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2.67/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Piémont , 1955
Biographie :

Adelmo Venturelli est lycéen lorsqu’il compose ses premiers récits.
Il vient en Suisse et s’oriente vers la biologie et la protection de l’environnement, sans délaisser pour autant l’écriture.
Un premier roman paraît en 1987. Après avoir fait de la sculpture, il renoue avec l'écriture.
Les éditions Pearlbooksedition publient La Sterne en 2019 et Kariba ou le Secret du barrage en 2022.
Adelmo Venturelli vit à Morges.

Source : Viceversalitérature
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
Prologue
Giada est ma compagne. Contrairement à tous les autres personnages de ce récit, elle n’est pas fictive. J’ai écrit cette histoire à cause de notre couple qui bat de l’aile. Elle m’apparaît de plus en plus agressive. Je la crains, n’ose plus la contrarier, exprimer une opinion différente. Mes souffrances demeurent vives et lancinantes. Je voudrais qu’elle comprenne, en lisant ce texte, comment je la vois.
Giada est distante. Au fond, je crois qu’elle s’éloigne, qu’elle se laisserait volontiers séduire par tout homme à son goût qui croiserait son chemin. Je prie le Bon Dieu pour qu’il nous réserve des derniers moments de tendresse. Pour écrire cette histoire, je l’ai regardée avec des yeux plus grands que jamais. J’ai pu lui dire ce que j’aurais été incapable d’exprimer à haute voix. Je l’ai dépeinte avec ses arrogances et ses caprices. Une héroïne à laquelle le lecteur n’osera pas toujours s’identifier. Il ne sait pas qu’elle peut aussi être adorable, confuse, parfois immature. Il faut être un écorché, avoir une sensibilité singulière, pour percevoir son insouciance, son charme.

Yanis
Zimbabwe, 30 juillet
Le barrage de Kariba a imprimé de profondes marques dans la gorge humide du Zambèze. Il s’y agrippe comme un forcené qui ne lâchera plus jamais prise. Il a donné vie à ce gigantesque lac turquoise que des bandes d’oiseaux sillonnent en permanence. Je le contemplais depuis le jardin du lodge suspendu comme un balcon. Les taches noires des cormorans en contrebas se succédaient en file indienne pour disparaître dans une brume lointaine. Le ciel immense se mêlait avec l’eau. La Zambie, de l’autre côté, se fondait avec le Zimbabwe. J’aspirai une grande bouffée de cette magie africaine.
Pour tromper l’inquiétude qui me rattrapait, je pris mes jumelles pour observer le ballet des guêpiers au bout du jardin. Ils passaient des branches des arbres à la clôture avant de rebrousser chemin. Les alentours de ce lodge regorgeaient d’oiseaux. Au petit matin, le chant du calao trompette nous avait réveillés. Il criait comme un enfant qui pleure...
Ce fut plus tard que tout bascula, après le petit déjeuner, à la suite de notre altercation. Je n’avais jamais vu Giada se cabrer si vite. Comme dans un duel, le doigt sur la gâchette, elle s’était retournée et avait tiré.

— J’ai besoin de prendre l’air, avait-elle lâché. Et de s’emparer des clés du quatre quatre. Je ne fis rien pour la retenir. Elle aurait tiré une seconde fois. « Dégonflé ! » m’aurait-elle répété. Avait-elle raison ?
Le cyclone qui dormait en elle se réveilla subrepticement à la première difficulté. Nous étions arrivés à Kariba la veille, en franchissant le barrage depuis la Zambie, et notre premier contact avec le Zimbabwe se révéla assez rude. Nous avions largement sous-estimé la crise économique que traversait le pays. Je pestais encore à l’annonce de l’employé de banque qui nous dit clairement :
— Impossible de changer vos dollars, nous n’avons plus d’argent liquide ! Ahuri, je lui demandai si on pouvait payer en dollars. Sa réponse me glaça :
— Personne ne les acceptera ! Un goût amer m’était aussitôt venu à la bouche, amer comme la fin d’un voyage. Au lodge, la propriétaire accepta de nous fournir l’équivalent de cinquante dollars en monnaie locale. La somme me semblait dérisoire pour un périple de trois semaines. Giada, visiblement satisfaite, se montra bien plus optimiste.
— Je suis sûre qu’on en trouvera encore. J’étais loin d’en être aussi certain.
— Tu t’angoisses pour un rien. On a des cartes de crédit ! Elle fut bien forcée d’en rabattre lorsque plus tard, au supermarché, la caissière refusa notre carte de crédit et que nous utilisâmes une part importante de notre argent liquide. Pourtant rien ne semblait la désarçonner. Elle voulut tout de même tester un distributeur automatique de billets.
— Ils sont vides, ne rêve pas ! Ils l’étaient, évidemment. Je ne voyais aucune lueur d’espoir. Giada s’obstinait à chercher de petites lumières, des vers luisants cachés dans cette obscure mélasse.
— Il y a forcément des magasins où ils acceptent les dollars !
La situation ne laissait rien présager de bon. Giada retrouvait les élans d’agressivité que je lui avais connus au début de l’été. L’orage approchait. Lorsque nous apprîmes l’existence d’une deuxième difficulté majeure, mon souhait de renoncer définitivement au Zimbabwe mit le feu aux poudres. Comment, en effet, allions nous parcourir plus de deux mille kilomètres dans un pays confronté à une pénurie de carburant ? À Kariba, une interminable file de voitures s’étirait le long de la route en direction de la seule station-service à être approvisionnée. L’attente pouvait durer des heures, avec le risque d’arriver trop tard, de voir s’évaporer la dernière goutte de carburant. Cette nouvelle entrave avait ravivé mon angoisse latente.
— Tu veux vraiment continuer ? m’étais-je écrié. Giada, qui n’avait rien perdu de son enthousiasme, me répondit aussitôt :
— Il doit bien y avoir une solution, sinon comment expliques-tu une telle circulation ?
— Quelle circulation ?
— Tu es aveugle, tu ne vois pas tous ces véhicules qui passent ? Je compris alors qu’un voile obscur allait nous envelopper, nous enfermer chacun de notre côté. C’est pourquoi, ce matin-là, après le petit déjeuner, et une nuit d’hésitations à la recherche de la bonne formulation, j’avais osé le lui annoncer sans trop de fioritures. Elle me tournait alors le dos, debout devant le lavabo, dans la pénombre de la salle de bains.
— On est quasiment obligés d’y renoncer ! dis-je. Elle cessa de se brosser les dents, pivota et, immobile, me foudroya du regard. Je battis en retraite dans la chambre pour me soustraire à ses yeux écarquillés, riboulants. Un silence envahit l’espace, avant qu’elle ne riposte :
— Pas question, je veux faire ce voyage ! Elle apparut dans l’embrasure de la porte, visiblement très agacée. J’aurais voulu l’amener à reconnaître qu’elle faisait preuve d’un optimisme exagéré, mais cette envie butait contre ma culpabilité. Ne lui avais-je pas déjà imposé notre déménagement ? Je tentai de lui présenter mon plan B, avec un enthousiasme qui s’avéra aussitôt insuffisant.
— Nous pourrions retraverser la frontière, faire un périple en Zambie...
— On y était l’an dernier, protesta-t-elle.
— On n’a pas tout vu... Elle retourna dans l’obscurité de la salle de bains. Je l’entendis se rincer la bouche, cracher à plusieurs reprises et marmonner des mots dont je ne compris pas le sens. Puis, comme accrochée à un ressort qui vient de se détendre, elle resurgit pour me lancer :
— Tu es un dégonflé ! Je reculai de quelques pas. Elle s’avança dans ma direction, menaçante. Elle respirait bruyamment, haletait.
— Je veux visiter ce pays ! tonna-t-elle. Et elle sortit en me poussant de côté, comme si je lui bloquais le passage. Elle alla se poster sur la terrasse face au lac Kariba, les bras croisés, les jambes rigides, dans une attitude de bouderie évidente. Je sentis les tendons de mon cou se crisper. Je m’essuyai le visage en soufflant un grand coup, et répétai :
— Franchement, je ne vois pas comment nous pourrions nous en sortir ! Impossible de faire taire cette anxiété qui grandissait en moi. J’aspirais à des vacances faciles, fluides et sans embûches. Giada, silencieuse, semblait très distante. Sans doute ruminait elle d’anciennes rancœurs. Dehors, seuls les oiseaux bougeaient. J’aurais dû la rejoindre avant qu’elle n’agisse. Au lieu de cela, immobile, je laissai la situation se figer.
— J’ai besoin de prendre l’air, dit-elle enfin. J’avais posé la clé du quatre quatre sur ma table de nuit. Elle la prit sans un mot ni un regard et sortit de la pièce en levant un bras en guise d’au revoir. Surpris, stupéfait, incapable de bouger, je parvins tout juste à prononcer son nom.
— Giada ! Elle avait quitté le lodge vers 10 heures du matin. J’étais seul dans cette prison suspendue au-dessus du lac, isolée sur la colline, à plusieurs kilomètres de la ville. Je ne pouvais pas partir à sa recherche. D’abord certain qu’elle ne tarderait pas à revenir, j’attendis calmement. Mais les minutes et les heures s’écoulaient, et je commençais à craindre qu’elle n’ait eu un accident. Elle ne mesurait vraisemblablement pas l’ampleur du tourment que me causait son absence prolongée.
Toute la journée, je guettai les bruits de moteur en approche, épiai les véhicules dans les lacets de la route en contrebas. Je crus, ou je voulus croire, à plusieurs reprises que c’était Giada. Les quatre quatre sont souvent blancs. Je réussis tout de même à lire quelques chapitres du guide sur le Zimbabwe, histoire de me convaincre que ce pays était passionnant. Je devais me préparer à affronter mon angoisse. Giada ne céderait pas, cette fois, me disais-je en repensant au déménagement.
Depuis son départ, j’éprouvais un horrible sentiment d’abandon, de trahison, et une envie profonde de me révolter, mais j’eus le temps de comprendre que cela ne ferait qu’envenimer la situation. Il me faudrait rester calme à son retour. Si seulement je pouvais lui prouver l’invraisemblance d’un circuit au Zimbabwe. Si seulement j’avais pu l’appeler ! Mais son téléphone trônait sur sa table de nuit.
Lorsqu’elle rentra, à 16h 30, elle était rayonnante. Elle ne semblait aucunement gênée de m’avoir abandonné tout ce temps. Je la trouvais impudente, irresponsable. Elle s’approcha de moi, voulut même me donner un baiser. Je me montrai glacial et détournai la tête. J’attendais d’abord des excuses, mais elle fit une deuxième tentative avec l’empressement de quelqu’un qui a un irrépressible besoin d’affection. Aurait-elle connu le même calvaire que moi ?
— Je suis désolée, me susurra-t-elle enfin.

Je lui accordai mes lèvres. Le fait qu’elle prolonge le contact me dérangea. Je voulais des explications, entendre que des circonstances indépendantes de sa volonté l’avaient empêchée de rentrer plus tôt. Mais elle me racont
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Les émeraudes avaient cristallisé le long d’un filon d’une vingtaine de kilomètres où s’échelonnaient cinq à six exploitations. Des Shonas creusaient inlassablement à ciel ouvert, tandis que d’autres triaient le minerai pour en extraire les pierres précieuses. Elles étaient petites, leur poids souvent inférieur à un carat, mais si riches en chrome que leur couleur verte était splendide, inimitable. De temps à autre, comme par magie, de grosses gemmes sortaient aussi de la gangue.
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