Très loin derrière la ligne de départ, Gérard piétine, s’impatiente : « Je suis chaud bouillant ! Mais qu’est-ce qu’ils attendent pour avancer ? Je perds un temps fou, moi ! »
Peu à peu, la route se dégage, Gérard et ses amis peuvent enfin commencer à courir. Se débarrassant de son blouson de fortune, qu’il jette négligemment sur l’asphalte, Gérard s’adresse à sa femme et à ses copains : « Bonne course ! moi, je vous attends après la ligne d’arrivée ».
D'après les dires de Ti Raoul, Anaïs était ce que l'on appelle un beau brin de fille. Elle avait les yeux verts, légèrement bridés, les cheveux bouclés, le teint satiné. Sa démarche chaloupée, sa cambrure de reine, vous laissaient déjà entrevoir un petit coin du paradis. « Manman ! » (Seigneur !) Quand à sa voix chaude et câline, elle vous transportait illico dans cet autre monde aux couleurs, saveurs, et senteurs enivrantes... Messieurs et dames, en vérité je vous le dis, seul le rhum vieux, de quinze ans d'âge, et vieilli en fût de chêne, s'il vous plaît, possédait jusqu'alors cette vertu !
Dès son réveil, et durant une bonne partie de la journée, Tom demeura soucieux. Ses interrogations insupportables de la veille revenaient le hanter. Pourquoi le professeur lui avait-il révélé son secret ? Quel comportement adopter face à cette situation ? En parler à ses proches ? Se taire à jamais ?
« Non, impossible de cacher une telle découverte », se disait-il. Ne valait-il pas mieux tenter l'expérience d'un voyage dans le temps ? « Oui, mais pour aller où ? Pour quoi faire ? Pour voir qui ? »