AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de genou


genou
12 septembre 2013
L’épouse délaissée
On entendit quatre imprécations, puis une voix irritée s’étonna qu’on ne pût laisser un chapeau à sa place, une porte claqua… Mr. Packington venait de partir pour attraper le train de 8 h 45 à destination de la Cité, à Londres. Sa femme, très rouge, les lèvres serrées, était assise à la table du premier déjeuner. Elle ne pleurait pas, pour la simple raison qu’une violente colère venait de remplacer son chagrin.
— Je ne puis plus supporter cette situation ! Non ! C’est impossible !
Mrs. Packington réfléchit un instant puis murmura :
— L’effrontée ! La petite coquine ! Comment George peut-il se montrer aussi bête !
Mais sa colère s’éteignit et son chagrin reprit le dessus. Ses yeux s’emplirent de larmes qui coulèrent sur ses joues fanées et elle gémit :
— À quoi sert de dire que j’en ai assez puisque je ne sais que faire ?
Elle se jugeait abandonnée, lamentable… Alors, elle saisit le journal et relut, en première page, une annonce qui l’avait déjà frappée :
Êtes-vous heureux ?
Dans le cas contraire, consultez Mr. Parker Pyne, 17, Richmond Street.
— C’est stupide, absolument stupide, déclara Mrs. Packington. Mais, en somme, je puis essayer…
C’est pourquoi, à onze heures, elle entra, quelque peu nerveuse dans le bureau du détective. En regardant celui-ci, elle se sentit rassurée : Mr. Parker Pyne était robuste pour ne pas dire gros ; il avait une belle tête chauve, de grosses lunettes et des yeux intelligents.
— Veuillez vous asseoir, dit-il. Je pense que c’est mon annonce qui vous amène ?
— Oui…, se contenta de répondre Mrs. Packington.
— Donc, vous n’êtes pas heureuse. Peu de personnes le sont et vous seriez fort étonnée si je vous en indiquais le nombre.
— Vraiment ? dit-elle. Mais le malheur d’autrui l’intéressait peu.
— Je sais que cela vous laisse indifférente ; il n’en est pas de même pour moi : voyez-vous, pendant trente-cinq années de mon existence j’ai établi des statistiques dans un bureau du gouvernement. Je suis maintenant à la retraite et j’ai eu l’idée de faire bon usage de mon expérience. La question est fort simple car les chagrins ont cinq causes principales, pas davantage. Or, si l’on connaît la cause d’une maladie, il doit être facile d’y remédier. Je me mets à la place du médecin qui diagnostique ce qui fait souffrir son client et lui indique un traitement. Certes, il y a des cas incurables où j’avoue mon impuissance. Par contre, Madame, je puis vous affirmer que si j’entreprends un traitement, le succès est à peu près certain.
Était-ce possible ? Y avait-il là un attrape-nigaud ou, au contraire…
Mrs. Packington fixa sur son interlocuteur un regard plein d’espoir.
— Je vais porter un diagnostic à votre sujet, reprit Parker Pyne en souriant. Il s’agit de votre ménage. Votre existence conjugale a été heureuse et je pense que votre mari a réussi dans ses affaires… mais je suppose qu’il y a une jeune personne dans vos ennuis… peut-être fait-elle partie du personnel de bureau ?
— Oui, c’est une dactylo, une petite intrigante peinte, aux lèvres trop rouges, aux bas de soie, aux boucles blondes…
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}