David Chalmers: Comment expliquer la conscience ?
Ces arguments ne nous mènent pas vers un dualisme cartésien, qui impliquerait un domaine de substances mentales qui exerceraient leurs influences sur des processus physiques. Les réultats de la science contemporaine suggèrent que le monde physique est plus ou moins causalement fermé: chaque événément physique a des causes purement physiques.
(...)
Tout ce que nous savons, c'est qu'il y a des propriétés des individus - les propriétés phénoménales- qui sont ontologiquement indépendantes des propriétés physiques.
( pp.124-125)
Un problème avec les vues que je viens de défendre, c'est que si la conscience ne fait que surgir du physique, alors elle ne peut avoir d'instrumentalité causale. Le monde physique est causalement fermé, en ce que pour chaque fait physique il y a une explication physique, Ceci implique qu'il n'y ait pas de possibilité qu'une conscience non-physique puisse jouer le rôle de causalité
dans quoi que ce soit.
(p.150)
La façon la plus immédiate d'examiner la (non) dépendance de la conscience du physique consiste à considérer la possibilité logique du zombie : quelque chose de physiquement identique à moi mais n'ayant aucune expérience consciemment vécue.
(p.94)
La question est de savoir si la notion de zombie est conceptuellement cohérente.
(p.96)
La conscience ( selon ce "test") ne dépend en rien du physique.
(p.97)
Les approches neurobiologiques de la conscience sont devenues très populaires. Comme les modèles cognitifs, elles ont beaucoup à offrir en tant qu'explications des phénomènes psychologiques, par exemple l'explication des types d'attention. Elles peuvent aussi nous dire des choses concernant la corrélation de processus neurologiques et de la conscience. Mais aucun de ces processus n'explique ces corrélations: ils ne disent pas comment des processus neurologiques produiraient la conscience. Du point de vue des neurosciences, la corrélation est simplement un fait brut.
(p.115)
Il suffit d'établir la possibilité logique d'un monde physiquement identique au nôtre où l'expérience de la conscience soit seule différente, sans être entièrement absente.
(p.99)
La conscience, cependant, est plus mystérieuse qu’elle ne l’a jamais été. Il semble encore tout à fait mystérieux que la causalité d'un comportement doive s'accompagner d'un vie intérieure subjective. Nous avons de bonnes raisons de croire que la conscience découle de systèmes physiques tels que le cerveau, mais nous n'avons aucune idée de la manière dont cela
se passe, ou pourquoi cela existe . Comment un système physique tel qu'un cerveau pourrait-il également être quelque chose qui "éprouve" une expérience. ? Pourquoi devrait-il y avoir quelque chose qui a l'expérience d'être un tel système ? Les théories scientifiques actuelles abordent à peine les questions vraiment difficiles sur la conscience. Il ne nous manque pas seulement une théorie détaillée ; nous sommes entièrement dans l'obscurité sur la façon dont la conscience s'inscrit dans l'ordre naturel.
(Intro p.xi)
Le sujet qui nous occupe peut être décrit comme étant " la subjectivité des expériences".
(p.4)
Les progrès impressionnants des sciences physiques et cognitives n'ont pas jeté de lumières sur la question de savoir pourquoi les fonctions cognitives sont accompagnées d'expériences conscientes.
(p.25)
Il semble bien que la conscience ne puisse se décrire qu'en termes de concepts qui eux-mêmes font appel au concept de conscience : il est irréducible.
(...)
Il est donc impossible de remonter des faits physiques seuls à la conscience.
(p.106)
On peut aussi se référer au problème des "autres esprits". Même quand nous savons tout ce qu'il y a à savoir sur le plan physique d'autres entités, nous ne pouvons pas savoir avec certitude si elles sont conscientes ou quel est leur vécu.
(...)
Ce qui me force à confronter le problème, c'est ma propre expérience de mon vécu.
(p.102)
Un autre argument consiste à considérer des systèmes beaucoup plus simples que nous, par exemple des chauve-souris ou des mulots, et à voir que la connaissance des faits physiques concernant ces systèmes ne nous apprend rien sur leur éventuelle vie consciente (Thomas Nagel a traité ce sujet). Même quand toute l'information concernant la physicalité d'une souris a été collectée et assimilée, ,la question du caractère conscient ou non de son expérience reste une question ouverte.
(p.103)