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Citation de Totaro


Notre époque post-romantique semble avoir intégré et programmé l’obsolescence. On n’aime plus pour toujours. Et on prend d’entrée de jeu, son parti. On est revenu de tout avant d’être allé nulle part. On fait ses premiers pas dans l’existence avec le sourire en coin de celui à qui on ne la fait pas. Le scepticisme n’est plus terminal mais inaugural.

Dans le sillage du refus amoureux d’entendre raison, la longévité a remplacer l’éternité et lia santé du corps s’est imposée au détriment du salut de l’âme.

Le souhait de vivre vieux et même très vieux s’accompagne de la crainte de mourir trop tard. Cette angoisse est si présente qu’elle en vient à concurrencer et même à supplanter l’angoisse de la mort.

Lorsqu’un pays, une civilisation, une société, en vient à légaliser l’euthanasie, il perd à mes yeux tout droit au respect. Il devient, dès lors, non seulement légitime mais souhaitable de le détruire ; afin qu’autre chose, un autre pays, une autre société, une autre civilisation, ait une chance d’advenir.
Michel Houellebecq

Ce qui compte, affirmait Jürgen Habermas, ce n’est pas qu’un sujet collectif puisse s’affirmer vis à vis de l’extérieur, mais qu’un ordre libéral soit garanti à l’intérieur.

Au Moyen-Age, l’unité de l’Europe reposa sur le religion commune. Dans les temps modernes , quand le Dieu médiéval se transforma en Deus absconditus, la religion céda la place à la culture qui devint la réalisation des valeurs suprêmes par lesquelles l’humanité européenne se comprenait, se définissait, s’identifiait. La connaissance et la défense de la religion cessèrent alors d’être le but suprême des études.

Une chose est sûre : la culture au singulier n’est plus en odeur de sainteté nulle part. Jusque dans les université, on dénonce son élitisme. Descendue de son piédestal, elle n’est plus aujourd’hui admise à l’existence que comme pratique sociale, térêt que n’importe lequel loisir.. Ce tournant sociologique est entériné par l’esprit d’égalité. La démocratie, parvenue à son stade ultime, ne supporte aucune forme de transcendance. Après la sortie de la religion, voici venu le temps de la sortie de la culture. Le “chacun ses goûts“ a eu raison des valeurs suprêmes. Plus question d’estimer davantage les oeuvres artistiques que les produits du divertissement. Plus question même de les séparer : l’heure est à la “dé-hiérarchisation“.
Les anciens soixante-huitards rendaient grâce aux penseurs d’Europe Centrale de les avoir réconciliés avec la démocratie libérale.. Ils ne s’attendaient pas à ce que l’un d’entre eux, le plus prestigieux peut-être, portât le deuil d’une Europe mise à mort non par le mal totalitaire mais par l’hubris démocratique. ( Kundera )


« Quand le citoyen écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : “Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?“, il évite de poser la question réellement dérangeante : “à quels enfants allons-nous laisser notre monde ?“ «  (Jorge Semprun)

En se posant comme sujet, l’être humain avait certes conquis et consolidé son autonomie depuis l’aube de temps modernes. Il ne recevait plus d’ordres d’en haut. Ramenant l’autorité du ciel sur la terre, il obéissait aux lois qu’il avait lui-même édictées. Il était son propre prescripteur mais il n’était pas son propre créateur. Il ne choisissait pas le masculin et le féminin.IL avait beau accumuler tous les droits, il héritait encore de son être, sa liberté restait hypothéquée par sa naissance. La scandale s’achève. Sortant définitivement de l’aliénation, l’humanité rejette cette mainmise immémoriale. Sur le modèle des trans, chacun est invité à se réapproprier son origine et à s’affranchir, ce faisant, de la condition humaine.
“Rien en moi ne me précède“, telle est l’ultime maxime de la liberté.
“L’homme moderne a fini par en vouloir à tout ce qui est donné, même sa propre existence, à en vouloir au fait même qu’il n’est pas son propre créateur ni celui de l’univers“ (Hannah Arendt)
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