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Citation de SZRAMOWO


Le rose et le vert

Un jour que Madame Wanghen prenait du thé chez son neveu Wilhelm, c'était la seule maison où le deuil de ces dames leur permît de paraître, elle dit que sa santé l’obligeait à prendre les eaux de Cheltenham en Angleterre. On fut peu étonné de cette résolution. Pierre Wanghen était à la veille de faire le voyage d’Angleterre avec sa femme et sa fille, lorsqu’il avait été enlevé par une mort prématurée [10].

Madame Wanghen ajouta qu’après un séjour de quelques mois en ce pays elle songerait à revenir à Kœnigsberg, peut-être en passant par Paris.

Les jeunes beaux et le général von Landek parurent atterrés de cette phrase qui avait tout l’air d’une déclaration officielle. Deux des plus hardis osèrent bien dire qu’eux aussi devaient aller en Angleterre pour voir les courses et acheter des chevaux.

Quelques jours après, Mina et sa mère partirent pour Londres, mais arrivées à Hambourg, elles trouvèrent qu’un si long trajet de mer était impossible et prirent bravement la poste pour Calais, c'est-à-dire pour Paris.

Le banquier hambourgeois, correspondant de la maison Wanghen, avait la plus haute considération pour la veuve de Pierre Wanghen et surtout pour une fille dont la dot montait à sept millions. Voyant les dames Wanghen déterminées à aller passer trois mois à Paris, il leur procura d’excellentes lettres de recommandation. M. le chargé d’affaires de France à Berlin, fort lié avec le banquier de Hambourg, recommanda ces dames à sa famille et même au Ministre des Affaires Étrangères.

Pour débuter sur un bon pied auprès de la Banque de Paris, Madame Wanghen prit un crédit de 100.000 francs par mois. [11] C'était bien l’Allemande la plus gaie et la meilleure, mais elle savait l’art de se faire bien venir.

— Nous allons donc voir cette jolie France, maman, s'écriait Mina, ivre de joie. À Paris, nous serons comme tout le monde, en Prusse nous n'aurions jamais été que des êtres inférieurs : la femme et la fille d’un marchand !
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