À la solitude
Solitude ! la vie où chaque jour s’embrase
Me lance à toi, comme vers l’eau :
Dans ton froid clair et pur je tombe, quelle extase !
Parmi d’insondables cristaux.
Je m’y plonge et m’enlève aux sublimes pensées :
Mon âme, par leur flot bercée,
S’amuse… Rafraîchi, lassé, je laisse alors
Dormir, fût-ce un instant, mon corps…
Mon élément ! … mais quoi ? sous tes miroirs de glace
Mes sens s’imprègnent d’ombre et mon cœur de sommeil…
Pourquoi faut-il, tel l’exocet, qu’en l’air je fasse
Nouvelle irruption, l’œil cherchant le soleil ?
Étouffant sous le ciel, transi par les abîmes,
Dans les deux éléments, du même exil, victime.
(p. 111)