Je suis vite devenu un chanteur populaire, aimé de toute la famille. Michel Polnareff s'était réfugié aux Etats-Unis à cause des impôts, Mike Brant s'était suicidé en avril 1975 : ils avaient laissé un vide dans le coeur des minettes et je m'y suis engouffré sans même m'en rendre compte. En arrivant, j'ai poussé un peu Frédéric François et C. Jérôme qui étaient alors les rois du genre ! Durant cette période incroyable, tout ce que je touchais se transformait en or. Je suis devenu numéro un chez les adolescentes, avec un sourire béat. Enfin, béat, je dirais plutôt niais. J'avais, bien entendu, des tenues ridicules, des chemises improbables et des costumes à paillettes : sur scène, tout le monde était habillé ainsi à l'époque. Mais ce sourire niais, je ne m'y ferai jamais et quand je tombe, un soir de zapping, sur les images d'archives diffusées par Télé Melody, je ne comprends toujours pas comment ce sourire a pu faire des ravages...
Etre bisexuel n'a pas été simple car c'est souvent très mal vu. Les hétéros trouvent cela malsain et les homos pensent que tu manges à tous les râteliers ou que tu es un "gay honteux".
Un soir, dans ma grosse berline de chanteur, j'ai posé ma main sur la sienne. Elle l'a retirée en me disant doucement :" Dave, vraiment, je t'aime beaucoup mais les hommes, je les aime jeunes et je les aime noirs"...Fin de l'histoire d'amour.
Afin de mettre tous les atouts de mon côté, j'ai enfilé un splendide pantalon rouge écossais dans lequel je me trouvais magnifique et me suis fait un brushing de l'espace, gonflé et aérien. Quelques temps plus tard, Patrick m'avouera qu'il avait eu du mal à retenir un fou rire en ouvrant sa porte, devant ce clown doté d'un casque cheveux blonds, mais qu'il avait été touché de voir que je faisais tant d'efforts pour lui plaire.
Alors que moi, j'espérais être irrésistible...