Toujours efficace, mon père ! Il les a regardés gigoter quelques instants à ses pieds puis tout s'est arrêté. Du travail bien fait, comme d'habitude. Et puis il est entré dans l'église. Je me doutais bien de ce qui allait suivre. Mon père cherchant un cierge, l'allumant à la pensée de ma mère. Petite flamme du souvenir, elle était morte depuis huit ans ma mère. J'en avais douze à l'époque. Je ne me souvenais pas de grand-chose. C'est mieux sans doute. Les souvenirs, ça encombre. Je commençais à trouver le temps long. J'ai relevé la tête. J'aurais dû m'en douter. Mon père a hissé le drapeau. Où qu'il passe, il doit chanter la gloire de notre beau pays. Dieu est avec nous, ne l'oublions jamais.
Et frère Absalon, égaré par l'orgueil, abaissa le marteau sur la main qui s'était déposée sur le genou de Jessica, écrasant le ligament annulaire dorsal, broyant les os du métacarpe, et le long extenseur du pouce.
Elle est un piment rouge. Si tu la caresses, tes mains brûlent. Si tu l'embrasses, ta bouche est en feu. Et si tu l'aimes, tu ne seras que cendres.
Jessica Blandy, donc… Tout se trouve dans ce dossier, notre enquête s'est étalée sur plus de six mois. Certains témoignages se recoupent, d'autres ne mènent à rien. Il y a deux ans, miss Blandy a quitté New York. Elle était accompagnée de Gus Bomby, un ancien détective privé à qui on a retiré sa licence. Miss Blandy semblait souffrir de troubles psychiques assez graves qui nécessitaient une analyse suivie. Elle s'est adressée pour cela au docteur Bernardht qui possède un cabinet sur a cinquième avenue. Jusqu'au jour de son départ, elle s'y est rendue régulièrement, à raison de deux visites par semaine. Vous trouverez dans le dossier, les premiers entretiens de Bernardht avec sa patiente.
Non, justement, c'est ça qui t'a sauvé : tu es capable de reculer. C'est un signe d'intelligence. Les femmes connaissent ça très bien. C'est plus rare chez un mec. Il fonce d'abord, il réfléchit après, parce que réfléchir pour lui c'est s'adresser à ses deux couilles. Nous, tu vois, on n'en a pas. Ça nous laisse plus de possibilités. Pas besoin de jouer aux gros bras pour remporter la partie.
Car rien n'est simple avec vous. Vous attirez la violence. Le désir et la violence. C'est beaucoup.
La femme nommée Jessica Blandy s'est arrêtée ici, à Taxco. Elle était seule. Elle recherchait un gamin, un adolescent, Rafaele. Elle semblait assez désemparée, mais elle avait de l'argent. Et dans la région, avec de l'argent, on obtient souvent des résultats.
Je cherche Blandy. Je veux Blandy. Je veux ce qu'elle possède. Et ce qu'elle cache car elle en a peur. Moi, je n'aurai pas peur, car contrairement à elle, le monde m'obéit.
Anita Royola. C'est la fille du gouverneur Royola. Elle a passé toute son enfance dans un palais bourré de domestiques, de larbins. À sept ans déjà, aucun homme n'osait la regarder dans les yeux. Elle reçoit son premier fusil à douze ans. À treize ans, elle tire sur un de ses camarades de jeu. Mort accidentelle, dit-on dans la presse. Il y en aura d'autres, des morts accidentelles… À vingt ans, elle épouse l'industriel américain Dexton. Six mois plus tard, il se tue dans un accident de voiture. Sa veuve ne verse pas une larme mais elle hérite d'une fortune colossale qui lui permet de retaper le palais familial. Elle avait un frère, probablement le seul être humain auquel elle tenait. Mais il est mort dans des circonstances mystérieuses. Faut admettre qu'il était aussi taré qu'elle. Il se faisait appeler El Presidio. Un nain l'accompagnait dans ses déplacements. Il disparaissait parfois pendant des semaines sans qu'on sache trop ce qui l'occupait. Le sexe probablement. Certaines rumeurs prétendent qu'il a été poignardé par une prostituée. On n'a jamais retrouvé son corps.
Tu ne toucheras pas celui ou celle qui se trouve sous le regard de Dieu. Malheur à ceux qui souilleront l'agneau du Seigneur.