Le rêve
Comme on est bien ce soir — un soir rempli d'ivresse —
Plongeant de longs regards dans l'azur étoile!
Dans l'air semble passer un souffle de tendresse;
Le souffle doux d'un cœur par un cœur consolé.
J'aime à sentir en moi ce vague qui nous presse
À rechercher toujours quelque rêve envolé;
Cette mélancolie empreinte d'allégresse,
Qui fait que l'âme chante et qu'un bel ange ailé
Sème sur mon chemin des illusions roses,
Et dit à mon oreille, oh ! de si tendres choses
Que la brise jalouse en emporte à foison !
Comme ils sont malheureux ceux qui n'ont pas de rêves,
De châteaux en Espagne élevés sur des grèves
D'où l'on n'aperçoit bien qu'un ciel sans horizon!