Tandis que, dans le monde des vivants, une extinction de masse a débuté, Lucas et sa troupe découvrent stupéfaits l’immensité des strates et des sens, des significations et des messages qui se déploient derrière la porte noire qu’ils viennent de franchir. L’univers d’au-delà est un énorme abîme. Au cœur de ce pays brûlant et compliqué danse un singulier personnage, un loa dont voici l’antre. Chacun de ses gestes semble être une manigance, chaque parole une moquerie. Mais lui, le danseur malin, il est aussi un indice, un espoir lancé, une volonté dressée contre l’obtuse fatalité. Alors, puisqu’ici l’on se livre et l’on se dévoile jusqu’au nu de son être, des vérités seront dites, qui emprunteront, pour être mieux reçues, le chemin des métaphores et des paraboles.
Divers phénomènes convergents entraînent le monde des humains dans une avalanche de mutations violentes. Des injustices, des iniquités, des déséquilibres savamment travaillés et poussés à leurs paroxysmes font qu’aujourd’hui un mur est prêt d’être atteint, un mur dans lequel on nous précipite. Qui a des enfants et sent ce qui arrive ne peut pas ne pas être insomniaque. Ensuite, l’écosystème de notre espèce est sur le point d’être bousillé. Or, lorsqu’une bascule passe d’un côté à l’autre, si les débuts de son mouvement sont humbles et presque insensibles, passé le point d’équilibre tout s’accélère et rien ne peut plus être rattrapé. Cosmicomedia propose d’assister à l’activation d’un ensemble de basculements possibles, combiné à l’ultime accélération, celle pendant laquelle apparaît, évident aux yeux de tous, le mur terminal…
Le début de ce millénaire est celui de tous les défis. Historiquement, il sera difficile de trouver un moment plus passionnant à étudier: la biosphère s’effondre, les puissants se goinfrent comme jamais l’on ne s’est goinfré, l’humanité s’appauvrit en conséquence, les espérances s’essoufflent. Presque partout la police est devenue la première puissance d’oppression, loin devant les mafias, et protège des systèmes si ouvertement corrompus que l’usage des mots nobles par lesquels ils se définissent devient un exercice bien salissant pour l’esprit novice qui croit encore en la vertu des dictionnaires, et qui se retrouve la langue tachée de mensonges. En plus de tout ceci, une étoile a explosé et déverse sur nos têtes une mort subtile.
Une bande de galopins de tous âges et de toutes cultures découvre un réseau de passages secrets, et parvient à y plonger au moment pile où, dans le monde extérieur, tout va s’écrouler. Pour réussir ce tour de force, chacun aura eu à prouver qu’il était foncièrement calme, non nuisible, intelligent et discret. Quand la porte se referme, à la fin du premier volume, on sait ce qu’il adviendra bientôt de la planète que nos touristes laissent derrière eux, et l’on sait aussi qu’ils viennent de pénétrer dans un endroit vraiment très, très chaud.
Mais les squelettes n'ont plus de sexe. Abandonnés au fond du silence, loin des regards, dans leur nuit humide, les squelettes sont sans sans enjeu ; ce qui fait qu'ils sont vertigineux francs.
L'œuvre d'art possède un puissant pouvoir d'orientation.
Nous remontions le ruisseau sur un lit de galets calcaires parsemé de roches tombées des flancs du canyon. Dans l’eau peu profonde, des petites taches noires collées aux cailloux attirèrent mon regard : c’étaient des escargots de rivière, de deux espèces assez communes mais dont l’une a la particularité de ne supporter que des eaux non polluées. J’y vis un signe favorable.
Arrivent les glaciations quaternaires, qui font elles aussi le ménage. Bien des populations sont décimées, tandis qu’une nouvelle troupe s’introduit, habituée au froid, et dont l’aire de répartition s’étend aujourd’hui souvent jusqu’à l’Arctique. De petits soubresauts de chaleur invitent ensuite quelques éléments africains, que la glaciation suivante détruit.
Dernièrement, des changements de courants marins ont favorisé la colonisation du bassin tantôt par des espèces tropicales-tempérées, tantôt par des espèces boréales. À l’arrivée des humains, on en est là : un partage entre ces deux grands groupes, le boréal et le tropical.
Et puis soudain c’est le percement du canal de Suez et l’arrivée immédiate des cargos, qui transportent dans leurs ballasts des larves venues de partout. La Méditerranée est maintenant visitée par des organismes originaires de régions extrêmement chaudes ou lointaines. Elle est, comme la France pour les humains, la crique où bat le ressac du monde. Tout y débarque.
De tous temps, les conchyliologues ont reçu l’immense majorité de leurs coquilles sans sortir de leurs chers cabinets. Nous avons ici affaire à une population de cloportes, blanchis à l’ombre des études, qui passent leurs vies le nez dans les écrans et les bouquins, à tapoter sur leurs claviers au milieu des odeurs inquiétantes des coquilles mal vidées qui sèchent sous un bureau, des produits chimiques de fixation, des chairs pourrissantes parfumées à la putrescine tapies dans des placards suspects. J’ai en ce moment un paquet de spécimens récoltés aux Samoa il y a un an, stoppés dans un mélange d’alcools, qui s’impatientent dans la cave, rendant celle-ci aussi charmante à renifler qu’une morgue.
Elle était belle, pensive et sage. Elle avait le regard noble. Et moi, j’ai toujours été seul, et toujours j’ai été transi d’amour pour ma Dame qui viendrait un jour. J’ai toujours été seul malgré les amis, seul avec un rêve pitoyablement romantique.