....Tout est là, sur les murs, c’est à vous d’y découvrir le petit quelque chose qui vous retient ou qui vous attire ou qui vous dérange... Si on pouvait dire ce qui se peint, on ne peindrait pas, on le dirait...
La pluie s’était remise à tomber. Un brouillard épais enveloppait les restes de cette journée d’Octobre. Il avait l’odeur fraîche et humide de la nature qui sent les mauvais jours à venir
La nuit était en avance. Tout était réuni ou presque pour flanquer le bourdon au plus convaincu des optimistes. Ce quai de gare ne m’était jamais apparu aussi triste. Avec un peu d’imagination, on pouvait se croire sur le tournage d’un film noir des années cinquante
Et puis je jouais pour qui...pour des gens que je voyais se goinfrer sans même jeter un oeil sur le pianiste. Pour qui la musique faisait partie du décor, du repas, de l’addition. J’avais beau les regarder toutes et tous, je n’en reconnaissais aucun. Il n’y avait plus cette ambiance des années écoulées. L’âge encore...Il me fallait accepter. Je pouvais jouer n’importe quoi, ça ne concernait plus personne. J’étais devenu une boîte à musique, un accessoire dans un coin. Malgré cela, c’était plus fort que moi, je cherchais vainement une autre Marie, une qui viendrait prendre un thé noir de Chine et s’asseoir juste en face de moi, pour m’écouter ...tout simplement.