Oui, demain, aujourd'hui, ainsi qu'après-demain,
Sont autant de gages de ce que tu ne sais pas.
Elle te laisse voir, quand tu la surprends, seule
Et qu'elle est à l'abri des yeux des gens haineux
Les deux bras d’une blanche chamelonne au long col
À la robe racée, qui n’a jamais porté,
Un sein comme un ciboire, taillé dans l'ivoire, tendre
Et que jamais aucune paume n'a touché,
Les deux versants d’un dos doux, doux, svelte et allongé,
À la croupe charnue, et parties contiguës,
Un haut de hanches tel qu'étroite en est la porte
Un flanc, dont possédé je fus, à la folie
Deux colonnes, [pour jambes], d'albâtre ou bien de marbre
Où les bijoux cliquètent: sonore cliquetis !
‘Amr ben Khultûm al Taghlib (?-vers 600)
extrait des Mu’allaqat, (poèmes-étendards ou poèmes suspendus de la période anté-islamique)
traduction de Pierre Larcher