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Citations de Alain Briottet (15)


p.88.

Réduire à l’état d’esclavage près de deux millions d’hommes, les condamner à travailler pour l’ennemi, pour le pays vainqueur, pour le pays qui, en l’espèce, les avait mis à genoux en si peu de temps, c’était impensable. Cela ne s’était encore jamais vu depuis le début de l’histoire humaine, c’est-à-dire depuis que les guerres avaient commencé.
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p.248.

« Prosternée devant vous, je viens vous demander, mon Dieu, la grâce d’une bonne mort. Je reconnais vous avoir souvent offensé… Pardonnez-moi Seigneur… Pardonnez-moi Seigneur… ».

Pourquoi a-t-on aujourd’hui oublié cette prière ? Pourquoi l’Église, la première, ne l’invoque-t-elle plus ? Récitée chaque jour, elle accoutumait à la mort, la rendait plus familière et moins terrifiante.
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p.191.

Plus tard, Tardi écrira dans le même sens : « Honte à nos chefs ! Ces lamentables imbéciles, totalement dépassés par les événements, et dont la médiocrité illumine encore le monde aujourd’hui, nous avaient abandonnés. »
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p.244.

L’espoir et le pardon vont souvent de pair, il ne peut y avoir d’espoir sans pardon.
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p.190.

Leurs souffrances étaient à peine visibles. Les prisonniers ne cherchaient pas à les extérioriser, ni même à en parler, encore moins à les comparer à celles des déportés. Eux n’ont jamais chercher à faire de comparaisons. Leurs souffrances, elles étaient enfouies à l’intérieur d’eux-mêmes. Elles étaient incommunicables. De surcroît, elles n’étaient pas quantifiables. On ne peut pas peser les douleurs morales. Encore moins le poids de l’humiliation.
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p.184.

Quant à la population, celle-ci se révéla souvent moqueuse, parfois goguenarde, se cachant à peine pour qualifier les prisonniers de cocus, faisant allusion à l’inconduite de certaines femmes françaises et à l’existence d’enfants nés de pères allemands, même si on taisait, au lendemain de la guerre, leur nombre et leur condition. Jamais mon père n’aborda la question devant nous, mais je sais qu’il fut blessé par ces insinuations mauvaises, par ces refrains vulgaires venant de Français qui ne s’étaient montré ni très courageux, ni très propres pendant l’Occupation. Ces femmes, elles étaient jeunes et avide de vivre, elles avaient fait ce qu’elles avaient pu, il ne les condamnait pas, mais à l’égard de ceux qui donnaient des leçons de morale et qui n’avaient guère donné l’exemple, ceux qui se nomment « les gens de bien », « les mouches les plus venimeuses », il se montrait intraitable.
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p.158.

Le spectacle de désolation (une Allemagne dévastée et exsangue) qui remplissait ses yeux renforça chez lui un sentiment de méfiance, sinon de dégoût, à l’écart des politiques. Maintenant, il savait, il en avait fait l’amère expérience, il les savait capables de conduire les peuples à la débâcle, il les savait capables de les abandonner sur les chemins de l’exode, de les pousser au chaos et de les jeter dans la mort. Ne l’avait-il pas déjà appris dans son oflag auprès d’un de ses camarades normaliens – plus anarchiste que marxisant – qui ne cessait de lui répéter, en ironisant sur sa naïveté, que les gouvernements n’avaient pas de sens moral ?
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p.243.

Il ne pensait pas que la construction européenne qui débutait serait de nature à faire oublier les souffrances subies, elle se plaçait sur un plan politique, elle laissait de côté le problème humain. Il regrettait qu’elle se fasse au-dessus des peuples et qu’elle ne favorise pas une réconciliation populaire, fraternelle, directe entre Français et Allemands.
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p.156-7.

mon père […] avant d’être remis aux autorités françaises, militaires et civiles. Celles-ci devraient procéder à de nombreux contrôles administratifs et sanitaires, se montrant indifférentes à son immense fatigue, à son désir de rester un moment en paix, à son besoin de ne plus penser à rien.
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p.146-7.

Le désespoir, on le retrouvait aussi tout au long d’un journal, tenu chaque nuit, le calme revenu, tandis que les autres dormaient. On pouvait le sentir dans ces notes jetées nerveusement sur un agenda. Écrire pour ne pas entendre le bruit insupportable de la promiscuité des hommes. Écrire pour échapper à la fumée du tabac. Écrire pour repousser les émanations des poêles sur lesquels réchauffaient les gamelles, et qui empuantissaient la baraque d’une odeur âcre et rance… Écrire aidait à s’enfuir de cet enfer, captif on l’était aussi des autres, avant que ne revienne, au petit jour, l’angoisse de survivre.
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p.135-6.

Dans la captivité, mon père avait, en revanche, rencontré la solitude intérieure, née de la souffrance qu’il ne voulait pas exprimer, de la misère qu’il ne voulait pas montrer, de la pitié qu’il ne voulait pas extérioriser. La solitude intérieure est bien différente du repliement sur soi, car elle n’exclut pas la communication avec les autres. La solitude intérieure est insondable, on ne la voit pas, elle se cache, mais on peut la deviner. Elle lâche rarement sa proie.
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p.71.

Le nombre d’arrestation arbitraires, d’exécutions sommaires, de femmes emprisonnées, de femmes tondues, de femmes violées de la manière la plus bestiale… ne cessait d’augmenter. De cette épuration, les femmes en furent, dans de nombreux cas, les victimes expiatoires. Elles devaient expier, expier pour leurs propres fautes mais aussi pour celles des hommes. Des péchés bien véniels par rapport à ceux commis par ces derniers.
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p.62.

Pour Oradour comme pour Srebrenica, les commanditaires des massacres furent faiblement punis, les condamnations furent légères au regard des crimes commis. La Justice ne s’intéressa guère aux exécutants.
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p.32-33.

Durant la guerre, les gens avaient pris l’habitude de se prêter les livres et de s’en passer certains en cachette. C’était une façon de se rapprocher les uns les autres, de se relier à distance par les fils de la lecture, de s’unir par l’esprit dans l’espoir d’un avenir meilleur, de correspondre sans échanger un mot.
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p.17.

Ils (les allemands) continuaient à faire la guerre dans ce qui n’était plus tout à fait la guerre. Dans l’engrenage de la fin, ils s’acharnaient à piller, à brûler, à torturer, à tuer, à massacrer… En toute conscience, en toute inconscience. Dans ce carnage pouvait-on encore parler de guerre ? Et de lois de la guerre ?
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