«Durant plus d'un siècle, la parole ne fut qu'entre deux, le Français d'Algérie et le Français de Métropole, et le troisième, l'Indigène, eh bien, il n'avait point d'oreille, encore moins de bouche ! Absent, l'Arabe ne pouvait qu'avoir tort.» (p 166)
Pour l'heure, Charles a d'autres soucis ailleurs, toujours en Saxe, en Frise et même en Bavière, mais surtout en Provence avec les Sarrasins, qui quatre ans après Poitiers, refont irruption. Prise d'Avignon et d'Arles. Et nouvelles razzias en Bourgogne jusqu'à Autun. Le Franc tourne le dos à ses ennemis du Nord et redescend bride battue dans le Midi. C'est l'extraordinaire "marque de fabrique" de ce Carolingien avant la lettre: toute sa carrière, il la passera à courir d'est en ouest, du nord au sud, à combattre les séditieux, à réduire les rivaux, à subjuguer les velléitaires, à repousser les envahisseurs. Quand on pense aux distances et aux moyens de transport de l'époque, on ne peut que rester stupéfait. Ou incrédule.
«Les privilèges associés à ce titre de «fils de martyr» étaient exorbitants, au point que des enfants de chouhada, il en naissait partout...Ce statut était devenu si convoité qu'un jour, un enfant, à qui son père demandait quel métier il rêvait de faire plus tard, répondit les yeux brûlants d'envie : «fils de chahid !» (p 71),