Je lis une pièce de temps en temps, entre deux énormes romans.
Donc à quand une critique complète? dans vingt ans??
Une critique sur l'objet cependant: pour le prix on aurait pu faire un effort; les pages sont ultra fines, la fonte très petite. il manque une bonne carte de la Grèce antique pour repérer les lieux.
Pour le fond, de ce que j'ai lu pour l'instant je trouve le sens tragique des Anciens très aiguisé, probablement plus que celui des auteurs français du 17e siècle. On se régale.
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Talthybios
Alors, en saisissant la poignée la poignée plaquée d’or de son glaive, il dégaine, aux jeunes officiers choisis à cette fin fait signe de saisir la jeune fille...
Et elle, en comprenant ce geste, elle affirme très haut :
« Ô Grecs, vous qui venez de ravager ma ville, je meurs de mon plein gré : qu’on ne me touche pas ! »
« Je vais offrir ma gorge avec vaillance. Et vous, au nom du Ciel, laissez mon corps, en le tuant, libre-pour que je puisse mourir en âme libre !
Chez les morts, faire dire que j’étais une esclave, moi qui suis une reine ? Quelle honte pour moi ! »
Tous nos gens l’acclamèrent, et les garçons reçurent du roi Agamemnon l’ordre de la laisser. Alors, la jeune fille, dès qu’elle eut entendu ce mot du chef suprême, saisissant sa tunique, la déchira depuis la hauteur de l’épaule jusqu’à la taille, au creux du nombril, dénudant sa poitrine de marbre et ses seins de déesse, si beaux…
Et fléchissant le genou vers le sol, elle eut ces mots de fermeté sereine :
" Regarde jeune prince : si c’est à la poitrine que tu tiens à frapper, frappe donc, la voici. Si c’est sous le menton, fais selon ton désir : vois mon cou, il est prêt. »
(p. 1 026-Hécube Euripide)
Andromaque (à Ménélas)
Ah ! Quelle torture est la mienne !
Hélas, ma pauvre patrie, quelles atrocités me sont infligées ! Pourquoi me fallut-il être encore mère, ajoutant à mon malheur un double malheur pour m’écraser ?….Mais pourquoi me lamenter ainsi ?
Il n’est que de dresser, avec une sèche lucidité, le compte de mes misères : j’ai vu l’égorgement d’Hector traîné au galop d’un char, la désolation de Troie, incendiée. Moi-même, devenue esclave, j’ai été traînée par les cheveux jusqu’aux vaisseaux grecs. Arrivée à Phitie le meurtrier d’Hector m’a prise pour concubine...
Me reste t-il la moindre joie de vivre ? Ce ne sont que calamités. Un fils m’était laissé, prunelle de ma vie ? Non je ne le permettrai pas. Il porte en lui-même une espérance, s’il est sauvé. Et moi quelle honte si je me refuse à mourir pour mon enfant.
(p. 972 Andromaque-Euripide)
Médée d'Euripide
“Médée: Jamais un père s’il a du discernement, ne devrait enseigner à ses enfants un trop vaste savoir. Car, outre le nom de fainéants qu’on leur applique, ils y gagnent la jalousie et la malveillance de leurs concitoyens. Apportez-vous à des butors quelque savoir inédit, ils verront en vous un bon à rien, et non pas un savant. Si en revanche vous faites admettre votre supériorité sur ceux qui passent pour doctes et subtils, on verra en vous un gêneur dans la cité! Et tel est bien le sort que j’ai moi-même en partage: mon savoir suscite la jalousie des uns, le scandale chez les autres, et pourtant il ne va pas bien loin, mon savoir!”
L’âme des dieux que rien de fait ployer,
tu la régis, Cypris, et celle des humains-
toi, et Celui dont l’aile diaprée
les enveloppe en son vol si rapide :
au-dessus de la terre
et des flots en rumeur de l‘étendue salée
il voltige, l’Amour !
Il fascine les coeurs et les met en folie
fondant sur eux à tire d’aile, radieux et doré !
Toutes créatures qui naissent
dans les monts, dans les mers,
et tout ce que nourrit la terre,
tout ce qui vit sous l’oeil embrasé du soleil,
et les hommes ! ...Sur tous ces êtres
c’est toi Cypris, toi seule qui étends
ta souveraineté royale.
(p. 940 Hippolyte-Euripide)
Le choeur
Je pleure mes enfants, je pleure mes aïeux,
et mon pays natal, qui croule
parmi les tourbillons de fumée, sous la lance
de ces Grecs qui l’ont conquis !
Et le nom que l’on me donne
à moi, c’est celui d’esclave
sur une terre étrangère.
J’ai laissé derrière moi-même mon Asie-et le séjour
que je trouve, en échange, aux rives de l’Europe,
ce sont déjà pour moi les alcôves d’Enfer !
(p. 1 024-Hécube Euripide)
SOPHOCLE — Entretien sur 'Antigone' avec les Bollack (France Culture, 2005)
L'émission "Tire ta langue", par Antoine Perraud, diffusée le 25 janvier 2005 sur France Culture. Présence : Mayotte et Jean Bollack.