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Critiques de Le Temps des Cerises (6)
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L'Honneur des poètes

Cet ouvrage a été publié en juillet 1943 par les Editions de Minuit, maison d'édition clandestine. Il vient d'être réédité pour commémorer les 70 ans de la Libération et de la victoire sur le nazisme. L'achevé d'imprimer de la version d'origine précise :



CET OUVRAGE



PUBLIE AUX DEPENS



DE QUELQUES BIBLIOPHILES



PATRIOTES



A ETE IMPRIME



SOUS L'OCCUPATION NAZIE



LE 14 JUILLET 1943



JOUR



DE LA LIBERTE OPPRIMEE



Les poèmes ont été recueillis par Eluard avec l'aide de Jean Lescure. Le retentissement de l'ouvrage est immense. Y ont participé des poètes connus : Aragon, Desnos, Eluard, Guillevic, Ponge, Pierre Seghers, Jean Lescure, Jean Tardieu, Vercors, et des poètes moins connus comme René Blech, Pierre Emmanuel, André Frénaud, Georges Hugnet, Ambroise Maillard, Loys Masson, Camille Meunel, Lucien Scheler, Claude Sernet, Edith Thomas, Claude Vlldrac.



La préface rédigée anonymement par Paul Eluard précise :



"Whitman animé par son peuple, Hugo appelant aux armes, Rimbaud aspiré par la commune, Maïakovski exalté, exaltant, c'est vers l'action que les poètes à la vue immense sont, un jour ou l'autre, entraînés. Leur pouvoir sur les mots étant absolu, leur poésie ne saurait jamais être diminuée par le contact plus ou moins rude du monde extérieur. La lutte ne peut que leur rendre des forces. Il est temps de redire, de proclamer que les poètes sont des hommes comme les autres, puisque les meilleurs d'entre eux ne cessent de soutenir que tous les hommes sont ou peuvent être à l'échelle du poète.



Devant le péril aujourd'hui couru par l'homme, des poètes nous sont venus de tous les points de l'horizon français. Une fois de plus la poésie mise au défi se regroupe, retrouve un sens précis à sa violence latente, crie, accuse, espère."



Le poète est celui qui doit guider le peuple, un visionnaire qui par sa parole regroupe les hommes. Il prône la résistance, la liberté, la fraternité dans un monde divisé :



"Nul d'entre vous n'est seul : vos coeurs prisonniers



Battent dans nos coeurs à toute heure que sonne la



fraternité."



Par la puissance des mots, il peut refaire le monde, le reconstruire et finalement, peut-être, le changer. La poésie devient alors une arme, un espoir.



"Ce coeur qui haïssait la guerre

voilà qu'il bat pour le combat et la bataille !

Ce coeur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons,

à celui des heures du jour et de la nuit,

Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines

un sang brûlant de salpêtre et de haine.

Et qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent

Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne

Comme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au combat.

Écoutez, je l'entends qui me revient renvoyé par les échos.Mais non, c'est le bruit d'autres coeurs, de millions d'autres coeurs

battant comme le mien à travers la France.

Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces coeurs,

Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaises

Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre :

Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !

Pourtant ce coeur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,

Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères

Et des millions de Francais se préparent dans l'ombre

à la besogne que l'aube proche leur imposera.

Car ces coeurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté

au rythme même des saisons et des marées,

du jour et de la nuit." (Robert Desnos)



Des poèmes pour enjoindre à la résistance, mais aussi pour ne pas oublier, pour que ceux qui se sont sacrifiés pour la liberté ne l'ait pas fait en vain. Des poèmes pour se souvenir...
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Poèmes dans le métro

"Ce volume comprend l'ensemble des poèmes affichés depuis le printemps 1993 sur les réseaux de la RATP" comme l'indique la 4ème de couverture. J'ai fait un bon voyage en poésie de Louise Labbé à Abdellatif Laâbi sans oublier 3 haïkus dont un du moine Ryôkan.







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L'Honneur des poètes

Quand la poésie devient une arme...

Les éditions de Minuit ont édité ce grand petit livre édité sur des chutes subtilisées aux éditions de luxe et mis en page par des typographes de la trempe de Vercors. De belles jeunes filles à bicyclette les distribuaient dans Paris avant le couvre-feu..

Tous au péril de leur vie.

Il devient impossible de se procurer l'édition originale...L'ouvrir, la lire, la toucher m'est arrivé une fois: j'en ai encore le frisson.
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L'Honneur des poètes

Ce pamphlet publié sous le manteau en 1943 regroupe aussi bien les auteurs célèbres de la résistance (Eluard, Aragon, Desnos, Tardieu, Guillevic, Vercors, Pierre Emmanuel) que des inconnus.



Le recueil était à l'époque, non pas une simple oeuvre d'art, mais un appel à l'action, fait pour circuler, convaincre, enflammer les coeurs. Cela au recueil en plus de sa qualité (qui est globalement bonne mais inégale), un intérêt historique certain, et aussi une force supplémentaire, nous faisant empathiser avec ceux qui le lisaient en secret.
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Tracts, affiches et déclarations du groupe de..

Non le mouvement surréaliste n’est pas mort. S’il n’a plus une très grande visibilité, il n’en reste pas moins que l’insoumission poétique, l’union de l’utopie, du rêve et de la révolte se poursuit contre les abjections quotidiennes. « C’est dans la réduction de tout être, chose ou acte en marchandise, que se révèle, chaque jour plus visible, l’obscénité contemporaine. Rien ne saurait plus la masquer et le retour des fausses pudeurs de l’ordre moral ne fait qu’avilir un peu plus sa grimace. »



Le recueil nous propose des tracts et déclarations collectives. La publication de ces textes et des dessins, collages et autres graphismes, est un réel bonheur, une protestation contre l’ordre des choses, animée de « la merveille de leurs châteaux hantés de rêves et de désirs »



Contrairement à une réduction de « spécialistes » de l’art du siècle passé, l’objectif des surréalistes n’était pas de réconcilier art et vie,« mais de changer la vie (Rimbaud) et transformer le monde (Marx), une tâche révolutionnaire pour laquelle l’art est un des plus puissants leviers, en tant que ferment de négativité, principe de refus de la réalité, aiguille magnétisée tournée toujours vers l’écart absolu. »



Comment ne pas partager : « Quand la quête poétique éclaire le lieu et la formule du projet révolutionnaire, sa langue retrouvée, inventée, avec tous ses excès s’énonce de l’un à l’autre pour que la vie portée dans leur révolte prenne corps de ce poème multiple où, de l’un à l’autre se développe, en réciprocité, la trame des rapports individuels et collectif. »



Cependant des formules imagées jettent un regard pessimiste sur la réalité, en gommant les aspects rugueux et multiples des faire contemporains, et trouvent en nous même bien des résonances : « Épuisé, l’homme ne songe pas même qu’il a un autre choix que celui de son panier de sédatifs : vêtements x ou lessive L, crack ou neuroleptique, piercing ou bodybuilding, crocodile ou aile au vêtement, baladeur ou téléphone mobile à l’oreille, pour qu’entre l’autre et lui n’existe aucune confusion possible. Le mur transparent de la soumission au système, qui empêche l’autre de passer et met potentiellement chacun en vitrine, est toujours là. Peu de signes de révolte et une étonnante capacité à avaler du bruit. » Mais nommer cela « servitude volontaire » c’est ne pas prendre en compte, compte le souligne Daniel Bensaid ( Le spectacle , stade ultime du fétichisme de la marchandise. Marx, Marcuse, Debord, Lefebvre, Braudillard, Editions Lignes, Paris 2011) que « Dans l’État moderne, au contraire, la domination impersonnelle – et non plus la servitude – s’enracine dans l’objectivation des rapports sociaux chosifiés. ».



De cette domination impersonnelle, enracinée dans l’exploitation, il n’est pas donc pas possible de s’évader en masse, quelque soit les tentatives individuelles de contournement de la réalité et les tentations de « l’exil, l’exode, l’évasion, vers des lignes de fuite ».



Il ne s’agit pas ici d’un simple rappel historique ou d’une réinscription individuelle dans un collectif prégnant. « Autrement dit, si l’émancipation de chacun est la condition de l ’émancipation de tous, l’émancipation n’est pas pour autant un plaisir solitaire. Et si l’on peut échapper à la servitude volontaire en chassant le tyran de sa tête, on ne peut briser assujettissement involontaire au despotisme du capital que par la lutte des classes. »



Plus inquiétant, à mes yeux est le texte « Pour en finir avec le spectre de dieu ». Cette conception blasphématoire de la poésie me semble non dégagée d’une vision très religieuse, malgré l’athéisme revendiqué. Quoiqu’en disent les auteurs, le spectre ou non de dieu, n’a de sens que pour des croyant-e-s. Je préfère, en mécréant, m’en tenir à la critique du rapport social et historique qu’est la religion. Et pour le dire, comme je l’indiquai dans une note récente : Le combat pour la séparation de l’État des corps religieux ou de la religion me semble toujours d’actualité, de même que celui pour séparer de l’emprise de l’État, le libre droit des femmes à disposer d’elles-mêmes. Mais cela ne signifie pas qu’il faille arborer sa position athée ou “laïcarde” face aux croyant-e-s. Entendons nous bien, tout cela relève du domaine public pas de la sphère privée, mais transformer sa mécréance revendiquée en mépris, voire en hostilité, pour les croyances, me semble non seulement inutile mais contre-productif. Les débats peuvent être menés, en respectant les pratiques et les spiritualités des croyant-e-s, sans céder sur la critique de l’institutionnalisation étatique et para-étatique des religions ou des religieux, pour autant que les droits d’accès aux lieux de culte, l’égalité de traitement des jours les plus sacrés des un-e-s et des autres existent, que les privilèges du christianisme soient abolis, que la loi soit la même pour toutes et tous, que ce soit ici, en Alsace et en Moselle ou à Mayotte.



Je termine par un extrait du dépliant opposé à celui officiel de l’exposition « La révolution surréaliste » au Centre Beaubourg en 2002 : « Quelles que soient les marchandises culturelles et autres jongleries interactives qui se fabriquent aujourd’hui, il est grotesque d’y voir l’aboutissement d’un mouvement révolutionnaire qui n’a jamais défini ses buts suivant l’activité esthétique de ses poètes ou de ses peintres mais selon l’exigence de liberté et d’imagination subversive que les uns et les autres exalteront aux fins de mettre à bas la domination capitaliste. »
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L'Honneur des poètes

ANTHOLOGIE - RÉSISTANCE - 2NDE GM



📚 Résumé 📚 : Publiée clandestinement aux éditions de Minuit pendant l'Occupation en juillet 1943, cette anthologie regroupe de nombreux grands noms de la poésie française. Poètes et poétesses amènent, grâce à la rédaction de textes engagés, leur pierre à l'édifice de la Résistance, L'honneur des poètes est un souffle de liberté qui passait de mains en mains, caché sous un manteau. Retrouvez dans ce recueil de célèbres noms comme ceux de Louis Aragon, de Francis Ponge, de Robert Desnos, d'Edith Thomas et beaucoup d'autres. A l'occasion du 70e anniversaire de la Libération et de La victoire sur le nazisme, les éditions @letempsdescerisesediteurs et @printempsdespoetes ont réédité ce magnifique recueil, pièce unique de notre histoire.



✍Mon avis ✍ :



Ce recueil entre les mains, j'ai pu redécouvrir une part sinistre de notre histoire : L'occupation et l'opposition entre Résistance et Collaboration. Ici, sous pseudonymes, les poètes prennent la parole pour dénoncer, témoigner et prononcer les mots interdits. L'honneur des poètes est le retour de la voix, celle qui dénonce les atrocités pour conserver "l'honneur".



Les poèmes sont beaux, teintés d'émotions, ils contiennent une certaine force puisqu'ils ont été écrits dans un contexte particulier, à un moment de l'histoire où tenir et écrire de tels propos était passible de mort. Pourtant, tous et toutes, ont choisi de se lever pour dénoncer la violence.



Encore aujourd'hui, ce recueil devrait passer entre toutes les mains. Aujourd'hui, il peut être en librairie et circuler librement, l'avoir ainsi, simplement, c'est se souvenir qu'il y a moins de cent ans cela était impossible et que certains, risquant leurs vies, ont pris la parole courageusement.
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