Andromaque (à Ménélas)
Ah ! Quelle torture est la mienne !
Hélas, ma pauvre patrie, quelles atrocités me sont infligées ! Pourquoi me fallut-il être encore mère, ajoutant à mon malheur un double malheur pour m’écraser ?….Mais pourquoi me lamenter ainsi ?
Il n’est que de dresser, avec une sèche lucidité, le compte de mes misères : j’ai vu l’égorgement d’Hector traîné au galop d’un char, la désolation de Troie, incendiée. Moi-même, devenue esclave, j’ai été traînée par les cheveux jusqu’aux vaisseaux grecs. Arrivée à Phitie le meurtrier d’Hector m’a prise pour concubine...
Me reste t-il la moindre joie de vivre ? Ce ne sont que calamités. Un fils m’était laissé, prunelle de ma vie ? Non je ne le permettrai pas. Il porte en lui-même une espérance, s’il est sauvé. Et moi quelle honte si je me refuse à mourir pour mon enfant.
(p. 972 Andromaque-Euripide)