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Citations de Alain Léonard (23)


p-92- [...] Il remarqua toutefois que l'ancienne scène de chasse, représentant un cerf au regard fou martyrisé par une meute de chiens, avait laissé place au portrait officiel du Maréchal dans un cadre de stuc doré. La devise officielle de l'Etat français, "Travail, Famille, Patrie", s'étalait sous la photo. Il préféra ne pas commenter. [...]
p-96- Tout en mâchant, il pointa sa fourchette vers le portrait.
- Le Maréchal a eu raison de leur faire confiance. Je suis persuadé que la collaboration économique est la meilleure solution pour le redressement de notre pays. [...] Si nous étions totalement débarrassés de ces foutus communistes qui ne pensent qu'à la grève et à prendre leurs congés payés, nos usines également marcheraient beaucoup mieux, et l'économie serait prospère chez nous aussi.
Pierre ne répondit pas, se contentant de hocher poliment la tête pour ne pas contrarier son père. [...]
p- 98 - Pierre, au cours du repas , avait pris la décision d'écourter son séjour orléanais. Il ne supporterait pas d'entendre son père se gargariser de la politique de collaboration du gouvernement, alors que d'autres se battaient et mourraient pour conserver leur liberté. Ses parents allaient bien et n'avaient pas l'air de souffrir de la guerre. Bien au contraire. Quant à lui, il préférait, et de loin, s'occuper de ceux qu'elle atteignait dans leur chair.

chap - IX -
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La libération n'avait pas effacé les files devant les magasins. Le manque de denrées était toujours criant, et les tickets de rationnement jamais en nombre suffisant pour manger tous les jours à sa faim.

- Chap XXXII - P. 295 -
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(L'infirmière-chef)
-Vous savez qu'ils ont tous peur de moi. Je sais que derrière mon dos ils me surnomment "le dragon" ! [...]
Pour commander à une équipe, il faut une autorité sans faille. Je dirai même qu'il faut inspirer une certaine crainte. Et je vous assure que c'est pas toujours facile. Ils me voient sûrement plus forte que je ne le suis en réalité.

-chap XXIV- P. 241 -
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Les deux femmes se penchèrent à la fenêtre. Elles virent au loin se profiler les premières maisons. Cela ressemblait à un amas indescriptible de hautes bâtisses, serrées les unes contre les autres, comme si une main de géant les avait disposées dans un savant désordre. Un brume grisâtre recouvrait la ville. Les fumées des innombrables cheminées se mélangeaient rapidement aux nuages d'un ciel bas, créant une sensation de flou.
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La dernière fête du château de Saint-Val n'était plus qu'un lointain souvenir. Depuis deux ans, les chose changeaient dans les campagnes. Les dernières récoltes furent fort médiocres et le prix du blé fut multiplié par quatre ou cinq dans certaines régions. Le spectre de la famine montrait sa triste figure, avec son cortège de familles jetées sur les routes, d'indigents forcés de risquer les galères pour se nourrir, las de chercher en vain un peu d'embauche à la journée.
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Ils étaient tous là : les jeune recrues comme les vieux briscards, vétérans des guerres de l'Ouest qui avaient passé au fil de leur sabre la fine fleur de la noblesse bretonne et vendéenne, ceux des campagnes d'Italie et d'Egypte
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L'Amour n'a pas de frontière.
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La voiture, au pas, traversa la cohue avec difficulté en direction du centre du bourg. Entourée d'un espace clos et arboré, la salle du Jeu de paume, un peu à l'écart des autres constructions, étalait son architecture massive qui jurait avec les maisons environnantes. Devant l'entrée, gardée par un cordon de soldats, se massait une foule compacte. Chaque heure, un député, choisi comme porte-parole, sortait informer les journalistes du déroulement des débats qui se tenaient sans discontinuer depuis la veille au soir. Leur carnet à la main, ils retranscrivaient d'une écriture rapide et nerveuse. Des coursiers à cheval partaient à cheval partaient informer Paris dans un va-et-vient incessant.
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Ici nous vivons dans un tout petit monde. Tu apprendras à connaître les habitudes des autres et tu comprendras vite ce que tu peux faire ou non. Pas de vie intime ici, tout le monde sait tout, on ne peut rien cacher.
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Certains ne savent plus parler, ni marcher, ni même se tenir debout. Et sans raison médicale apparente. Les psychiatres appellent cela l’obusite.
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Une nuit sans sommeil avait suivi l’annonce de la mobilisation. Fernand affichait une mine triste, parlait peu et vaquait sans enthousiasme à ses tâches habituelles. Victor, quant à lui, était partagé entre différents sentiments. La tristesse de devoir partir, quitter sa ferme et son village, et laisser seul le père qui prenait de l’âge. Pourrait-il assumer tout le travail ? Surtout au printemps, quand les légumes seraient en plein rendement et qu’il faudrait les ramasser avant qu’ils ne se gâtent sur pied. Et l’envie de découvrir autre chose, de « voir du pays ». Le front n’était qu’à quelques centaines de kilomètres, mais c’était pour lui, qui n’avait jamais quitté sa terre, comme un voyage au bout du monde. Un endroit où l’on parlait un autre patois et où, il l’avait vu sur les photos de L’Illustration, les plus hautes montagnes n’étaient que de petites collines à peine esquissées. Tout au plus avait-il, à deux reprises, pris l’autocar pour Clermont-Ferrand afin de rendre visite à sa mère, hospitalisée à l’hôtel-Dieu. « Et puis maintenant je suis un homme, s’était-il surpris à penser, il est temps que j’aille faire mon devoir, comme les autres. » Il se rappela les envolées de M. Martelet, son instituteur, qui ne cessait de tempêter contre l’annexion, au sortir de la guerre perdue de 1870, de l’Alsace et de la Lorraine. À combien d’enfants ces maîtres d’école ont-ils inculqué l’esprit revanchard et la haine du barbare d’outre-Rhin ? Combien de ceux-là, devenus adultes, sont partis la fleur au fusil trois ans plus tôt, scandant des hymnes patriotiques, convaincus de participer à une sainte croisade ? Pour se faire hacher, par régiments entiers, sur les rives de la Marne ou dans les tranchées de la Meuse.
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Lisette était devenue une jolie jeune femme, courtisée par les garçons du village qui, à l’occasion de chaque fête, se bousculaient pour la faire danser. Victime de sa timidité, Victor n’avait jamais osé l’inviter, mais surveillait du coin de l’œil qu’aucun garçon un peu trop entreprenant ne l’importune. Lorsqu’elle acceptait qu’un jeune homme l’entraîne sur la piste de danse, elle riait quand celui-ci lui parlait à l’oreille, faisant mine de s’amuser. Mais c’est Victor qu’elle ne quittait pas des yeux, s’ingéniant à le rendre jaloux, comme savent si bien faire les filles.
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Après un nettoyage rapide du brancard avec un désinfectant, on fit entrer un autre blessé, puis un autre encore. Pendant des heures, Aurélia, à force de rester debout sans bouger, ne sentait plus son dos. Des élancements douloureux partaient de la naissance de son fessier jusqu’à la nuque, qu’elle faisait bouger dès qu’elle en avait la possibilité. Elle fit des efforts surhumains pour ne pas s’évanouir quand le médecin coupa le bras d’un soldat juste au-dessus du coude.
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Des centaines de femmes s’engagent au profit des blessés. Elles sont dans les hôpitaux à l’arrière, pas dans les zones de combat. Et puis c’est la guerre ! s’écria-t-elle en haussant un peu la voix. Chacun doit apporter sa contribution. J’en ai assez de rester là, de tourner en rond en buvant du chocolat chaud et en mangeant de la brioche pendant que des soldats de mon age se battent et meurent pour défendre notre pays.
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– C’est gentil à toi de me faire une petite visite, reprit Fernand qui avait avalé son verre cul sec.

Auguste ôta son képi qu’il posa précautionneusement devant lui.

– Ça me fait bien plaisir de te revoir, moi aussi, Fernand, mais ce n’est pas vraiment une visite d’agrément.

Le vieux gendarme se racla la gorge.
– Pour dire vrai, c’est surtout ton fils que je suis venu voir.

Fernand blêmit légèrement, pressentant une annonce qu’il redoutait depuis longtemps.

– Comme tu le sais, Fernand, la guerre dure plus que prévu, et l’armée manque d’hommes. Ton garçon est appelé sous les drapeaux.
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Imperceptiblement, elle s’était rapprochée de lui, plantant son regard dans celui de Victor. Leurs deux mains se serraient un peu plus fort et leurs yeux ne se quittaient plus. C’était la première fois qu’ils s’enlaçaient vraiment. Leur premier baiser lui revint en mémoire et il en fut tout troublé. Que dirait-elle si là, maintenant, il l’embrassait de nouveau ? Elle ne serait sûrement pas contente, et de toute façon cela ne se fait pas devant le monde ! Jamais il n’oserait ! Il ne put s’empêcher de rougir légèrement. Lisette s’en aperçut et accentua son sourire. Victor aurait aimé que cette valse ne s’arrête jamais. Les danseurs, autour d’eux, disparurent, tout comme les étals des marchands et les troncs centenaires des marronniers. Il n’y avait plus que les yeux de Lisette et les notes de musique. Le temps s’était arrêté sur la place du marché.
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D’autorité, Lisette avait pris la main du jeune homme et l’entraînait à sa suite. Elle posa sa main frêle sur son épaule, glissa l’autre dans la sienne. Tout doucement, puis de plus en plus vite, ils commencèrent à tourner au son de la musique. Les chaussures crissaient en raclant le dallage de pierre. D’autres danseurs rejoignaient la piste et tournoyaient gaiement au rythme de la valse lente. Victor sentait sous sa main la taille fine de Lisette et la cambrure de ses reins. Il se laissait guider, prenant garde de ne pas lui écraser les pieds.
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Victor se remémora la petite fille espiègle qu’elle était. C’est elle qui avait insisté un jour, à l’abri des arches du pont, pour que Victor l’embrasse « comme les grands y font ». Le petit garçon qu’il était, pour ne pas perdre la face devant une fille, s’était exécuté, timidement. Un premier baiser du bout des lèvres comme on le fait à sept ans. Puis Lisette s’était enfuie dans les rues du village en sautillant.

– Victor m’a embrassée, Victor m’a embrassée, il sera mon mari un jour !
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Ce n’est pourtant pas le travail qui manque à Clermont-Ferrand, et je connais une dame tout à fait comme il faut qui m’honore d’être mon amie. Elle vient en aide aux jeunes filles dans votre situation.
Claire regardait son visiteur avec des yeux ronds. Se pourrait-il que la chance lui sourie ?
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Et j’ai peut-être dans l’idée, continua-t-elle, de reprendre des études. J’y pense depuis quelque temps. Il y a cette femme dont on parle dans les journaux, une certaine Jeanne Chauvin. Grâce à sa détermination, et au courage dont elle a fait preuve, les femmes ont désormais accès au métier d’avocat. J’avoue que je suis tentée de suivre ses pas et d’embrasser cette carrière.
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