Science et religion sont bien, pour Pascal, deux domaines radicalement différents ‒ à l'intérieur de chacun, c'est une faculté spécifique, ici la raison, là, la foi, s'exerçant légitimement qui impose sa démarche et son régime de vérité ‒ mais ils sont hiérarchisés : les vérités de la raison sont subordonnées à celle de la foi.
Le péché consiste en un acte d'orgueil de la volonté qui se révolte contre l'ordre dans lequel se trouvait l'homme, et change le centre de sa vie. Au lieu de considérer Dieu comme le centre et l'objet de son amour, c'est l'homme que la volonté place au centre de son amour.
(L'anthropologie pascalienne)
L'esprit, l'autre faculté qui constitue l'âme de l'homme, a aussi été atteint et diminué par le péché originel. Sa blessure est tout aussi grave que celle subie par la volonté: seuls ont subsisté quelques restes de la sagesse possédée par Adam dans son état prélapsaire. Dans l'opuscule "De l'esprit géométrique", Pascal est encore plus précis: si la méthode géométrique est la seule qui puisse convenir aux démonstrations d'une vérité qu'on connaît déjà, c'est seulement par défaut. Cette méthode est bien loin d'être la véritable, mais elle est quand même la seule qui puisse convenir à la nature humaine telle qu'elle est "devenue". La véritable méthode, qui "consiste à tout définir et à tout prouver", échappe absolument à l'homme.
Épictète enseigne l'humilité à l'homme en le confrontant à tous les maux qui l'entourent. A la conscience de la faiblesse de l'homme s'ajoutent l'orgueil et la présomption de penser que les moyens pour améliorer sa situation sont complètement en son pouvoir. Épictète ne tient aucun compte de la blessure que le péché originel a infligé à la volonté et à l'esprit humain. A cause de cette ignorance, il peut penser que l'homme, par ses seuls moyens, est en mesure de choisir le chemin de son salut. Voilà, selon Pascal, la source principale de l'erreur d'Épictète qui a remarqué dans l'homme "quelques traces de sa première grandeur", mais, puisqu'il a ignoré "sa corruption, a traité la nature comme saine et sans besoin de réparateur".