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Citation de laulautte


Ça lui a pris du temps pour se l’avouer, mais Henry reconnaît qu’ici les relations entre Noirs et Blancs sont un peu différentes de ce qu’elles sont là-bas en Amérique. Cette histoire de classes sociales n’y est pas pour rien, d’après lui. Au Tennessee, même le Blanc le plus humble méprise les gens de couleur, sans doute parce qu’à ses yeux un Noir sera toujours un esclave. Mais ici en Angleterre, même si ce sont surtout les riches anglais qui s’occupent du commerce, ils n’ont pas d’esclaves sous leurs ordres. Aussi dans des endroits comme les Boroughs, où les gens et leurs parents et leurs grands-parents depuis l’époque des chevaliers sont toujours en bas de l’échelle, ils regardent Henry et la première chose qu’ils voient, ce n’est pas un Noir, c’est un pauvre. Si vous voulez savoir quelle différence il y a entre les pays, il suffit d’étudier leurs guerres civiles respectives, tel est l’avis d’Henry, qui vit ici dans cet endroit qui chausse les deux. En Angleterre, au XVIIe siècle, le vieux Cromwell feint de se battre pour libérer les pauvres de leurs oppresseurs. Pendant ce temps, en Amérique où Henry n’est qu’un petit enfant, le vieux Lincoln feint quant à lui de libérer les esclaves de leurs plantations. Parlant d’expérience, Henry reconnaît que Lincoln ne veut les arracher aux champs de coton du Sud que pour qu’ils aillent travailler dans les usines au Nord. Et d’après ce qu’Henry a entendu dire de la guerre civile anglaise, il semble que Cromwell ne recherche que la puissance et la gloire. Une fois qu’il les a obtenues, il se met à trucider les chefs du bas peuple qui le soutenaient, et que soit en Angleterre comme en Amérique, quand les guerres civiles prennent fin, ceux qu’on devait libérer se retrouvent au même stade qu’avant, les Noirs là-bas, les pauvres ici. Bon, vu comme ça, les guerres semblent plutôt les mêmes, mais Henry trouve que même si elles se résument sans doute à la soif de pouvoir, en Angleterre, c’est présenté au peuple comme un soulèvement contre les nantis, tout comme ces histoires qu’on lit dans tous les journaux concernant la Russie en ce moment. En Amérique, ils doivent faire semblant que leur guerre civile est liée à la libération des esclaves, parce que les Américains ne voudront jamais renverser les riches, vu que devenir riche est l’idée sur laquelle repose tout le pays. C’est la différence, la vraie, voilà ce que pense Henry. En Angleterre, ils comprennent mal la haine entre personnes de couleurs différentes alors que ce qui occupe les esprits c’est la haine entre personnes de classes différentes.
[Livre 3 L’Enquête Vernall – Poutres et chevrons]
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