AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Oriol (125)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La peau de l'ours, tome 2

Par une belle journée, toute la petite famille pique-nique tranquillement près de la rivière. Un déjeuner sur l'herbe qui vire au tragique... Deux hommes débarquent brusquement et collent une balle en pleine tête dans le père d'Andrea. L'un d'eux viole sa mère, obligeant le jeune garçon à regarder. Cette dernière, traumatisée et blessée, se lève gentiment avant d'aller se jeter du haut de la falaise. Pour éviter qu'Andrea ne s'en prennent à eux, les deux meurtriers l'enferment dans le coffre de la voiture et appellent leur patron, Orso. Visiblement déçu de la tournure des événements, se plaignant d'avoir deux cadavres sur les bras, il abat froidement ses hommes de main avant de délivrer Andrea du coffre qui, aussitôt, le remercie d'avoir vengé ses parents. Orso ne dément pas et décide d'emmener le jeune garçon chez lui. Présenté à sa femme, sa fille et son fils, Andrea tombe aussitôt amoureux de ce dernier...



Huit ans après le premier volet de La peau de l'ours, Zidrou et Oriol reviennent (enfin !) nous offrir le second épisode qui peut tout à fait se lire indépendamment. L'on fait ici connaissance avec Andrea qui, à bientôt 16 ans, va être "adopté" par Orso, un des pires mafieux criminels que connait l'Italie des années 30. En père de substitution affectueux, il veut parfaire son éducation. Mais Andrea tombe sous le charme d'Aurelio. Une relation, interdite selon les mœurs de l'époque, qui sera au cœur d'une vengeance implacable. Zidrou nous plonge dans un récit sans concession, cynique, tragique mais, à la fois, cruel et beau. La narration, en la personne d'Andreo, se révèle émouvante. Les personnages, quant à eux, sont d'une force rare, tantôt pervers, tantôt menteurs, tantôt ardents. Si le travail d'Oriol peut surprendre de par ses lignes anguleuses, son trait brut et charbonneux, ses couleurs vives en aplats, il montre parfaitement la colère, la douceur et la tension latente.

Une cruelle et magnifique histoire d'amour...



Commenter  J’apprécie          520
Les 3 Fruits

En quarante ans de règne, le roi avait apporté paix et sérénité à son royaume. Il avait fait un mariage heureux, avait eu quatre beaux enfants, trois garçons et une fille, et il était aimé de son peuple. Mais voilà qu'arrivé au terme de sa vie, il avait peur de mourir. Aucune parole ne l'apaisait. Alors, suivant les conseils de son fou, il fit venir en son royaume les trois plus grands savants à qui il posa la même question: "Que dois-je faire pour ne pas mourir?". Question à laquelle les trois hommes ne surent répondre et qui connurent alors le même sort: la décapitation. Fou de rage, il en vint même à tuer son fou. C'est alors qu'un mage, aux traits fins et nez tranchant, deux pépites qui vous brûlaient, se présenta à lui et lui promit une vie éternelle en échange de la main de la princesse. le marché fut conclu et le mage dit alors au roi que, pour accéder à la vie éternelle, il devait manger la chair de son plus valeureux fils...



Zidrou nous propose un conte à la fois cruel et touchant. Pour devenir éternel, le roi doit sacrifier l'un de ses enfants. Lequel sera le plus valeureux, sachant, évidemment, qu'aucun ne connaît le but ultime de leur quête? le scénario ne manque pas de rebondissements et surprend finalement une fois la dernière page tournée. L'auteur pose un regard acerbe sur notre société, notamment la place de la femme. le dessin et les couleurs de Oriol siéent parfaitement à ce récit profondément noir: des formes allongées, un trait parfois esquissé ou vaporeux, des jeux d'ombre et de lumière inquiétants et des couleurs sombres et glaciales. Seule lumière parmi cette noirceur: les femmes.

Sous ces faux airs de conte pour enfants, un album remarquable...
Commenter  J’apprécie          450
La peau de l'ours, tome 2

Ce tome 2 n’est pas une suite du 1. Le point commun sont les auteurs et le ton entre tendresse et violence. Violence surtout au début quand les parents d’Andrea meurent sous ses yeux. Il sera recueilli par un mafieux qui lui présente sa famille. C’est le coup de foudre à l’apparition de son fils, tandis que sa fille kiffe sur lui. S’annonce un chassé-croisé... Encore mieux que le tome 1 et toujours les magnifiques traits et couleurs de Oriol. Tendre et cruel !
Commenter  J’apprécie          340
La peau de l'ours

Amadeo est un jeune garçon serviable et sympathique. Tous les matins, il enfourche son vélo et va rendre visite à Don Palermo, sur l'île de Lipari, afin de lui tenir compagnie et surtout lui lire les pages de l'horoscope, à la rubrique Amours. Car, ce vieil homme attend inlassablement depuis des années un message codé de son amour de jeunesse, la jolie Mietta. Ayant ainsi attisé la curiosité du jeune garçon, Don Palermo lui raconte son histoire... Il travaillait dans un cirque, avec ses parents, en tant que montreur d'ours. Lors d'une représentation faite à la demande de Don Pomodoro, parrain de la mafia, celui-ci ne trouve rien de mieux à faire que de tuer l'ours, parce qu'il ne l'avait jamais fait. Un peu par lâcheté devant le flingue pointé sur lui et parce qu'il nourrit sa vengeance secrète, Don Palermo se met au service du mafieux. Il fait ainsi la rencontre de sa petite-fille, Mietta, qui vient lui lire Les raisins de la colère alors qu'il est dans son bain. Une habitude qu'elle prendra tous les jours, au risque d'être aperçue par son grand-père...



Zidrou nous livre un voyage dans le temps et l'espace. De l'Italie chaude d'aujourd'hui à l'Amérique profonde des années 30, on suit avec intérêt l'extraordinaire aventure de Don Palermo. Entre histoire d'amour, de mafia, de crime et de vengeance, on retrouve tous les ingrédients pour faire un album à la fois touchant et cruel, tendre et violent. Alternant les flashbacks et le récit de sa vie, le vieil homme captive et fascine. Avec un scénario subtil, cynique et prenant, et aux répliques accrocheuses, Zidrou sait une fois de plus se renouveler et nous surprendre. Le dessin d'Oriol anguleux, original et parfois terrifiant, en la personne de Don Pomodoro notamment, sert à merveille ce destin sombre, malgré l'omniprésence d'un rouge lumineux.



La peau de l'ours... il ne fallait pas le tuer...
Commenter  J’apprécie          342
La peau de l'ours

Un ado, sur une île sicilienne, vient lire l’horoscope du journal à un vieil aveugle qui est en attente d’un message. Chaque jour il va lui raconter un peu de son passé en Amérique quand il travaillait avec un ours dans un cirque et comment il s’est retrouvé à vivre chez un mafieux et sa petite-fille qui lui lisait Les raisins de la colère dans la baignoire. Mais pourquoi ce lamentable texte au quatrième de couverture ?

En surface mafia, violence, sang, duperie. Au cœur amour et tendresse. Un mixage de tous ces ingrédients en fait un met agréable à déguster.
Commenter  J’apprécie          300
Les 3 Fruits

J'avais découvert le duo Zidrou / Oriol avec Natures Mortes que j'ai lu il y a trois ans. L'histoire des Trois Fruits est très différente puisque cette fois les deux auteurs s'essaient au conte avec un récit sur le thème de la mort, à commencer par la peur de la mort du roi qui provoquera tout le reste.



La trame est assez classique, respectant les codes du genre : un pacte avec un sorcier, trois princes à départager par des épreuves, des motifs qui se répètent, une princesse à sauver, etc.

C'est bien imaginé, mais les auteurs ont choisi d'en faire un conte macabre, où la cruauté et les morts violentes sont omniprésentes. Cette impression lugubre est renforcée par les dessins sombres, les couleurs froides (sauf pour les femmes), les traits étirés des personnages,...



C'est trop sombre à mon goût, en dépit du dénouement non dénué d'ironie.

Commenter  J’apprécie          280
La peau de l'ours

La peau de l’Ours - Oriol (Espagnol, 84) & Zidrou (Belgique, 62) – 2012 – ed. Dargaud

On découvre une œuvre profondément Désabusée, a ne pas mettre entre des mains adolescentes sous peine de risques de dépression aha…

Addictif, ça c’est la moindre des choses qu’on peut l’accorder à cette BD, qui se lit très agréablement en un instant…

Tout est permit, ce qui est à la fois beau et moche, comme une partie avec des Cheat Codes..

Les dessins vachement laid et creepy, en mode fluide glacial, limite. Ca donne un style particulier.

Deux façons de payer. Une avec son gun…

Le héros rencontre une très belle femme et l’honore (vieille expression, désolé !) sur la peau de l’ours.

Les vieillards peuvent parfois être les plus opiniâtres.

Une histoire à Lire à l’envers…

Amusez-vous bien mes poussins.

Phoenix

++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
Commenter  J’apprécie          212
Natures mortes

Vidal Balaguer est un peintre endetté jusque cou mais il n'arrive plus à peindre autre chose que des commandes, des natures mortes avec des saucisses, des oranges ou du fromage pour la plupart. Ses confrères s'inquiètent mais il lui manque une muse pour peindre. Sa muse. Mar. Il l'aimait, elle a disparu.



Zidrou et Oriol nous offrent un joli roman graphique sur ce peintre totalement inconnu. La petite biographie à la fin de l'ouvrage nous apprend qu'il a disparu sans laisser de trace ou presque puisque seules 11 de ses toiles lui ont survécu.

C'est donc une biographie très romancée de ce peintre espagnol, considéré comme un prodige en cette fin de 19ème siècle mais totalement oublié depuis, que nous avons entre les mains. J'ai trouvé la narration très douce, simple, souvent poétique parfois drôle. C'est une des grande qualité des ouvrages de Zidrou. Là j'ai eu un peu plus de mal sur la part un peu fantastique donné comme explication à la disparition du peintre et de sa muse, mais elle a, elle aussi, ce petit coté poétique et imaginaire qui colle finalement pas si mal au récit.



L'ouvrage est très beau. Une couverture effet tissu reproduisant une toile de Vidal Balaguer, la fameuse "mujer del manton" qui a un rôle central dans l'histoire. Pour ce qui est du dessin, j'ai eu un peu de mal. Je trouvais les personnages trop figés et statiques, leurs traits pas assez fins et gracieux. Tout comme j'ai eu du mal avec la colorisation, association de couleurs primaires trop tranchées. Mais je leur reconnais une qualité essentielle, c'est que ces illustrations nous plongent totalement dans l'univers de ce peintre catalan. On se croirait en train de se mouvoir à l'intérieur d'un tableau, d'une de ses natures mortes. C'est donc un bon point, et surement le but des auteurs.
Commenter  J’apprécie          212
Natures mortes

Le dessin de couverture est magnifique avec cette femme qui pose nue, un livre entre les mains. Grâce à Zidrou nous faisons connaissance de Vidal Balaguer, peintre catalan dont la disparition reste un mystère. Il sera accusé d’assassinat. En effet, tous les gens qui gravitent autour de lui disparaissent. Une BD très colorée qui donne envie d’en savoir plus.
Commenter  J’apprécie          194
Natures mortes

Barcelone, fin 19e siècle. La ville est un berceau de l’art contemporain, elle est en effervescence. Balaguer est sans doute le peintre le plus doué de la ville. Seulement, il refuse de vendre ses toiles et est criblé de dette. Depuis quelques temps, il pleure sa muse, la jolie Mar disparue mystérieusement. Or, après avoir peint un portrait d’une défunte, la personne décédée s’est aussi volatilisée. Un inspecteur de police soupçonne Balaguer d’être responsable de la disparition du modèle et peut-être de son assassinat…

Voilà une bande dessinée originale. Les cases sembles être chacune une peinture, comme pour mieux coller au thème. La peinture est mise en valeur. Autant par l’image que par le scénario. Belle cohérence entre les deux. L’émotion est présente, palpable, l’époque est merveilleusement rendue. Le scénario est costaud. Pour un peu, on croirait l’histoire vraie. Pourtant, une belle part de mystère réserve une surprise au lecteur. Un bon moment de lecture, autant pour le trait que pour le scénario. Un bon roman graphique à découvrir.

Commenter  J’apprécie          190
Natures mortes

Vidal Balaguer, illustre inconnu de ma petite personne mais je découvre que je ne suis pas la seule à la lecture de cette bd.Personnage enigmatique dont les oeuvres disparaissent tout comme lui...et sa muse adorée, Mar Noguera Monzo..Il reste peu de toile de ce peintre catalan des années 1890 ,leur découverte me fait vraiment regretté le peu d'oeuvres qu'il nous a léguées ! Il étai reconnu par ses pairs comme l'un des meilleurs d'entre eux.Oriol nous offre un graphisme magnifique aux couleurs chatoyantes,il me semble que ses dessins font partie de ceux qu'on désigne par "lignes claires".Je recommande cette lecture à tous ceux qui ne connaissent pas ce peintre car il mérite malgrè lui de rester dans les mémoires.
Commenter  J’apprécie          180
Natures mortes

Un bel hommage à ce peintre presque inconnu. Rien que la couverture effet toile qui est une peinture de Vidal Balaguer. Les dessins de cet album en est rempli. Les couleurs vives sont un ravissement pour les yeux. Certaines cases sont sublimes avec un style du peintre. Ce qui donne aussi des cases très inégales. Parfois manquant de netteté et de détails.

Il règne une ambiance un peu onirique. C'est doux, poétique, fantastique et parfois très terre à terre. On retrouve le mystère et les problèmes qui ont entouré cet artiste. On parcourt cette BD avec beaucoup de plaisir. J'aurais aimé que le côté fantastique soit un peu plus creusé. A croire que la BD était trop courte.

Un petit résumé sur Vidal Balaguer à la fin est très instructif et donne une autre vision au récit.
Commenter  J’apprécie          160
Les 3 Fruits

Deuxième collaboration entre Oriol et Zidrou, et cette fois-ci on est dans un conte, un peu à la Perrault ou Grimm, avec un vieux roi, conseillé par un être maléfique, 3 fils qui doivent réaliser un acte de bravoure, une fille face à son destin, et une femme un peu magicienne...

Le dessin d'Oriol est ici beaucoup moins ciselé que dans "La peau de l'ours", pas de cernes autour des personnages mais plutôt un "sfumato" et des couleurs diffuses. Les pages tdans les couleurs des vieilles peintures à l'huile de nos musées succèdent au pages au contrastes électriques et saturés. Les couleurs sont magnifiques et donnent à cette histoire une belle intensité.

L'histoire n'est pas d'une grande originalité mais plutôt faite à la manière de Perrault pour mettre en valeur le travail d'Oriol.

Regardez la couverture, elle est magnifique et rend bien compte de ce que l'on va trouver à l'intérieur.
Commenter  J’apprécie          140
Natures mortes

Un roman graphique dont le dessin de couverture nous donne à voir le talent de l'artiste Vidal Balaguer, peintre catalan maudit et torturé dont la disparition reste un mystère : suicide, changement d'identité ? est-ce suite aux accusations d' assassinat de sa maîtresse et muse ?

après son "départ" on ne retrouvera que 11 de ses tableaux supposant qu'il aurait détruit les autres ne voulant pas les vendre.

Une BD très colorée accompagnée de dialogues qui lèvent un peu le voile sur une portion de la vie de ce peintre qui rencontra Picasso dans sa prime jeunesse.
Commenter  J’apprécie          130
La peau de l'ours

Un album que l'auteur situe dans les années 30 aux Etats-Unis pour les débuts de montreur d'ours de celui qui se fera appelé Don Palermo après être passé dans les mains de Don Pomodoro ; mais aussi en Italie de nos jours pour connaître les souvenirs et la fin de l'histoire de Don Palermo.

Un mélange de mafia, de vengeance, de sang et d'amour tout au long de ce récit haut en couleur, surtout en rouge.

Commenter  J’apprécie          130
La peau de l'ours

Un vieil homme raconte sa vie à un jeune homme, le dessin est sec, les traits anguleux, les couleurs sont chaudes, entre Italie et Amérique, les contours tirent vers le brun et sont discrets, privilégiant les aplats de vert, d'ocre et de bleu, les images du passé tendent vers le couleurs sépia du temps qui passe, des année 30, et on découvre la vie de Don Palermo, pas très jolie, comment il est entré au service de Don Pomodoro. La violence est décrite avec beaucoup de flegme, de froideur et ce qui est beau fini tout de même par montrer timidement le bout de son nez.
Commenter  J’apprécie          131
Natures mortes

L'histoire m'a bien plu avec sa petite touche de surnaturel, mais un peu moins les dessins, avec le trait et les couleurs très marqués. J'ai aussi trouvé bien pensée l'idée de conclure le livre avec une vraie fausse biographie du peintre qui est le héros de l'histoire qu'on nous présente comme une histoire vraie.
Commenter  J’apprécie          120
Natures mortes

Ce tome comprend un récit complet, indépendant de tout autres. Il est initialement paru en 2017, écrit par Zidrou, dessiné et peint par Oriol. Ces 2 auteurs avaient déjà collaboré pour La peau de l'ours (2012) et Les 3 fruits (2015).



Sur le toit en tuiles d'une maison à Barcelone, Vidal Balaguer, un jeune peintre, discute avec une jeune femme nue sous son blouson. Ils parlent des muses. Ils finissent par faire l'amour sur le toit, sous le ciel étoilé. La scène suivante se déroule le 30 décembre 1939, dans l'atelier du peintre Joaquim Mir. Il est en train d'esquisser au crayon le sujet d'une toile. N'arrivant pas à dessiner à sa satisfaction, il indique au modèle de ce nu que la séance est terminée. S'étant rhabillée, la jeune femme observe l'un des tableaux accrochés au mur, signé Vidal Balaguer. La séance payée au modèle n'étant pas parvenue à son terme, le peintre propose à son modèle de lui raconter l'histoire de cette toile réalisée par Vidal Balaguer.



Joaquim Mir remonte au tournant du siècle, peu de temps avant 1900. Il se rappelle d'une exposition de toiles regroupant quelques-unes de ses œuvres et de ses amis artistes : Vidal Balaguer, Isidre Nonell, Ricard Canals et Ramón Pitchot. Il était allé chercher Vidal Balaguer, attablé au café, parce qu'Augusti Puig souhaitait acheter une de ses toiles, titrée La jeune femme au mantón. Balaguer avait fermement refusé, au point de la décrocher et de partir avec dans la rue. Il avait été rejoint par Mir, et ils avaient dû se cacher dans un recoin, pour ne pas être vus par Herzog, un usurier auquel Balaguer devait une certaine somme. Balaguer réussit à rentrer dans son appartement et atelier sans être vu. Il salue son canari Stradivarius en rentrant.



Lorsque le lecteur prend cette bande dessinée en main, il en apprécie la finition avec un matériau de couverture qui évoque la texture de la toile. Il admire (discrètement) cette belle femme, sa chevelure, ses courbes, et le rendu qui évoque ces caractéristiques, plus qu'il ne les décrit de manière photographique. Il déchiffre le titre du livre qu'elle tient à la main : Crime et châtiment (1866) de Fiodor Dostoïevski. Voilà une lecture qui s'annonce comme étant placée sous le signe de l'art pictural et de la littérature. En feuilletant rapidement l'ouvrage, le lecteur constate que chaque page semble avoir été peinte, comme autant de tableaux. Certaines cases font penser aux techniques picturales de Vincent van Gogh (19853-1890). Oriol ne se contente donc pas d'une approche descriptive, il intègre une dimension émotionnelle, rendant compte d'impressions, de ressentis.



Tout au long de ces pages, le lecteur peut relever les cases évoquant le métier de peintre, ou des hommages picturaux à cet art. Cela commence page 6 avec Joaquim Mir âgé entamant une esquisse pour sa prochaine œuvre. Il y a plusieurs tableaux dans son atelier, que le lecteur peut voir. Il a accroché des tableaux d'autres artistes aux murs de son appartement. Il y a bien sûr le tableau de Vidal Balaguer : La jeune femme au mantón. Le lecteur a droit à un aperçu de l'atelier de Balaguer, à la fois pendant la séance de pose de Mar, mais aussi plus tard quand il peint une nature morte. Il aperçoit plusieurs de ses toiles dont certaines font penser à des œuvres de Vincent van Gogh (1853-1890). S'il est un peu curieux, il peut trouver la biographie d'Isidre Nonell (1872-1911), celle de Ricard Canals (1876-1931) et de Ramón Pitchot (1871-1925), 3 peintres catalans membres du groupe du Safran. Le récit est donc bien enraciné dans le milieu artistique de l'époque. Le narrateur initial Joaquim Mir fut lui-même un peintre espagnol (1873-1940), représentant du post-modernisme. Il n'y a finalement que Vidal Balaguer qui soit un peintre fictif. Le lecteur est un peu surpris de découvrir un article qui lui soit consacré en fin de tome, avec la reproduction d'une partie de ses œuvres. Une petite vérification en ligne permet de comprendre qu'il s'agit d'un article réalisé pour promouvoir cette bande dessinée à l'occasion de sa sortie.



Dès qu'il plonge dans la lecture, le lecteur se retrouve totalement immergé dans un univers visuel très riche. Oriol met ses talents de peintre au service de l'histoire pour rendre compte de ses différentes saveurs. Il peut se montrer très descriptif : la vue sur les toits de Barcelone depuis le toit de l'atelier de Balaguer, le poêle à charbon de l'atelier de Joaquim Mir, l'aménagement un peu chargé de son salon (toiles au mur, tapis richement décoré, fauteuils confortables, table basse, carrelage, horloge comtoise), la Sagrada Familia en cours de construction, une vue en plongée de la foule venue admirer l'exposition de peinture, les façades d'immeubles barcelonais, l'intérieur bourgeois de l'appartement de l'usurier Herzog. Il croque les visages en fonction de la nature de la scène en y projetant également la personnalité de chacun : le visage un peu lunaire et blafard de Vidal Balaguer, parfois un peu vide, le visage à la peau tout aussi blanche de Mar, les visages plus marqués de l'inspecteur et de l'usurier comme si leur métier y avait laissé des traces.



En filigrane, le lecteur peut également noter quelques éléments attestant de l'époque à laquelle se passe le récit : essentiellement les tenues vestimentaires, mais aussi l'absence de technologie et de produits industriels de masse. De séquence en séquence, il observe les choix picturaux de mise en scène qui en racontent autant que les dialogues ou les gestes des personnages. Celle d'ouverture se déroule de nuit sur le toit d'un petit immeuble. Les personnages se détachent sur un ciel luminescent où scintillent des étoiles trop grosses. Il s'en dégage l'impression d'une féérie, rendant compte de la félicité éprouvée par les personnages. Page 6, 4 cases montrent la main de Joaquim Mir en train d'esquisser la silhouette nue de son modèle. Il se produit un effet de mise en abîme dans lequel les auteurs montrent un artiste entamer la création d'une image, incitant le lecteur à envisager la page qu'il lit de la même manière, comme la création finalisée des auteurs. Dans la page d'après une case montre le visage de Joaquim mir ressortant sur le fond coloré d'un de ses tableaux achevés, comme si les couleurs flamboyantes en arrière-plan rendaient compte de son état d'esprit agité.



En page 10, Joaquim Mir cite le nom de 3 artistes, alors que le modèle regarde leur toile accrochée au mur, et Oriol réalise 3 cases, à la manière des tableaux de Canals, Nonell et Pichot. Page 19, Malaguer rentre chez lui, et le lecteur voit l'intérieur de son appartement avant qu'il n'ouvre la porte, selon un angle de guingois évoquant celui retenu par Vincent van Gogh pour une de ses toiles. Pour des accessoires très concrets, le rendu du dessin donne l'impression que l'artiste les a réalisés à partir d'une photographie, ou même les a intégrés à l'infographie, par exemple la petite horloge de buffet dont s'empare Josefina, ou le motif de carrelage si distinctif de l'atelier de Balaguer. De scène en scène, le lecteur se rend compte que les murs de l'appartement de Balaguer et de son atelier changent de couleur. Le lecteur y voit une subjectivité qui rend compte de l'état d'esprit changeant de Balaguer, au gré des événements. Arrivé au dénouement, les cases deviennent plus épurées pour rendre compte du nouvel état d'esprit de Balaguer, après avoir pris sa décision et agi en conséquence.



De fait, dès la première page, le lecteur ressent la coordination étroite entre le dessinateur et le scénariste comme si cette histoire avait été réalisée par un unique créateur. Il apprécie la richesse picturale de l'ouvrage, apportant des informations visuelles pour une narration dense et diversifiée. La scène d'introduction présente un caractère un peu onirique, une forme d'échappée de la banalité du quotidien vers un monde plus sensuel, comme si Balaguer pouvait éprouver en cet instant l'émotion qu'il exprime au travers de ses toiles. Mar est sa muse. Les auteurs ne font apparaître Mar qu'à 4 reprises au cours de cette soixantaine de pages. À chaque fois, elle est nue, qu'elle soit en train de poser, ou juste après une séance de pose, avec ou non le mantón sur ses épaules. Elle ne dégage pas une forte personnalité, si ce n'est une forme de légèreté et le fait qu'elle lise Dostoïevski. Son corps dispose de rondeurs bien présentes, sans être exagérées, la rendant un peu gironde. Parmi les différents personnages, le lecteur constate qu'il apparaît 2 autres personnages féminins qui interagissent directement avec Vidal Balaguer : Josefina qui semble plus âgée que Balaguer et qui entretient son appartement et lui prépare à manger, et Melpomène une petite fille rencontrée dans un parc. Le prénom de cette dernière met la puce à l'oreille du lecteur : il s'agit de celui de la Muse du chant, de l'Harmonie musicale et de la Tragédie. Or Balaguer a également déclaré à Mar qu'elle est sa muse. En outre, un trio de femmes à différents âges de maturité (jeune fille, mère potentielle, et vieille femme) évoque les Érinyes, parfois appelées les Euménides, c’est-à-dire les Bienveillantes.



En commençant cette histoire, le lecteur ne sait pas a priori dans quel genre elle s'inscrit. Il découvre un peintre peu de temps avant le vingtième siècle qui entretient une relation charnelle avec son modèle, tout en sachant qu'elle exerce occasionnellement le métier de prostituée. Il découvre qu'il fait partie d'un cercle de peintres locaux et qu'il évite un créancier. Le lecteur peut alors penser à un drame naturaliste, dans la tradition des romans d'Émile Zola. Le cadrage de la narration par la discussion entre Joaquim Mir et son modèle des décennies plus tard apporte une touche de destin inéluctable à la narration puisque les événements sont déjà advenus. Cela renforce l'impression dans l'esprit du lecteur qu'il s'agit d'un drame. En cours de récit, apparaît un inspecteur qui est à la recherche de Mar qui a disparu. Le récit emprunte alors quelques conventions au genre policier pour une enquête menée en arrière-plan, comme si la justice des hommes était aux basques de l'artiste, prête à l'enfermer dans la réalité concrète et les lois des hommes. Le lecteur se doute aussi qu'il y a une forme d'histoire d'amour entre Balaguer et Mar, et entre Balaguer et son art. En outre, les auteurs ont soigné leur reconstitution historique et celle de Barcelone, avec de nombreuses références culturelles espagnoles : mantón, butifarra, la Sagrada Familia, cava, moscatel.



La somme de ces différentes composantes fait de cette bande dessinées l'équivalent d'un roman ambitieux et substantiel. En décrivant l'évolution de la situation de Vidal Balaguer avec autant de facettes, les auteurs prennent le risque de s'éparpiller. Mais en fait les images rappellent au lecteur que chaque séquence parle de l'art de Balaguer, de son rapport avec son art. Le lecteur apprécie de lire un récit avec du suspense : découvrir ce qui est arrivé à cet artiste. Il absorbe mécaniquement les références diverses et variées, culturelles et autres, en se laissant porter par l'enquête, la découverte des informations, et les ressentis de Balaguer. Il se demande comment ce dernier va se débarrasser de son usurier Herzog. Il peut s'en tenir là de sa lecture, et s'en trouver un peu déçu par un dénouement trop surnaturel. Il peut aussi prendre un peu de recul pour penser aux autres éléments contenus dans la narration.



Pour commencer, il y a cette couverture qui repose sur un oxymore hétérogène. La couverture est donc la reproduction du tableau qui est au centre du récit. Cependant il ne s'agit pas d'une nature morte, mais d'un nu, à partir d'un modèle bien vivant. En réalisant cette alliance de 2 éléments au sens contraire, les auteurs donnent déjà une indication sur le thème du récit, sur l'interprétation que fait l'artiste de la vie de certains personnages, alors que lui est vivant. En outre, le fait que Mar lise Crimes et Châtiments oriente l'a priori du lecteur sur le fait qu'il s'agit d'un drame. Les auteurs sous-entendent qu'il s'agit des Bienveillantes, sans jamais le rendre explicite. Elles personnifient une malédiction s'exerçant à l'encontre du personnage principal. À nouveau, la nature de cette malédiction n'est pas explicite, mais comme il est question d'art pictural tout au long du récit et de muse, le lecteur comprend que la malédiction qui pèse sur Balaguer est celle de l'artiste cherchant à exprimer un absolu intemporel, à créer quelque chose d'immanent, et que ce but est devenu sa raison d'être. Il est dans la recherche d'un absolu et il vit pour cet absolu. Ce thème est repris par Stradivarius, son canari. Les auteurs montrent un petit oiseau jaune prisonnier de sa cage et qui demande (page 46) si Balaguer ne ferme jamais la porte (dans une mise en scène très habile). Le sous-entendu est que l'artiste est prisonnier du monde matériel et qu'il cherche à ouvrir la porte de ce confinement par le biais de ses toiles, d'accéder à un état plus libre.



Au cours du récit, Josefina (la dame qui prend en charge les corvées matérielles de l'existence de Vidal Balaguer) finit par claquer la porte, en emportant avec elle la pendulette posée sur le manteau de cheminée. Il s'agit d'un acte banal dicté par le fait que Balaguer l'a traitée de voleuse et ne lui a pas payé ses gages depuis un certain temps. À la lumière des éléments précédents, le lecteur y voit aussi une métaphore de l'artiste libéré du temps, échappant à cette contrainte, à cette mesure. En prenant en compte ces métaphores, la fin du récit prend une toute autre dimension, et les 2 épilogues se comprennent comme un autre déroulement possible de la vie de l'artiste s'il avait pris une autre décision.



Cette bande dessinée est une réussite exceptionnelle, à la fois pour la richesse de ses images, pour la sensibilité de son scénario, et pour la synergie entre scénariste et dessinateur. Le lecteur plonge dans un drame, mais aussi une enquête, une reconstitution historique, et une quête existentielle, parfaitement intégrés les uns aux autres, qu'il s'agisse des scènes, des images, ou des dialogues.
Commenter  J’apprécie          120
Les 3 Fruits

C'est un conte qui fut assez agréable dans sa lecture malgré la cruauté de certaines situations. J'ai toujours aimé les intrigues de palais. La moralité est que l'on souhaite toujours avoir ce qu'on n'a pas. Même le roi ne peut être immortel à part peut-être la reine d'Angleterre. Le roi qui avait apporté paix et stabilité à son royaume durant les 40 dernières années passe un pacte avec le démon et s'enfonce tout doucement dans la folie.



Le récit est plutôt sombre avec des couleurs de circonstances. Les formes sont volontairement allongées. On est pris dans la tourmente de cette histoire. Zidrou est décidément un auteur qui arrive encore à nous surprendre dans un nouveau registre. Il s'en sort bien en respectant les codes du genre tout en apportant une touche personnelle. J'aime bien les contes adultes surtout lorsqu'ils sont réussis.
Commenter  J’apprécie          110
La peau de l'ours

Un vieil homme raconte sa jeunesse au sein de la mafia des années 30 à un jeune homme qui monte tous les jours lui lire son horoscope...

Une plongée dans la pègre de la haute époque à travers une histoire qui présente des passages vraiment bien pensés pour une histoire globale finalement peu originale.

Ca se laisse lire sans difficulté mais je ne suis pas certaine que cette lecture me laisse un souvenir impérissable, au contraire.

Le graphisme est assez sympa, stylisé et bien maitrisé, offrant une dimension différente à un récit violent et assez cru.
Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Oriol (394)Voir plus

Quiz Voir plus

Géographie diverse et variée

Quelle est la longueur totale du détroit de Magellan ?

98 km
248 km
611 km

12 questions
46 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}