"Lettre au pdg de l'usine"
Cher enfoiré
Depuis un an que tu m'as larguée, je ne peux t'oublier, toi mon cher pdg.Tant d'amour pendant vingt ans pour au final me laisser tomber, moi, petite Française disciplinée asservie à ta cause, au profit d'une petite Turque pour laquelle tu seras inévitablement le messie.
(...)
Je ne te remercierai jamais assez de m'avoir fait connaître ces merveilleux endroits si fréquentés et de surcroît gratuits que sont l'ANPE et l'ASSEDIC. Le personnel y est charmant, très compétent et surtout disponible.Je m'étais dit que j'irais peut-être un jour, si l'occasion se présentait.Eh bien, grâce à toi, c'est fait plus tôt que prévu.Mes mains te remercient également, elles toujours si bleues, c'était lassant, maintenant elles sont devenues noires à force de consulter les petites annonces. Histoire de rompre la monotonie."
Avant c'était marche ou crève, maintenant j'ai le temps de philosopher comme les intellos.
Qu'est-ce qu'on va faire? Comment va-t-on s'en sortir? La maison à payer"
Je pensais à cet atelier, plus de bruits, plus de rires, plus de larmes, plus rien, plus rien n'en sortira, même plus une mouche voler, plus rien, que le vide, que le silence, silence complet"
L'annonce à la télé de la fermeture de l'usine à 19h10 me fit froid dans le dos"p91