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Citation de AuroraeLibri


UN IMMENSE IMPACT
Plus largement, quel est l’impact des évangiles apocryphes sur l’art ? « Il est immense, répond François Boespflug. Si on retirait des musées toutes les œuvres inspirées des évangiles apocryphes, cela ferait un sacré vide. » Il manquerait des pans entiers de l’imagerie chrétienne : les sages-femmes lors de la naissance du Christ, le thème du bain de l’enfant, la scène de la Fuite en Égypte lors de laquelle le blé poussa miraculeusement pour cacher la Sainte Famille. Cette scène est aussi représentée dans les Très riches Heures du duc de Berry, un recueil de prières à l’usage des laïcs. Ses magnifiques miniatures du Moyen-Âge représentent le miracle du palmier ; à la demande de Jésus, celui-ci s’incline vers Marie pour qu’elle puisse goûter à ses fruits et fait jaillir de l’eau entre ses racines. L’épisode de Jésus enfant, faisant s’envoler des oiseaux en terre, représenté sur le plafond de l’église Saint-Martin de Zillis en Suisse provient de l’Évangile du Pseudo-Thomas. De même que la scène décrite par Lorenzetti dans la basilique inférieure d’Assise : Jésus tire Adam et Ève des Enfers. Sans les récits apocryphes, les miniatures du XVe siècle issues du manuscrit De Predis qui représentent Jésus fracassant la porte de l’enfer avec le bon Larron n’existeraient pas. Pas plus que le voyage de saint Thomas en Inde, parti pour construire un palais pour le roi Gondofurus, représenté sur le tympan de la porte des Bleds de la collégiale de Semur-en-Auxois.
Et l’art chrétien oriental n’est pas en reste. L’épisode apocryphe de la Vierge Marie filant face à l’ange lors de l’Annonciation est largement dépeint, notamment sur une icône russe du XIIe siècle, dite d’Oustioug, conservée à Moscou. L’exemple du manuscrit des Homélies à la Vierge de Jacques de Kokkinobaphos, un moine de Bithynie, est éloquent : contribuant à la diffusion d’importants cycles iconographiques de la vie de la Vierge, il a beaucoup puisé dans les apocryphes, représentant par exemple l’archange Gabriel envoyé par la Trinité, ou encore Jacob, l’un des quatre fils que Joseph, père du Christ, aurait eu de ses mariages précédents. On trouve encore dans l’iconographie orientale le motif de la naissance du Christ dans une grotte recouverte d’une nuée lumineuse, scène provenant du Protévangile de Jacques. Témoin de l’influence byzantine sur l’art italien, ce motif iconographique s’est d’ailleurs exporté en Occident, comme dans une mosaïque de Pietro Cavallini, datée de la fin du XIIIe siècle et qui se trouve à Sainte-Marie du Trastevere à Rome.
Un dernier motif apocryphe cher à l’iconographie : l’âne et le bœuf, animaux consacrés de la crèche et dont le canon ne fait aucune mention. Sur l’icône de la Nativité d’Andreï Roublev (XVe siècle), on retrouve pourtant le bœuf penché sur l’enfant dans sa mangeoire ; de même que sur le sarcophage de Stilicon à Milan (IVe siècle), où est sculptée l’une des plus anciennes représentations de la Nativité figurant les deux animaux. Réfé­rences à une parole d’Ésaïe (1, 3) : « Un bœuf connaît son propriétaire et un âne la mangeoire chez son maître : Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas. »

LES APOCRYPHES
Une influence majeure sur l’art chrétien
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