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Citation de enkidu_


Herzl réussissait. Il lança un livre, le PalaisBourbon, qui fit les beaux jours de l’Europe centrale. On jouait ses pièces à Vienne, à Berlin. La Neue Freie Presse le nommait directeur littéraire. Au bel homme, la vie était belle, quand soudain...

Quand éclata l’affaire Dreyfus.

Il entendit, dans les rues de Paris, le cri de :

« Mort aux Juifs ! » Jusqu’ici Herzl avait vécu en dilettante. On raconte bien que dans son jeune âge, il aurait dit au docteur de sa famille : « Il n’y a, pour nous autres Juifs, qu’un moyen de former une nation respectée, c’est de nous en aller en Palestine. – Qui nous y conduira ? » Et qu’il aurait répondu : « Moi ! »

Depuis, il semblait avoir oublié sa mission. Comme ceux de sa race, il avait fait sa BarMitzwah (première communion) et prononcé son petit discours en hébreu à la synagogue. Ses manifestations s’étaient arrêtées là. Et, certes il se croyait bon sujet autrichien.

Le cri de « Mort aux Juifs ! » fut un éclair sur son âme. Il bloqua son train. « Moi aussi, se dit-il, je suis Juif. »

Que ce cri s’élevât en France, voilà ce qui, surtout, le bouleversa. La France, depuis plus de cent ans, avait reconnu aux Juifs l’entière qualité d’homme. Elle était en tête des nations dans le cœur d’Israël. Si, ici, brusquement, le terrain manquait à leurs pas, si l’on reportait sur tous le soupçon pesant sur un seul, c’est que le Juif, même dans son pays privilégié, n’était pas encore chez lui.

Et Herzl, ce jour-là sentit sa mission fondre sur lui.

Il bouscula sa vie, rompit avec ses succès. Il entra en fièvre.
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