La peur ne nourrissait pas. Les hommes désignés pour la corvée de ravitaillement n’en revenaient pas toujours, fauchés en route par l’explosion d’un obus ou la rafale d’une mitrailleuse. Parfois, terrorisés, pour survivre, où qu’ils soient, même sur d’autres cadavres, ils se plaquaient au sol dès les premiers sifflements. La bouffe se renversait, les bidons de vin et d’eau pissaient leur contenu. Lorsque ces hommes revenaient, s’ils revenaient, ils se faisaient méchamment engueuler de n’avoir rien rapporté, ou si peu.