D'après mes observations en Grèce, les chats libres choisissent la vie en tribu. Le groupe permet à l'individu d'être avec les autres ou de s'isoler, selon son désir du moment. Un comportement qui ressemble à celui de l'homme.
Un peu de paille, de la boue séchée, quelques brins de ficelle, de la peinture et de vieux tissus, voici les ingrédients pour fabriquer un épouvantail. Avec la machette comme unique outil, le tout est assemblé selon la créativité de son auteur.
Pour le photographe animalier plus que pour tout autre, la morale de la fable s'impose: patience et longueur de temps.Il n'est pas absurde d'en déduire qu'on ne peut gagner sa vie ainsi.
D'Addis-Abeba, il faut compter trois jours en 4x4. D'abord la route, puis les pistes, de plus en plus difficiles, les chemins défoncés, où l'on s'embourbe à la saison des pluies. Bientôt, les véhicules ne passent plus. On continue à pied. Ce périple, entre 2002 et 2014, je l'ai accompli à trente-trois reprises, à la rencontre des tribus de la vallée de l'Omo, afin de rester dans leur territoire, chaque fois, trois à quatre semaines. (...) Mes cheveux blancs m'ont permis de m'adresser aux anciens de la tribu, qui m'ont écouté, jaugé, et ont admis ma présence. Mis en confiance, les Suri en sont venus à m'accepter comme un familier. Ainsi ai-je pu photographier au quotidien la vie des garçons du clan, gardiens de troupeau dès leur plus jeune âge. Au fil des ans, je les ai vus grandir au milieu des bovins. Ils se sont habitués à moi, ils m'ont fait bon accueil.
Le bruit et la fureur du monde semble avoir encore épargné cette région d'Afrique, aux confins de l'Ethiopie et du Soudan. (...)
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« Que ces images vous incitent à la contemplation patiente de ces princes. »