Agnès C.

La pauvreté, la précarité ont plusieurs visages et engendrent de nombreuses problématiques… À cause de l’incertitude de leurs conditions de vie, les couples se refusent à avoir des enfants. La natalité est en baisse constante. Obnubilé par une volonté d’accroître la population roumaine, ceci afin d’affermir sa puissance économique et militaire, Nicolae Ceausescu promulgue, par le décret 770, une loi interdisant expressément aussi bien l’avortement que la contraception, et impose à toute femme en âge de procréer un minimum de cinq enfants. C’est, assène-t-il, un devoir patriotique !
Afin de faire écho à cette loi, quelques mois plus tard, dans sa folie nataliste, le régime adopte un impôt supplémentaire visant les femmes de plus de vingt-six ans n’ayant pas encore enfanté.

Anya était scandalisée par la nouvelle. Non seulement son couple allait devoir payer un supplément d’impôt, puisque son ventre demeurait désespérément vide, mais elle était révoltée par cette liberté volée aux femmes de disposer de leur corps… Pour le Parti, elles ne valaient donc guère plus que des têtes de bétail… Quelle dignité restait-il donc à ce peuple ? La misère était déjà partout, tout le monde ployait sous le joug. Comment feraient ces femmes pour nourrir leur progéniture ? Tout ça pour assouvir ce pouvoir répugnant ! Des larmes de rage, de dégoût et d’impuissance devant cette fatalité rougissaient les yeux de la jeune femme…