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Citation de Nastasia-B


— En ce cas, reçois ce qui te revient…
Et ayant prononcé ces mots, le fauve leva sa patte griffue et en frappa la jeune fille. Mais celle-ci, lui arrachant l'un des poils de sa crinière, transforma ce dernier en sabre effilé à l'aide d'une incantation de sa façon, et en frappa de toutes ses forces l'animal qu'elle trancha par le milieu en deux moitiés qui s'envolèrent chacune de son côté. La tête du monstre retomba alors sur le sol et devint scorpion, tandis que la donzelle, de son côté, se métamorphosait en un serpent gigantesque. Après une heure de combat, le scorpion se changea en vautour et s'enfuit du palais par la voie des airs, bientôt poursuivi par le serpent transformé pour l'occasion en orfraie. Tous deux disparurent un long moment à nos yeux, puis reparurent, surgis de la terre qui venait de s'ouvrir brusquement devant nous, sous l'aspect d'un chat à robe bigarrée qui miaulait, râlait et crachait à faire peur, talonné de près par un loup qui lui donna la chasse une bonne heure de temps d'une salle à l'autre du palais. Le loup vainquit le chat qui poussa un long miaulement et devint ver de terre, lequel rampa jusqu'au bord du bassin où se trouvait une grenade à l'intérieur de laquelle il se glissa. La grenade se mit aussitôt à grossir et grossir jusqu'à atteindre la taille d'un melon aux tranches bien renflées, mais le loup, ayant pris cette fois la forme d'un coq, fondait déjà sur elle. On vit alors le fruit s'élever dans les airs et tourner tout autour de la salle, pour retomber à la fin sur le dallage de marbre en laissant échapper une multitude de graines qui s'éparpillèrent sur le sol.
Le coq se précipita sur les graines et se mit à les picorer l'une après l'autre, mais il ne put avaler la dernière qui avait chu dans le bassin. On le vit alors crier jusqu'à s'égosiller, tout en battant des ailes et en nous faisant force signes de son bec, voulant nous signifier par là que nous eussions à chercher avec lui le pépin de grenade qu'il n'avait pas réussi à trouver. Comme nous ne comprenions pas son langage, il poussa un cri si terrible qu'il nous sembla un instant que le palais allait s'écrouler sur nos têtes ; puis, regardant plus attentivement autour de lui, il aperçut le pépin qui s'était réfugié contre la paroi de la pièce d'eau. Il se précipita dessus tout joyeux et allait s'en emparer quand ledit pépin se laissa glisser dans le courant, se changea en poisson et s'enfonça dans la profondeur des eaux. Ce que voyant, le coq à son tour devint poisson, mais de plus grande taille que son compère, et plongea à sa suite…

4. LE PORTEFAIX ET LES DAMES, Histoire du deuxième derviche qalandar.
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