Ce recueil est d'abord d'un grand courage pour l'éditeur : il publie des poèmes, et des poèmes d'inconnus...D'après ce que j'ai compris, c'est une des pires gageures sur le terrain de l'édition.
Ces inconnus sont des lycéens, français ou étrangers, mais francophones, de filières générales ou professionnelles, et quelques étudiants. Ils ont été primés par le jury de "Poésie en liberté", dans différentes catégories : seconde, première, terminale, médaille d'or, argent etc...
C'est difficile de faire la critique d'un recueil de poésie, et encore plus quand il n'a pas de fil directeur ni d'autre unité que d'être un concours, cependant j'ai trouvé l'ouvrage globalement remarquable.
Remarquable l'idée du concours, remarquable la publication, remarquable l'objet-livre, rouge et crème, et remarquables les textes.
Les textes, parlons-en. La poésie, c'est à la fois le genre littéraire le plus abordable et le plus inaccessible. Abordable car on peut y créer un chef d'oeuvre de quelques lignes, et inaccessible car il n' y a aucune place pour l'erreur. Un mot de travers, et tout s'effondre. Les jeunes poètes primés ont produit, il me semble, quelques chefs d'oeuvre, dont on espère que le temps ne les balaiera pas, car c'est facile de balayer quelques lignes fragiles.
Les thèmes sont éternels, il s'agit surtout de poésie lyrique, mais la forme et le langage sont contemporains.
Pour faire admirer le talent des auteurs,je ne peux que citer ce qui m'a le plus frappée :
L'âtre de l'humanité, Elisabeth Chouinard, Canada :
"...
Qui es-tu ?
Le tueur de l'humanité ?
L'amateur de volupté?
L'ami des démunis ?
L'ennemi des esprits ?
...
Ne me reconnais-tu pas ?
Demanda le souverain de la braise
Dieu, sans hésitation, le tout nia
Jamais pareille cruauté il n'avait su créer
Alors, le roi des flammes
Prit une brève inspiration
Et répondit à Dieu
D'une voix grave et sans pitié
"Je ne suis que l'homme"
Marion Hanat, L'Arbre inestimable :
"Traversant le temps, perçant le vent, luttant contre l'abîme (Waouh le vers ! note d'Agathe)
Enchaîné à la terre, enchaîné à la vie ... (10 vers)
Je suis le chêne centenaire jamais abattu"
Luc Manene, Tu veilles :
"Tu veilles l'empreinte des signes
Ce tendre passé et futur fertile..."
Hortense Brintet, la chasse des dieux :
(Mon préféré avec sa double lecture, un troisième prix que j'aurais mis premier, moi)
Vêtu d'une toison, un grand arc à la main
Son carquois de bois noir, flottant sur son dos nu
Suivi par Artémis, jeune fille ingénue
Apollon malicieux, chasse au petit matin.
Fuyez, lièvres furtifs, et tremblez, geais moqueurs
Ceux que vous observez, au creux de vos abris
Et que vous gratifiez, d'un regard de mépris
Vous abattrons bien vite une flèche en plein coeur.
Ces enfants qui cavalent , troublant votre repos
Si simplement vêtus, de tuniques de peau
Briseront vos échines, vous tuerons de sang-froid
Vous dont la douce vie, de paix était un havre
Quittez donc vos terriers, allez vers d'autres bois,
Ou vous serez réduits, à l'état de cadavre."
J'en passe et des meilleurs.
Je remercie énormément Masse critique et les éditions Bruno Doucey pour ce très beau cadeau et vous incite, si vous en avez le goût, à lire de la poésie contemporaine, pour qu'elle soit publiée !
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Je remercie Babelio - via sa Masse Critique - et les Editions Bruno Doucey de m'avoir fait parvenir ce recueil de poésie.
Vraiment, je ne regrette pas le détour. Ce livre nous fait partager les mots et les rimes, tous genres confondus, de différents jeunes (de 15 à 25 ans) à travers les continents et s'articule en chapitres (premiers prix - deuxièmes prix - troisièmes prix - prix spéciaux et anthologie, autres poèmes).
Certes, le fait de devoir écrire mon billet en 30 jours m'a obligée à dévorer les textes à un rythme effréné, ceci gâchant parfois mon plaisir (mais, n'ayez crainte, je vais laisser traîner le livre à portée de mains afin de pouvoir me replonger dans l'un ou l'autre texte) mais, de manière générale, j'ai été agréablement surprise et prise par la magie de certains textes.
Si je ne devais qu'en retenir deux, ce seront deux premiers prix: "Corps perdu" de Sophie Guth (que j'ai trouvé tragique, dramatique, tellement vivant et triste avec une note finale d'espoir) et "Salut à toi" de Sébastien Mannheim (que j'ai trouvé si "romantique" tel un poème du temps jadis).
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