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Citations de Alan Fredman (19)


Tout homme qui interroge est un homme fidèle à un secret qu'il ignore.
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Que ce fussent deux frères, ou deux amis, deux étrangers, qu'est-ce que cela pouvait faire aux indifférents ? Mais s'imagine-t-on un père, une mère ayant deux enfants, leur espoir, leur secours dans l'avenir, dans leur vieillesse, sur qui nuit et jour allait leur pensée et qui tout d'un coup apprendront la brutale nouvelle, la mort horrible de leurs deux enfants ?
Qu'on aille parler de gloire, de victoire, de patrie à ces pauvres vieux, ils se demanderont si vous n'insultez pas leur douleur.

[p224]
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La vie est un beau merdier, mais quand elle va dans le bon sens....
il faut lui laisser sa chance.
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Oh ! Patrie, que de crimes on a commis en ton nom !
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J'étais libre après cinquante-quatre mois d'esclavage ! J'échappais enfin des griffes du militarisme à qui je vouais une haine farouche.
Cette haine je chercherai à l'inculquer à mes enfants, à mes amis, à mes proches. Je leur dirai que la patrie, la gloire, l'honneur militaire, les lauriers ne sont que des vains mots destinés à masquer ce que la guerre a d'effroyablement horrible, laid et cruel.
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Qu'importait le chiffre des pertes humaines, ce qui comptait c'était de pouvoir alimenter les communiqués, de maintenir comme ils disaient l'activité du front, d'épater ces bonnes pâtes de patriotes civils de l'arrière par le récit de nos exploits ; avoir fait reculer les Allemands de quelques hectomètres c'était suffisant, héroïque, mirobolant, c'était une grande victoire ; en réalité c'était un massacre inutile.
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Devant le village séparant les lignes adverses se trouvait le calvaire avec encore debout un grand Christ et une statue de la Vierge. Quel symbole ! entre les combattants ce Christ déchiqueté par les balles et cette Vierge meurtrie semblaient dressés là comme une muette et tragique protestation. Mais, hélas ! le Christ dit-on si puissant laissait peser sur nous cet effroyable fléau et se contentait de cette protestation muette platonique.
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Et que nos grands chefs, nos dirigeants ne s'illusionnent pas pas : s'il n'y avait pas eu entre les tranchées une distance raisonnable, s'il n'y avait pas eu une barrière de fils de fer épineux c'est partout que les mains se seraient tendues, preuve entre mille que cette horrible guerre a été déchaîné contre le consentement des peuples. La génération future frappée de stupeur, déconcertée par cette folie sanguinaire universelle apprendra-t-elle par quelque plume autorisée ces gestes de fraternité qui sont comme une protestation de révolte contre le sort fatal qui mettait face à face des hommes qui n'avaient aucune raison de se haïr ? Pour l'honneur de notre génération, de la civilisation, de l'humanité, que ceux qui nous suivront en aient la révélation, ce sera pour les uns réconfort, pour les autres un exemple, une leçon, un avertissement sur le danger de déchaîner une nouvelle guerre.
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La ferme de Bouy se trouve à six kilomètres seulement de Cuperly, en plein camp de Châlons. En temps de paix, c'était une station d'étalons de remonte, mais aujourd'hui c'était un centre de perfectionnement pour assassiner légalement les gens de toutes les manières, les occire le plus promptement et en plus grand nombre possible, cela toujours pour sauver la civilisation en péril.
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Je constatai qu'à l'arrière régnaient un optimisme béat et une confiance absolue sur la prompte et victorieuse fin de la guerre. C'était l'oeuvre néfaste des journaux mensongers, le mot d'ordre unanime était : "Jusqu'au bout !" Quel aveuglement ! Quelle mentalité ! En vain quelques blessés, les permissionnaires qui n'étaient pas embusqués essayaient de combattre cet enthousiasme déconcertant, cet état d'esprit stupide ; rien n'y faisait. Seules des mères, des épouses tremblaient, souffraient mais en silence.
On avait la sensation d'être sacrifiés et que nos souffrances sans nom n'étaient pas comprises et ne troublaient nullement la douce quiétude de la vie de l'arrière.
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[...] et l'on eut alors ce singulier spectacle : deux armées ennemies face à face sans se tirer un coup de fusil. La même communauté de souffrances rapproche les cœurs, fait fondre les haines, naître la sympathie entre gens indifférents et mêmes adversaires. Ceux qui nient cela n'entendent rien à la psychologie humaine.
Français et Allemands se regardèrent, virent qu'ils étaient des hommes tous pareils. Ils se sourirent, des mains se tendirent et s'étreignirent, on se partagea le tabac, un quart de jus ou de pinard.
[...]
Qui sait ! peut-être un jour sur ce coin de l'Artois on élèvera un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient l’horreur de la guerre et qu'on obligeait à s'entretuer malgré leur volonté.
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Il était certain que rester ainsi jusqu'au jour c'était la mort par la torture du froid ; certes la mort c'eût été une délivrance, la fin de dures souffrances, mais l'effroyable mystère de la mort fait qu'on la fuit, qu'on retrouve un sursaut d'énergie quand elle s'approche trop près de nous.

[p142]
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Hélas ! Cet homme annonçait, après le déluge, le plus effroyable cataclysme qui eût jamais affligé notre humanité, il annonçait le plus grand de tous les fléaux, celui qui engendre tous les maux : il annonçait la mobilisation générale, prélude de la guerre, la guerre maudite, infâme, déshonorante pour notre siècle, flétrissante pour notre civilisation dont nous étions si orgueilleux.

[p17]
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Si nous souffrions aussi stoïquement sans plaintes inutiles, qu'on ne vienne pas raconter que c'était par patriotisme pour défendre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, pour que ce soit la dernière guerre et autres balivernes, c'était tout simplement par force, parce que victimes d'une implacable fatalité on devait subir son sort, chacun sachant bien que pris dans les dents terribles d'un formidable engrenage, il serait broyé à la moindre tentative de velléité de révolte.
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Et cet autre, pourquoi avance-t-il si lentement et même s'arrête-t-il tout à fait ? Mais nous le reconnaissons, c'est l'instituteur Izard, de mon escouade. Il nous dit qu'il était blessé au ventre et qu'il ne pouvait plus avancer : je crois bien qu'une balle explosive lui avait déchiqueté les boyaux. Pauvre Izard, dans sa cruelle agonie il n'eut pas une plainte, et quand quelqu'un lui a demandé s'il souffrait il n'a pas voulu nous attrister et a répondu : "Non, je ne souffre pas mais j'ai froid." C'était le froid de la mort qui déjà s'emparait de lui. On roula vite une couverture en boule et on la lui jeta. Il put la saisir et l'étendre sur lui.
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Depuis quelques jours le communiqué était d'une banalité déconcertante : rien à mettre sous la dent, je veux dire devant les yeux des stratèges en chambre, des journalistes, des badauds, de tous ceux qui croyaient au communiqué comme à une parole d'évangile. Pensez donc, quelle aubaine ! la prise d'une ville de quatre mille habitants ! Aussi, triomphalement, le communiqué du lendemain annonça à la France et au monde entier : "... qu'après un brillant combat la ville de Vermelles et le Rutoire étaient tombés entre nos mains ..."
Evidemment on ne pouvait pas avouer qu'on avait occupé simplement une position abandonnée par l'ennemi qui s'était replié sur une autre de meilleure. "A vaincre sans péril on triomphe sans gloire", mais que penser de ce qualificatif de "brillant" inséré dans le communiqué !
Comme si après un combat, si brillant soit-il, il n'y a pas des têtes et des poitrines trouées, des ventres crevés, des lambeaux de chair arrachés, meurtris, écrasés. Quel cynisme, quelle mentalité de ceux qui rédigeaient le communiqué ; oser dire : "après un brillant combat" !
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Et chacun de faire avec fièvre ses préparatifs de départ comme si vraiment on eût craint d'arriver après que la victoire soit chose faite ; pour un peu, certains seraient partis avant le jour fixé pour leur départ.
On vit des choses extraordinaires : des frères irréconciliables se réconcilièrent, des belles-mères avec leurs gendres ou belles-filles qui la veille encore se seraient giflées et arraché leurs cheveux échangèrent le baiser de paix, des voisins qui ne voisinaient plus reprirent les plus amicales relations.
Il n'y eut plus d'adversaires politiques, insultes, injures, haines, tout fut oublié. Le premier effet de la guerre était d'accomplir un miracle, celui de la paix, de la concorde, de la réconciliation entre des gens qui s'exécraient.
Cette fraternité devait-elle être durable ? L'avenir le dira.
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L'ordre d'attaque portait - le capitaine Hudelle me le mit le lendemain sous les yeux - qu'il fallait " attaquer coûte que coûte, sans tenir compte des pertes ".
Cet ordre barbare qui allait nous conduire à l'abattoir n'était pas signé, il était anonyme comme une simple note de service, les scélérats qui en étaient les auteurs se doublaient de lâches.
Oh ! Patrie, que de crimes on a commis en ton nom !

[p57]
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L'histoire ne se souvient que des vainqueurs. Les vaincus et les victimes... se retrouvent ensevelis... dans la même fosse d'oubli où croupissent vengeance et culpabilité. Et ce silence est plus terrible encore...
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