Le soleil éclaire le monde et notre physiologie dissèque son rayonnement en une gamme de couleurs. Cette interprétation de l'interaction entre la lumière et les choses est propre à notre cerveau. La couleur est seulement dans nos têtes. Comme le savant sait fabriquer des sources de rayonnement qui sont différentes de celle du soleil, à la fois dans l’étendue du spectre et dans la nature des particules, il peut provoquer des interactions avec la matière, les analyser a l’aide de détecteurs et rassembler des informations qui sont avant tout des listes de nombres, mais qui peuvent souvent être traduites, moins sèchement, en images. Dans ces processus de mesure ou de reconnaissance des interactions avec la matière, entre en premier l’aspect ludique ou policier qui consiste à deviner ou à révéler l’aspect caché des choses, à saisir des secrets, à manipuler des indices. Dans l’esprit de l’opérateur, dans son intérêt à obtenir des images, il entre donc d’abord une curiosité teintée d’un voyeurisme haletant.
[p. 117, Signatures, Paul Caro]