La vie de Rose

J'ai trente-deux ans.J’ai mûri, ce mariage m'a fait grandir et je ne laisserai plus personne me marcher dessus où me traiter comme une moins que rien! Vasectomie ou non cet enfant est de Robert. La seule faute que j'ai commise c'est d'être tombée amoureuse de ce connard, d'avoir voulu sauver mon mariage et de mettre accrocher comme une désespérée à Robert. C'est la seule chose de mal que j'ai faite. Je ne laisserai personne ne salir sachant que je n'ai rien fait!

Ça m'a manqué aussi après cette longue jachère. On a passé toute la nuit à s'aimer follement, mes sentiments envers lui se sont encore plus renforcés. Il a fallu, avant de s'endormir, m'occuper du petit et à sept heures d'Indiah, ça nous apprendra à avoir été gourmands cette nuit.

Je n'en peux plus de cette femme, de la savoir autour de mon couple. Je n'en peux plus! On ne sera jamais en paix tant que cette femme sera en vie. Jamais. Il va reconnaître un enfant. Mon Dieu ! Mais oui. Je comprends pourquoi il y allait tous les jours, je me suis toujours demandé où était le père de cette gamine, pourquoi depuis qu'elle a accouché Robert la suivait comme une mouche.

Il m'a prise comme j'étais, il m'a redonné confiance en moi, il m'a surtout montré qu'il voulait de moi telle que j'étais. Pas parce qu'il voulait des enfants ! Il m'a aimé pour ma personne. Ça n'a pas été le cas avec toi! Oui tu voulais être avec moi, mais dans l'espoir de me faire un enfant.

Je ne doute pas de tes méthodes d'éducation mais je n'ai pas fait mes enfants pour qu'ils deviennent des rois et des reines. Chez moi tout le monde travaille, fait la vaisselle, lave le linge à la main, participe aux tâches ménagères.

Mon réveil ce matin était terrible, j'ai connu meilleur. J'ai essayé de sourire, mais en passant devant le miroir j'ai vu qu'il était préférable d'y aller sans. Mon sourire ne ressemblait à rien, il était vide ! Vide comme mon cœur, comme ma vie, comme mon ventre. Tout chez moi est vide.

Nous sommes des adultes on ne fera pas toute une histoire avant de se séparer. Tout est clair entre nous, nous sommes arrivés à un carrefour où chacun a choisi de poursuivre sa route à l'opposé de l'autre.

Je ne veux garder que le meilleur de ces treize années passées à ses côtés, ce ne sera pas facile de tourner la page.

La pression sociale est tellement immense et importante que la société finit par clairement te faire comprendre que sans enfant tu n'es pas une femme à part entière, surtout entre nous femmes.

Un homme qui ne te donne même pas l’argent pour les dépenses alimentaires mensuel, c'est la femme qui fait tout, et en plus il vit gratuitement chez toi. La seule activité qu'il a trouvée c'est de t'ajouter les charges mais avec quel salaire ?

Celles qui ont des enfants ne se rendent pas compte du mal que ça fait de les entendre parler des prouesses de leurs progénitures.

J'ai vu des filles autour de moi se faire avorter clandestinement avec des pilules qui étaient très à la mode et efficace à une époque, puisqu'on retrouvait souvent des fœtus dans des bacs à ordures, dans les hautes herbes ou emballer dans des sachets de cent francs CFA. C'était devenu une mode. On se demandait si ces filles se passaient les mots ou bien si elles étaient en compétition. Il ne se passait pas un seul jour sans qu'il n’y ait des découvertes des plus inhumaines. Parfois ce sont des chiens qui attiraient notre attention près des bennes à ordures, bref c'était chaotique autour de nous.