu aussi près de moi, au point que je sente la chaleur de son corps.

J’ai chaud, j’espère ne pas m’évanouir.

– Je connais votre nom et plus encore, chère Elizabeth Lovehill, murmure-t-il à mon oreille.

Quoi ?

La proximité de cet homme me ferait presque perdre tous mes moyens, mais le plaisir qu’il tire à constater mon trouble me pousse à me reprendre. Je fais un pas en arrière.

– Vous allez, vous aussi, prétendre que vous m’avez aperçue en rêve ? me moqué-je un peu plus durement que je ne l’aurais voulu.

Une ombre passe dans ses yeux. Le temps vire un instant à l’orage, puis de nouveau, ce sourire.

Ce sourire !

– Non, pas en rêve. C’était bien réel et vous étiez avec votre amie, celle qui a les cheveux roux et que j’aperçois là-bas, au bras d’un baron aussi bête que prétentieux, me répond-il d’un ton léger.

Il m’a vue lors de l’entrée de la reine.

Il avance vers moi, se penche jusqu’à effleurer mon oreille de ses lèvres.

– Je sais où se trouve le plus charmant de vos grains de beauté, glisse-t-il d’une voix caressante. Je vous ai vue vous baigner.

OH MON DIEU ! …»

Chapitre 3 :

Edward

«… Ses seins généreux sont dressés vers le ciel et lorsqu’elle se détourne, son chignon qui n’a pas survécu à la baignade, se déroule jusqu’à la chute de ses reins. Ses fesses sont délicieusement bombées et curieusement signées à droite d’un grain de beauté.

– En tout cas, une fois à Londres, essayons au moins d’épouser des maris qui nous laisseront nous voir toutes les deux ! ajoute la blonde en essorant vigoureusement sa chevelure.

Londres ! Elles vont à Londres !

Amusé, je recule brusquement jusqu’à retourner auprès de mon cheval. Ce sera bien la première fois que j’aurai pu voir deux demoiselles entièrement nues avant de les rencontrer vêtues de leur plus belle parure ! Contre toute attente, je me sens presque impatient de découvrir leurs débuts dans le monde, au bras de leur mère qui va les chaperonner sans se douter une seule seconde qu’elles ont pour habitude de retirer leurs vêtements en pleine nature ! Finalement, cette saison des bals pourrait bien se révéler plus excitante que prévu. …»

Sans hésitation, je me dirige vers l'escalier, que je compte bien prendre tout comme ce matin. J'ai établi un certain nombre de règles de conduite à suivre pour le restant de mon stage :
- Ne pas sourire à Cole Parker.
- Éviter toutes situations où je me retrouverais avec lui dans un lieu confiné - taxi, ascenseur, local à imprimante.
- Refuser toutes conversation autre que professionnelle.
- Ne pas l'embrasser.
- Ne pas coucher avec lui.
C'est simple et clair. Facile à suivre. Décidée, j'ouvre la porte de la cage d'escalier et entame la descente. Treize étages, au moins deux fois par jour : autant dire que je vais avoir des fesses de rêve à la fin de mon stage.

- je n'aime pas être utilisée et, de plus, ce précédé était éthiquement discutable, déclaré-je d'une voix ferme.
Il relève la tête, ricane.
- Est-ce qu'une stagiaire est en train de me faire une leçon de morale ?

Etre avocat, c’est comme porter son client sur une corde raide pour lui faire traverser un précipice. Si on se laisse déstabiliser par le premier coup de vent, autant le balancer dans le vide tout de suite.

Dis-moi, Cole, à quel moment tu prends le plus de ton pied ? Quand on fait l’amour ou quand tu me rejettes ? lui demandé-je, la voix tremblante.

Je ne compte pour rien dans ce milieu est guère plus aux yeux de colle. Sentant des larmes monter, je fais appel à toute ma volonté pour quitter les lieux.

Sa bouche se pose sur la mienne avec douceur, presque avec tendresse. Il n’y a plus seulement de la passion entre lui et moi, et ce constat me bouleverse.