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Citation de mimo26


Une nuit sans sommeil avait suivi l’annonce de la mobilisation. Fernand affichait une mine triste, parlait peu et vaquait sans enthousiasme à ses tâches habituelles. Victor, quant à lui, était partagé entre différents sentiments. La tristesse de devoir partir, quitter sa ferme et son village, et laisser seul le père qui prenait de l’âge. Pourrait-il assumer tout le travail ? Surtout au printemps, quand les légumes seraient en plein rendement et qu’il faudrait les ramasser avant qu’ils ne se gâtent sur pied. Et l’envie de découvrir autre chose, de « voir du pays ». Le front n’était qu’à quelques centaines de kilomètres, mais c’était pour lui, qui n’avait jamais quitté sa terre, comme un voyage au bout du monde. Un endroit où l’on parlait un autre patois et où, il l’avait vu sur les photos de L’Illustration, les plus hautes montagnes n’étaient que de petites collines à peine esquissées. Tout au plus avait-il, à deux reprises, pris l’autocar pour Clermont-Ferrand afin de rendre visite à sa mère, hospitalisée à l’hôtel-Dieu. « Et puis maintenant je suis un homme, s’était-il surpris à penser, il est temps que j’aille faire mon devoir, comme les autres. » Il se rappela les envolées de M. Martelet, son instituteur, qui ne cessait de tempêter contre l’annexion, au sortir de la guerre perdue de 1870, de l’Alsace et de la Lorraine. À combien d’enfants ces maîtres d’école ont-ils inculqué l’esprit revanchard et la haine du barbare d’outre-Rhin ? Combien de ceux-là, devenus adultes, sont partis la fleur au fusil trois ans plus tôt, scandant des hymnes patriotiques, convaincus de participer à une sainte croisade ? Pour se faire hacher, par régiments entiers, sur les rives de la Marne ou dans les tranchées de la Meuse.
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