Ahmed ibn Souleimân

Ce qui fait tourner la tête d’une femme, c’est un homme qui soigne sa mise, veille à une bonne hygiène, parfume son corps et ses habits. Si, de plus, l’homme est tout à la fois riche et généreux, la femme est des plus comblées. Certains apportent cette précision : il est recommandé que l’homme et la femme se parlent, franchement, dans une libre communication ; cela cimente les cœurs, éloigne l’ennui et comble de joie l’un et l’autre.

Certains sages affirment que la femme ne peut être heureuse sans qu’elle se fasse conjoindre. Ainsi son corps s’épanouit, sa taille grandit et elle rajeunit chaque fois qu’elle hume l’odeur d’un mâle ; gagnant en volupté, elle devient plus gaie et heureuse. Elle peut l’être davantage encore, surtout si elle change de partenaire et découvre ainsi de nouveaux plaisirs.

Toute femme à la sensualité ardente réagit promptement chaque fois qu’on la caresse. Elle a, en outre, une bouche petite aux lèvres purpurines, des seins fermes et pulpeux. Celle qui répond à cette description est une femme au sexe étroit et chaud. Elle a un désir très prononcé de faire l’amour. D’un esprit brillant, elle est loyale et affectueuse.

Toute nudité promet quelque part, dans l’imaginaire, un paradis. Il fut un temps où l’Arabie était dite heureuse, avant que la Loi et ses servants – aussi bien au plan des Etats qu’au plan familial – ne métamorphosent le dogme révélé, le pervertissant en tabous et en interdits pour mater le trop violent désir.

L’amour aliène tous les cœurs, aussi bien ceux des rois que des sultans. Cet amour, qu’on garde secret dans les replis de l’être, c’est lui qui fait bâtir palais et splendides demeures dans lesquels on installe à l’infini des chambres tapissées des plus riches tentures et des étoffes les plus rares. C’est pour l’honorer qu’on porte habits d’apparat, qu’on passe à ses doigts des pierres précieuses, perles et rubis, et qu’on s’embaume des parfums les plus recherchés, comme le musc ou l’ambre.

La toute jeune, l’adolescente, est dans l’âge de l’innocence. Elle ne connaît pas encore le mensonge, répond avec franchise à toute question qui la concerne et elle ne sait rien taire. Elle est toutefois impudique et s’évertue – aussi bien à l’égard d’un homme que d’une femme – à mettre en valeur le peu d’avantages que la nature lui dispense peu à peu.

Une femme qui prend soin de sa personne, qui parfume son corps et ses vêtements est évidemment celle dont les hommes recherchent la compagnie. Tout autre attribut de la beauté lui serait inutile si elle répandait autour d’elle certaines odeurs désagréables. Celles-ci, repoussantes, dissuadent les prétendants.

Innombrables sont les femmes qui, élevées dans le confort et ayant grandi dans l’opulence, délaissent ce mode de vie aisé, leurs esclaves et leurs servantes. Elle n’hésiteront même pas à quitter leur pays natal, à connaître les périls de l’exil et à renier leurs parents par passion pour un homme.

L’amour réduit en esclavage ; ravissant l’âme et l’esprit, il jette le trouble dans le cœur des hommes. C’est par lui que d’innombrables riches furent réduits à la misère et c’est par lui que des hommes libres retombent en servitude. Ne voit-on pas que, de nobles, il fait des vilains ? Il séduit aussi les saints et les hommes de bien, renvoie au néant des fidèles qui ont la foi chevillée au corps et voue au malheur ceux qui, avant qu’il ne s’empare d’eux, vivaient dans l’opulence. C’est contre toute évidence qu’on se prosterne à son autel. Alors, on s’adonne à lui avec une si violente passion qu’abandonnant toute attache, on se jette, pieds et mains liés, dans ses bras !

La nature est étrange. Ce qui est tout à la fois extraordinaire et charmant, c’est cette apparence d’excessive pudeur que prennent parfois certaines femmes, alors que l’essence même de la femme n’est que passion.