Les conditions de travail des ouvriers qui s'attellent à la fabrication de ces beaux objets qui suscitent tant de désirs sont simplement inhumaines. Il serait impossible d'adopter aujourd'hui en Occident, un mode de gestion similaire à celui qui règne dans ces usines. Le capitalisme du XXI° siècle n'a absolument pas supprimé les conditions de dépendance esclavagistes ou semi esclavagistes, il les a intégrées à d'autres formes de dépendance. Le Web 2.0 en fait autant.
La quantification des activités tend à substituer tout autre système d'évaluation.
En bref, la base de données de Google est actuellement en mesure d'ordonner , à travers quelques mots clés, les résultats d'une recherche (query) de manière différente selon le type d'utilisateur, précisément sur la base des données en sa possession relatives à tel ou tel utilisateur. Loin d'être des résultats "objectifs", les résultats de chaque recherche sont donc calibrés ; et même, l'utilisation des services de recherche affine la capacité du système à "reconnaître" l'utilisateur et à lui servir les résultats adéquats.
Les réseaux sociaux , quant à eux, transforment une multitude d'opinions subjectives (exprimées sur des forums, dans des tweets ou encore dans le statut des utilisateurs) en leur exact opposé : la vérité révélée. Il suffit que celles-là convergent dans une avalanche de "j'aime" ou d'interventions allant dans le même sens. Elles deviennent alors capables d'influencer et de représenter, de façon autoritaire, la majorité.
Nous devons cultiver le secret ! Nous devons choisir ce que nous rendons public et distinguer des niveaux de publicité. Nous devons préserver des espaces intimes, incompatibles avec les feux du spectacle et l'exposition continue ainsi que des espaces ambigus, clairs-obscurs, où disparaissent l'empressement à communiquer et l'anxiété de tout dire, toute la vérité, rien que la vérité.
Il n'y a pas de véritable navigation sur la page de Google : les différentes composantes d'une page ont un sens fonctionnel. Elles servent à accéder à un service, pas à conduire l'utilisateur sur un chemin ; leur usage crée des comportements qui font très rapidement partie d'une routine de recherches, au point de sembler instinctif après peu de temps.
La démocratie n'est pas un ensemble de lignes de code, et encore moins un logiciel. Aucun programme, de même qu'aucun programmeur, n'est capable de faire en sorte qu'elle fonctionne mieux en corrigeant les bugs du système. Il faut renverser cette perspective.
Nous devons déserter la société de la performance. Nous n'avons qu'à nous organiser.