Visage levé, je murmurais
sans fin ces mots "moi, lui ",
qui réveillèrent le sans visage,
affolèrent d'amour le donneur.
Il m'offrit en charité
sa connaissance de soi et son être.
Me voici dans sa nature immergé,
seuls nos noms maintenant diffèrent.
J'ai laissé choir le vase
des désirs bons et mauvais,
j'ai quitté la ronde hurlante
de mes trois puissances.
Alors, j'ai reçu assurance
de ne jamais plus mendier :
la vingt-cinquième heure est venue
qui combla tous mes souhaits.
Ces deux mots sont une source
de bénédictions multiples :
je les donnerai à mon tour
à qui viendra trouver.
Ces deux mots sont la route
qui toujours conduisit les saints
Ils sont sauvés, sauvés,
et tant d'autres par cette foi.
Ma lampe est allumée.
Jour et nuit, je veille la route.
Mon cœur flambe d'impatience.
Ah, te voir!
Ecoute, ô mon frère :
Le Gange n’est pas eau,
la mer n’est pas ruisseau,
n’appelle pas le linga une pierre
les saints ne sont pas hommes du commun,
ne nomme pas gourdin, le bâton du pèlerin,
ni nourriture son offrande,
les saintes syllabes « Ram, Râm » ne sont pas des mots.
Lune et soleil ne sont pas astres,
le Mérou n’est pas montagne,
le taureau de Shiva n’est pas bétail,
L’or n’est pas métal, ni le sel minerai,
les perles ne sont pas joyaux
ni les diamants cailloux,
l’âme n’est pas un hôte qu’on expulse à son gré…