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Critiques de Agnès Henriot-Van Zanten (2)
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La carte scolaire

Écrit par deux auteurs particulièrement qualifiés pour évoquer le sujet, à savoir une sociologue renommée et l’Inspecteur général qui a rédigé un rapport récent pour le ministère sur la question, lequel n’a pas vraiment plu en haut lieu, ce livre aborde un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre : la carte scolaire.

En fait, la carte scolaire engage la question de la régulation de l’offre et de la demande scolaire sur le territoire. Le maillage du territoire s’est accompli au cours du XIXe siècle et du XXe, notamment avec la loi Guizot (1833), qui oblige les communes à avoir une école primaire. Le secondaire est nettement moins organisé. En 1959, avec les CEG/CES de la réforme Berthoin qui porte la scolarité obligatoire à 16 ans, un effort énorme de construction est réalisé par la nation : « un collège par jour » en est le slogan, assez réaliste. Cela nécessite une juste répartition des élèves et une gestion rigoureuse du flux des élèves. La carte scolaire accorde un territoire à chaque établissement, dans la conception d’un État contraignant, tuteur des citoyens, qui leur impose l’école de leurs enfants. Les premières tentatives d’assouplissement de la carte scolaire seront organisées par Alain Savary. Elles correspondent pour la gauche à une volonté de conquête des classes moyennes, classes moyennes qui ont commencé à inventer des stratégies diverses pour s’exempter de cette contrainte. La « liberté de choix » des familles vient se mettre en travers de l’égalité républicaine et interagir sur l’offre, alors que ces dernières devraient idéalement rester indépendantes. Cette liberté de choix est très appréciée, même par ceux qui ne s’en servent pas. Ces interactions croisées entre l’offre scolaire et la stratégie des familles (ou son absence) aboutissent à une ségrégation scolaire, sociale et ethnique, supérieure parfois à la ségrégation urbaine (p. 80).

Le président Sarkozy a voulu organiser des aménagements ayant pour but la suppression de la carte scolaire en 2010. Des circulaires de 2007 et de 2008 ont établi des règles concernant les dérogations qui relèvent d’un changement copernicien : ce ne sont plus les vœux des familles qui servent de base à la décision mais des critères objectifs qui font apparaître pour la première fois des caractéristiques sociales : les « élèves boursiers » sont prioritaires. L’objectif d’une amélioration de la mixité sociale est affirmé. La mise en place de tels critères ne s’est pas toujours bien faite. Elle rencontre des résistances locales des acteurs de terrain (chefs d’établissement, service académique, équipes) (p. 42), au mécontentement des familles de classes moyennes et supérieures (p. 85/86)... Les parents sont parfois partagés entre une volonté d’être bons citoyens et mauvais parents ou bons parents et bons citoyens (p. 78/79). Cependant, parfois, une application stricte des dispositions des circulaires a augmenté la mixité sociale.

La répartition des élèves gérée par la carte scolaire se heurte, en France, à l’existence d’un secteur privé confessionnel qui n’y est pas soumis. Il y a là une incohérence, une possibilité incontrôlable de contournement de la volonté de l’État, un impensable...

Au niveau international, on peut distinguer quatre types de régulations pratiqués dans les pays de l’OCDE : carte stricte (un sur dix, surtout asiatiques, en Europe, la Grèce) ; carte avec dérogations (le cas le plus fréquent) ; liberté régulée et liberté totale. Or, dans tous les cas, les établissements scolaires sont mis dans une concurrence locale que l’on peut appeler quasi-marché et mettent en place des stratégies pour recruter les meilleurs élèves. Côté parents, les classes aisées habitent des quartiers « aisés » et ne sont pas réellement concernées et les classes moyennes recherchent un « entre-soi » et savent se faire entendre si besoin... La carte scolaire représentait l’action de l’État vers une offre scolaire homogène, brassant les origines sociales dans une idée d’école contribuant à la disparition de ces classes. Elle est devenue la régulation d’une demande sociale des familles qui postule en même temps l’égalité des citoyens et la liberté de choix. Il faut quitter les idées reçues : il y a un gros « écart entre le choix théorique et le choix réel » et carte scolaire ou liberté totale « s’avèrent l’un et l’autre ségrégatifs et inégalitaires ». (p. 115)

Même si on est un peu gêné par un plan pas toujours bien clair, on lira avec profit ce livre qui, selon la tradition de la collection, fait bien le tour de la question.
Lien : http://www.cahiers-pedagogiq..
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Sociologie de l'école

Livre un peu daté mais néanmoins très intéressant faisant le point sur les différentes recherches concernant la sociologie de l ' école.

Après avoir décrit de façon globale, les politiques scolaires, leur fonctionnement et leurs effets, les auteures s ' intéressent aux éléments pouvant influencer les carrières scolaires des élèves. Elles montrent comment les déterminismes sociaux mais aussi les perspectives d ' avenir influencent les parcours.

Ensuite, elles présentent le fonctionnement et les effets de l ' école en tant que lieu d ' instructions et interrogent les acteurs de cette instruction. Un chapitre est consacré à la profession enseignante, un autre aux pratiques éducatives des familles. Enfin, elles détaillent les attitudes et solidarités se créant au sein du groupe élèves.
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