A ma grande honte, je dois le reconnaître, je ne connaissais absolument pas Boby Lapointe sauf de nom (que j'ai découvert ici grâce aux paroles de ses chansons tout en calembour et pour lequel il disait dans la préface d'Hélène Bernard : "Le calembour : Il vous faut de l'esprit. Si vous n'en avez pas, procurez-vous en un."= puis en musique par la suite sur Internet afin de ne pas rester trop bête quand même. Cependant, la raison pour laquelle j'ai emprunté cet ouvrage est tout autre : je m'intéresse de près aux illustrateurs de littérature jeunesse dans le cadre d'un projet pour la médiathèque dans laquelle je travaille et j'avoue avoir bien apprécie les illustrations d'Albert Lemant (grosses caricatures qui collent parfaitement avec l'humour du regretté chanteur entre autres).
Une lecture qui n'a pas grand intérêt en soi si vous n'écoutez pas la musique en même temps ou alors si vous ne reconnaissez pas l'art du jeu de mots qu'utilise Boby Lapointe et pour ne pas trouver, il faut vraiment le faire exprès ! A découvrir !
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Toujours plongée dans ma quête dans les illustrateurs ou illustratrices jeunesse, j'a poursuivi avec Albert Lemant car avec ces dessins assez caricaturaux mais trash au possible (tout comme le conte atroce pour les enfants qui nous est narré ici), j'ai apprécié mais en tant qu'adulte l'univers complètement décalé (d'ailleurs, à l'origine, un conte n'est pas ce que l'on lit aujourd'hui avec des happy-ends à chaque fois mais étaient plutôt assez cruels et bien Albert Lemant revient dans ce ton-là). Certes, il s'agit ici d'une lecture pas adaptée aux jeunes enfants ou alors à lire au troisième voire quatrième degré mais ce que j'ai apprécié, en tant que fouineuse en tous genres, c'est la qualité du papier (comme une sorte de grimoire) avec de magnifiques lettrines et tout le travail artistique qui se cache derrière. Il ne faut pas lire cet ouvrage pour l'histoire en elle-même aurais-je presqu'envie d'ajouter mais pour en rire avec un humour noir et une morale assez bien placée (encore une fois, à lire entre les lignes) mais qui, je trouve, s'adapte bien à la société dans laquelle nous vivons actuellement. A découvrir par curiosité !
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Cet album est unique ; j'ajouterai qu'on pourrait très aisément le placer dans une bibliothèque adulte. C'est une histoire dingue et incroyable. Lord Mamaduke Lovingstone (quel nom !), issu d'une bonne société britannique, qu'on imagine boire le thé le petit doigt bien levé et les lèvres pincées, est un explorateur plus ou moins auto-proclamé, pétri de fougue, d'optimisme, d'illusions aussi. On suit via des lettres qu'il rédige tout au long de son périple, toutes ses aventures et on comprend très vite entre ses lignes, que ce qu'il vit, arrivé aux fameuses ïles Girafines, n'est pas une sinécure, même si souvent ce qu'il dépeint se veut optimiste. Il faut dire que c'est un grand naïf. Et de lettres en lettres, de l'explorateur clownesque plus ou moins inadapté, qu'il est au début et qui provoque notre rire, il devient un personnage qui force notre empathie mais qui aussi nous fait rire de plus en plus jaune ; les dents grincent.
Ainsi on sort de la lecture avec un magma d'émotions nourri du loufoque du personnage et de ses aventures improbables mais aussi de l'amertume et de révolte quant aux comportements extrêmes de certains colonisateurs et/ou colons. Les jeunes (pas les plus jeunes, ils ne s'y retrouveront pas) devraient rire de ce personnage mais les plus âgés - du moins, je le pense- ressentiront sûrement au sortir de l'album de la colère, de la révolte et y réfléchiront à deux fois quand il sera questions des soi-disants vertus civilisatrices de la colonisation.
Pour l'anecdote, j'ai prêté ce livre à une diplômée en ethnologie et anthropologie, elle dit que cela devrait normalement faire penser ses étudiants.
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L'artiste iconoclaste, attachant et inspiré qu'est Albert Lemant, rend ici un subtil et vibrant hommage à un autre illustrateur de talent, dessinateur de premier ordre, caricaturiste de renom et adepte d'une peinture décorative, à l'imagination tout aussi débordante que débridée : Gustave Doré.
Il nous embarque, sans escale, sur les traces et dans la chambrée d'un jeune garçon, Gustave, qui a bien du mal à sortir de ses rêves et se réveiller.
De songe en songe, de pérégrination en pérégrination, nous suivons pas à pas cet enfant qui nous permettra de côtoyer quelques illustres héros de contes et mythes occidentaux tels que le chevalier à la triste figure qui n'est autre que Don Quichotte, Gargantua, le géant de Rabelais dont le ventre deviendra même un labyrinthe à découvrir, le Chat Botté, chaussé de ses bottes de sept lieues ou bien encore la reine de carreau « qui n'a pas la cœur tendre », extraite d'Alice au pays des merveilles.
Nous caracolons ainsi au pas de course avec Gustave, de personnage atypique en personnage de fantaisie, survolant des lieux insolites, initiatiques et pittoresques, accompagnés de tous ces personnages de papier qui, grâce à l'imaginaire de l'enfant ont pris vie et consistance.
Cet ouvrage qui demeure foisonnant, bavard, truculent, tout autant que léché est, par ailleurs, un album à l'expressivité confondante, expressivité rendue encore plus sensible par ce parti pris d'Albert Lemant d'utiliser des doubles-pages à l'italienne ; en outre, l'auteur parvient aussi à retranscrire de façon très intelligente l'univers immensément riche et fécond de Gustave Doré par l'utilisation de la technique de la gravure.
Les références littéraires sont judicieusement trouvées et mises en lumière de belle façon. Même le motif récurrent, leitmotiv prégnant qu'est le personnage de la poule au vert Véronèse, n'a pas été choisi au hasard. En effet, ce fil conducteur est une référence directe à l'enfance même d'un Gustave Doré qui demeura hanté très longtemps par cette poule qui n'aura de cesse de le faire cauchemarder toutes les nuits.
Albert Lemant signe véritablement là une œuvre magnifique et séduisante, offrant au lecteur un texte sublimé par des illustrations de grande qualité. Cet artiste reste bourré de talent : sa création est brillante, sans être ostentatoire, ludique tout autant qu'empreinte de poésie, fantasque tout en restant incisive.
Gustave dort est, sans conteste, un livre témoin qui montre avec brio combien Gustave Doré occupe encore aujourd'hui une place unique, prépondérante et incontournable dans notre imaginaire contemporain.
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Marmaduke Lovingstone découvre le Girafawaland, une contrée exotique où tout est dédié ... aux girafes. Il envoie des lettres à une amie restée à Londres et lui raconte ses péripéties. On découvre alors un pays imaginaire très particulier où le héros va évoluer d'une manière singulière : il veut imposer sa vision, ses règles, son patrimoine à ce tout nouveau pays.
Ce livre est une critique féroce du colonialisme puisque tout est exagéré de façon à en montrer l'absurdité. Par exemple, Marmaduke décide de profaner un cimetière de girafes sacrées afin de récupérer des cadavres et de les empailler pour son musée. Il n'a aucun respect pour les traditions de ce pays qu'il trouve moche, et ses habitants idiots. Il a un caractère détestable et se soucie peu de la mort de 32 de ses hommes mais par contre, déplore la perte de son fidèle rocking chair...
Des légendes sont reprises comme celle du monstre du Loch Ness ou encore les célèbres Moaï de l'île de Pâques, et adaptées aux îles Girafines.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture car on voit bien la profonde inutilité du colonialisme et tout est traité d'une façon plutôt humoristique (très humour noir quand même). Les dessins qui accompagnent le texte sont très beaux, véritables croquis scientifiques qui nous permettent de mieux nous imaginer ce pays extraordinaire.
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Grâce à une institutrice puis à ce livre, ma fille a découvert que ses parents n'écoutaient pas que de la musique nulle, et qu'on pouvait s'amuser avec les mots.
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Si 1 jeune lecteur averti en vaut 2 en avarie, le narrateur nous mène en bateau en nous offrant des représentations des nombres à terroriser de plaisir les enfants. Ceci se fait autour de sonorités fricatives et vibrantes privilégiées où le [R], le [s] et le [z] sont là non seulement pour leur bruit, mais peut-être aussi parce que l’un est présent dans "effroi" et "vendredi", l’autre dans "os" et "Lucifer" et le dernier dans "zigouiller" ainsi que "treize". Si le texte renvoie à une dimension onirique forte, il ne susciterait pas en soi beaucoup de peurs, d’autant que pour des jeunes scolarisés à l’école primaire certains mots de vocabulaire restent très énigmatiques étant soit d’un niveau de langue trop élevé, soit évoquant des personnages littéraires comme le Vendredi de "Robinson Crusoé". C’est la dimension terrifiante (mais non traumatisante) de l’illustration qui ravira un large public entre 3 et 8 ans.
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Un bel album vraiment original, présenté comme un recueil de lettres, photos, cartes postales, écrites par l’explorateur Marmaduke Lovingstone, dans lesquelles il décrit le mode de vie des Girafawaras, qui vivent sur leurs iles en totale symbiose avec les girafes. Malheureusement l'expédition, de nature coloniale, va provoquer la disparition progressive des girafes, et par ricochet, des girafawas. Un album-ovni... Illustrations superbes.
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A part le fait qu'il soit sur la peur, je ne trouve rien d'exceptionnel à cet abécédaire.
Chaque double page présente une lettre à gauche, et à droite des mots du vocabulaire de la peur (ou du moins avec une connotation ou un emploi en contexte). Ces mots sont illustrés en noir et blanc, avec beaucoup d'entrelacs et d'humour.
A la fin un texte utilise chacun des mots précédemment illustrés et même plus. Pour moi cette partie est gadget, car le texte n'a pas vraiment de sens.
En bref, pourquoi pas?
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Quelle arrogance ont les colons.
Persuadés d'être supérieurs, ils détruisent en pensant bien faire, aveuglés par la richesse et la religion, ne se demandant même pas si les autochtones qu'ils oppriment ne sont pas des êtres humains.
C'est avec beaucoup d'humour (noir) et de poésie que ce livre d'une rare beauté nous transporte dans le monde étroit de cet aventurier anglais voguant et découvrant les Iles Girafines auxquelles il rêve depuis l'enfance.
Avec un cynisme impressionnant, Albert Lemant nous fait rire devant cet homme qui se cache les yeux, persuadé de bien faire, obnubilé malgré ce qu'il dit par la richesse et les profits.
De sublimes dessins accompagnent le texte, ce recueil de lettres, de croquis de peintures et de cartes postales envoyé à Emma, une amie chère restée au pays.
Un petite perle magnifique à lire absolument !
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Un magnifique album d'une grande richesse :
à la croisée entre Max et les Maximonstres, Nemo et toute une imagerie jeunesse impertinente (des matriochka à haches ! ha ha).
Les illustrations sont superbes et reprennent habilement celles bien connues de Doré. C'est un vrai plaisir de chercher à quels dessins cet album fait référence ! On découvre d'autres moins connues. Et puis on croise aussi un Popeye caché par ci, Trois brigands cachés par là...
Bref, ça fourmille de détails et de finesses.
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Une histoire loufoque et absurde, qui avec une bonne dose d'humour noir dénonce le cynisme et l'avidité. Le graphisme est soigné, le contraste entre l'encadrement raffiné de la page et le contenu parfois sanguinolent est très réussi !
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Que penser de ce livre ? D'abord, qu'il n'est pas pour les enfants ! Ensuite, qu'il n'est pas (du tout du tout ) politiquement correct ! On adore (le côté décalé, trash) ou on déteste (le coté décalé, trash) itou ! Un album qui n'est pas dans la demi-mesure, donc !
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A partir de 9 ans
La grande question est : est-ce que le lecteur s'amuse autant à lire le livre que l'auteur s'est amusé à l'écrire ? Car vraiment, ce qui est perceptible à la lecture de cet ouvrage, c'est que l'auteur s'est fait plaisir ! Et tant mieux, ça marche ! Au moins pour nous adultes ! On adore : les doubles, triple niveaux, les références clin d'oeil !... On se peut se perdre dans le foisonnement du propos (mais n'est-ce pas le but aussi ?), mais on y revient, on picore encore et encore… Il faut également saluer que l'exercice de style de l'encyclopédisme du 18ème est parfaitement respecté par l'auteur !
L'illustration est remarquable. Les planches hilarantes d'une grande minutie (technique estampe) apportent un peu de souffle à ce texte foisonnant.
Et c'est très drôle. C'est d'ailleurs les illustrations ce qui ont attirées les enfants qui ne sont pas passés à côté de l'humour qu'elles dégagent !... En revanche, ils sont restés plus hermétiques au texte…Un livre pour adulte ? Peut-être mais pas que ….
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Nous sommes des etres spirituels vivant une experience humaine...
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