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Citations de Albert Lozeau (70)


Albert Lozeau
À la lune

Quand la lune au ciel noir resplendit claire et ronde,
Le vers en mon cerveau comme une eau vive abonde.
Il coule naturel comme une source au bois,
Avec des sons fluets de flûte et de hautbois
Et, souvent, des accords doux et mélancoliques
D'harmonium plaintif et de vieilles musiques.
La lune verse au coeur sa blanche intimité
De rêve vaporeux où passe une beauté,
Et dans les chemins creux où la fraîcheur s'exhale
Ajoute aux flaques d'eau quelques mares d'opale,
Où l'on voit quelquefois se noyer éperdu
Un insecte ébloui dans de l'astre épandu.
Mais elle qui parait pour toujours endormie,
Apaisée a jamais dans la grande accalmie,
Est si puissante encor qu'elle émeut l'Océan
Et fait frissonner l'homme aussi dans son néant.
Elle rend plus hardis les jeunes gens timides
Et plus près de l'amour la vierge aux yeux candides.
Tu n'es pas morte, non ! chère clarté des soirs
Qui trembles sur les lacs comme sur des miroirs !
Et le cerf altéré qui boit à l'onde clairev En même temps que l'eau boit aussi ta lumière ;
Tu circules en lui comme un sang plus divin,
Car on n'absorbe pas de la splendeur en vain !
Le vaste ciel poudre d'étoiles d'or scintille.
Quelqu'un dans l'ombre, en bas, attend qu'un rêve brille.
La Lune bienveillante au sourire d'argent,
Aide en son pur labeur le poète songeant,
Et tendrement, le long de ses rayons sublimes,
Laisse glisser des vers chantants aux belles rimes.
O Lune ! quel mystère habite en ta clarté,
Et quel pacte te lie a notre humanité ?
Toi pour qui les anciens vivants eurent un culte,
Tu fais régner sur nous ton influence occulte ;
Et ton charme attirant fait même, comme un jeu,
Tourner les papillons des nuits dans ton feu bleu !

Quand tu parais, les soirs bénis, à ma fenêtre,
Ta lumière lointaine et vague me pénètre,
Et je me baigne en toi ! Transfigurant ma chair,
Tu me fais pur et beau, surnaturel et clair ;
Et je suis comme un dieu tout imprégné de lune,
Participant ainsi qu'un astre à la nuit brune !
Oh ! l'heure incomparable et la divine nuit !
Où donc l'amer chemin ? Où donc le morne ennui !
La souffrance est passée, et ma joie est profonde
De goûter ici-bas la paix d'un autre monde...
Je ne me livre pas au néant du sommeil,
Et j'attends l'heure triste où viendra le soleil...

Changeante Lune ! Un soir, au ciel couleur d'ardoise
Tu montas rouge ainsi qu'un énorme tison ;
Et petit à petit, en laissant l'horizon,
Tu pris une nuance exquise de turquoise.
Une autre fois, ce fut comme une boule d'or
Que masquait par moment un passager nuage ;
Et puis tu redevins la Lune au bleu visage,
La Lune habituelle et que je vois encor.
Un lourd après-midi de juillet, tu fus blanche
Comme une immense hostie apparue en l'azur ;
Tu fondis, tel un peu de neige au soleil dur,
Et l'on ne revit plus ta face qui se penche...

Quand tu pleus en reflets sur les grands arbres verts,
Les oiseaux endormis que tu trempes d'opale
Doivent songer a Toi, Lune adorable et pâle,
Pénétrés de bien-être en leurs abris divers.
Leur petite âme frêle, inquiète et farouche,
Se pelotonne à l'aise en leurs chauds petits corps,
Quand tu luis; chaque oiseau craignant les mauvais sorts
Fait sa prière a Toi, Lune, quand il se couche.
Et tu veilles sur l'homme autant que sur le nid,
Du haut de ta demeure inaccessible et sombre ;
Car le mal, ce complice ordinaire de l'ombre,
A dû craindre souvent ton regard infini.
O Lune ! jusqu'à toi permets que je m'élève !
Je rampe plein d'ennui ! Jette-moi des rayons,
Que je m'en serve ainsi que de bleus échelons
Pour suivre dans l'éther, ton domaine, mon rêve !
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Albert Lozeau
Première feuille morte
     
Quelques feuilles au bout des branches sont jaunies,
Les arbres ont encor de frêles harmonies
Et, bercés par le vent qu’attiédit le soleil,
Ils rêvent d’un automne au lourd été pareil
Mais voici que Septembre, au détour de l’année,
Vient dans la pourpre et l’or fixer leur destinée.
Leur songe bienheureux ne l’entend pas venir
Ils continuent, entre leurs bras gris, de tenir
De tout petits fragments d’azur, et les balancent, ―
Et même les oiseaux ne savent ce qu’ils pensent…
― Cette feuille qui choit, ne l’entendez-vous pas ?
Comme un papillon large elle vole, là-bas,
Emportant avec elle un peu du grand murmure
Qui s’élève, comme un cantique, des ramures.
C’est dans votre musique une note de moins ;
C’est votre gloire, dont vous n’êtes pas témoins
Tant votre tête semble impassible et sereine,
Qui, feuille à feuille, meurt sous l’insensible haleine…
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Albert Lozeau
Avril ( extrait)


J'entr'ouvre mon coeur au printemps qu'il fait.
Le soleil d'avril entre à pleine porte.
La lumière apaise, elle réconforte,
Comme une musique au rythme parfait.
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Albert Lozeau
Effets de neige et de givre, IV
     
Ma vitre, ce matin, est tout en feuilles blanches,
En fleurs de givre, en fruits de frimas fins, en branches
D’argent, sur qui des frissons blancs se sont glacés.
Des arbres de vermeil l’un à l’autre enlacés,
Immobiles, ont l’air d’attendre qu’un vent passe
Tranquille, mol et blanc. Calme petit espace
Où tout a le repos profond de l’eau qui dort,
Parce que tout cela gît insensible et mort.
Vision qui fondra dès la première flamme,
Comme le rêve pur des jeunes ans de l’âme ;
Espoirs, illusions qu’on regrette tout bas :
Sur la vitre du cœur, frêles fleurs de frimas…
      
     
Veilles du Jour et de la Nuit – La Chanson des Mois,
« L’Âme Solitaire – Poésies », F.-R. de Rudeval éditeur, 1907. (p. 117)
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Le rêve

Comme on est bien ce soir — un soir rempli d'ivresse —
Plongeant de longs regards dans l'azur étoile!
Dans l'air semble passer un souffle de tendresse;
Le souffle doux d'un cœur par un cœur consolé.

J'aime à sentir en moi ce vague qui nous presse
À rechercher toujours quelque rêve envolé;
Cette mélancolie empreinte d'allégresse,
Qui fait que l'âme chante et qu'un bel ange ailé

Sème sur mon chemin des illusions roses,
Et dit à mon oreille, oh ! de si tendres choses
Que la brise jalouse en emporte à foison !

Comme ils sont malheureux ceux qui n'ont pas de rêves,
De châteaux en Espagne élevés sur des grèves
D'où l'on n'aperçoit bien qu'un ciel sans horizon!
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Silence

L'heure coulait comme un ruisseau, vive et divine,
Sous les arbres feuillus où tous deux nous rêvions ;
Et comme font les vrais amants, nous écoutions
Tout ce qui dans nos yeux attendris se devine.

Les mots ne rendent pas tout ce qu'on imagine.
Depuis que l'homme souffre en proie aux passions.
Ils trahissent, les mots ; et nous, qui le savions.
Nous gardions le silence où l'amour grave incline...

Si nous pouvions ainsi, jusqu'au bout du chemin.
Nous dire nos secrets d'un pressement de main.
Nos peines d'un regard, nos bonheurs d'un sourire...

Et nous passer des mots, infidèles, petits.
Qu'on désavoue, à peine aussitôt qu'ils sont dits, —
Comme ceux-là qu'ici, pour vous, je viens décrire !
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La poussière du jour

La poussière de l'heure et la cendre du jour
En un brouillard léger flottent au crépuscule.
Un lambeau de soleil au lointain du ciel brûle,
Et l'on voit s'effacer les clochers d'alentour.

La poussière du jour et la cendre de l'heure
Montent, comme au-dessus d'un invisible feu,
Et dans le clair de lune adorablement bleu
Planent au gré du vent dont l'air frais nous effleure.
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La musique des yeux


La lune se leva dans le ciel vaste et clair
Et l’espace bleuit, comme sous un éclair.

Pas un nuage. Rien que les étoiles vagues,
Aux feux atténués et doux de vieilles bagues.

Et c’était beau ! Plus beau qu’un rêve de vingt ans,
Plein de Dieu, plein d’amour, plein des fleurs du printemps.

Les notes, ces rayons éblouissants ou pâles
Jaillis en frissons vifs de saphirs et d’opales,

Les accords, ces couleurs, et leurs vibrations,
Ces reflets aux milliers de variations,

Mariaient leurs accents dans la nuit agrandie,
Et c’était une exquise et lente mélodie !

Les yeux ont leur musique et, dans le ciel profond,
Ce sont les astres d’or et d’argent qui la font.

J’écoutai bien longtemps chanter le ciel splendide,
Et puis, je m’endormis l’âme émue et candide…

p.74-75
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Quand il neige sur mon pays

Quand il neige sur mon pays,
De gros flocons couvrent les branches,
Et les regards sont éblouis
Par la clarté des routes blanches
Et dans les champs ensevelis,
La terre reprend le grand somme
Qu’elle fait pour mieux nourrir l’homme,
Quand il neige sur mon pays.

Quand il neige sur mon pays,
On voit s’ébattre dans les rues
Les petits enfants réjouis
Par tant de splendeurs reparues.
Et ce sont des appels, des cris,
Des extases et des délires,
Des courses, des jeux et des rires,
Quand il neige sur mon pays.

Quand il neige sur mon pays,
C’est tout le ciel qui se disperse
Sur la montagne et les toits gris
Qu’il revêt de sa claire averse.
Sous l’avalanche de ces lis
De sa pureté nous inonde…
C’est le plus beau pays du monde
Quand il neige sur mon pays!
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Albert Lozeau
La Rêveuse

Frêle et jolie, elle est passée en robe blanche.
Le soleil allumait l'or de ses cheveux flous;
Son ombre précisait la ligne de sa hanche,
Et sa jupe se balançait d'un rythme doux.
Toute blanche dans la clarté blonde, pensive,
Traînant son parasol fermé, comme oubliant
Le ciel pur embrasé d'une ardeur excessive,
Dans la fraîcheur du rêve elle allait, lentementToute blanche, la tête immobile et baissée,
Elle allait — de longs cils ombrageaient ses yeux gris;
Personne ne troublait sa secrète pensée,
Ni les pas du passant, ni les voix, ni les cris.
Comme elle, je voudrais traverser cette vie,
Les yeux à demi clos sur un songe amoureux,
L'âme par la splendeur de mes rêves ravie,
Sans m'occuper du bruit qui monte alentour d'eux...
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ÉRABLE ROUGE **


Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
Et j’en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

Il est dans la montagne, auprès d’un chêne vieux,
Sur le bord d’un chemin sombre et silencieux.

L’écarlate s’épand et le rubis s’écoule
De sa large ramure au bruit frais d’eau qui coule.

Il n’est qu’une blessure où, magnifiquement,
Le rayon qui pénètre allume un flamboiement !

Le bel arbre ! On dirait que sa cime qui bouge
A trempé dans les feux mourants du soleil rouge !

Sur le feuillage d’or au sol brun s’amassant,
Par instant, il échappe une feuille de sang.

Et quand le soir éteint l’éclat de chaque chose,
L’ombre qui l’enveloppe en devient toute rose !

La lune bleue et blanche au lointain émergeant,
Dans la nuit vaste et pure y verse une eau d’argent.

Et c’est une splendeur claire que rien n’égale,
Sous le soleil penchant ou la nuit automnale !

p.84-85

** Extrait Le Miroir des Jours 2è édition 1925

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Albert Lozeau
Nocturne

Comme il fait bon d'être plusieurs quand il fait noir,
Et que nous subissions l'influence du soir,
Rêveur, chacun de nous écoutait sa pensée
Par le même silence intimement bercée.
La nuit mélancolique épanchait sa douceur
Avec un caressant geste de grande soeur,
Et nous voyions passer dans l'ombre transparente,
De temps en temps, soudaine, une étoile filante.
Le firmament d'été fourmillait d'astres bleus
Irradiant l'éther d'éclats miraculeux.
L'heure était si puissante et si pleine de grâce
Que chacun la sentait respirer dans l'espace,
Dans le frissonnement d'une feuille, ou le bruit
D'un insecte invisible et tournoyant qui fuit...
Ah ! ce recueillement qui vient avec mystère,
Et d'autant plus profond qu'il est involontaire !
La lampe s'est éteinte et le livre est fermé :
Nul ne songe à l'ouvrir, nul à la rallumer.
C'est dans son triste coeur, qu'éclaire la nuit noire,
Que chacun continue une émouvante histoire...
Rêve, ô supreme joie, ô consolation !
Baume qui nous guérit du mal de l'action,
C'est le soir qu'on vous sent descendre sur nos plaies
Et couler, comme par la pitié de mains vraies !
Et c'est vous qui dans les jours mauvais de combats
Nous faites prendre un peu patience ici-bas,
Et nous donnez, afin que nul ne se délivre,
La lâcheté peut-être héroïque de vivre !
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Albert Lozeau
Au soleil

Avril à l'air léger, sonore et lumineux,
Fait passer sur la rue où fume un peu de glace
En vibrante fumée incolore et fugace,
Le vent qui penchera les rosiers épineux.
Le soleil, boule d'or au ciel vertigineux,
Impatient d'atteindre à sa plus haute place,
Monte, et le vent devient plus tiède sur la face ;
La neige fond au pied des sapins résineux.
Monte, divin soleil, afin que tout renaisse !
Rends au coeur épuisé le sang de sa jeunesse,
Comme tu rajeunis la sève des vieux bois !
Monte ! fleuris la terre, épanouis les âmes !
O source de vigueur, monte afin que je sois
Plein de force et d'amour, comme toi plein de flammes !
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Le Miroir des jours, 1912
LA POUSSIÈRE DE L’HEURE


La poussière de l’heure et la cendre du jour
En un brouillard léger flottent au crépuscule.
Un lambeau de soleil au lointain du ciel brûle,
Et l’on voit s’effacer les clochers d’alentour.

La poussière du jour et la cendre de l’heure
Montent, comme au-dessus d’un invisible feu,
Et dans le clair de lune adorablement bleu
Planent au gré du vent dont l’air frais nous effleure.

La poussière de l’heure et la cendre du jour
Retombent sur nos cœurs comme une pluie amère,
Car dans le jour fuyant et dans l’heure éphémère
Combien n’ont-ils pas mis d’espérance et d’amour !

La poussière du jour et la cendre de l’heure
Contiennent nos soupirs, nos vœux et nos chansons ;
À chaque heure envolée, un peu nous périssons,
Et devant cette mort incessante, je pleure

La poussière du jour et la cendre de l’heure...

p.28
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Anniversaire


Douze mois qu’elle m’aime et que moi je l’adore !
Douze mois qu’elle verse en mon cœur de l’aurore,
Que je mis dans le creux de sa petite main
Ce que Dieu me donna de bon, de plus humain.
Du soir où je la vis, à chaque retour d’heure
Je l’aimai davantage et la trouvai meilleure.
J’ai vu ce que l’amour prête d’extase aux yeux,
D’éloquence aux instants les plus silencieux,
D’indicibles espoirs et de promesses franches
À la pression tiède et lente des mains blanches...
Et je veux, pour fêter ces jours de longs émois,
Prendre autant de baisers que sont passés de mois.

p.45
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À Émile Nelligan

Tu montais radieux dans la grande lumière,
Enivré d’idéal, éperdu de beauté,
D’un merveilleux essor de force et de fierté,
Fuyant avec dédain la route coutumière.

Tu montais emporté par ton ardeur première,
Battant d’un vol géant la haute immensité,
Et là, tout près d’atteindre à l’azur convoité,
Tu planais, triste et beau, dans la clarté plénière.

Mesurant du regard le vaste espace bleu,
Tu sentis la fatigue envahir peu à peu
La précoce vigueur de tes ailes sublimes.

Alors, fermant ton vol largement déployé,
Ô destin! tu tombas d’abîmes en abîmes,
Comme un aigle royal en plein ciel foudroyé!
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Albert Lozeau
Intimité

En attendant le jour où vous viendrez à moi,
Les regards pleins d’amour, de pudeur et de foi,
Je rêve à tous les mots futurs de votre bouche,
Qui sembleront un air de musique qui touche
Et dont je goûterai le charme a vos genoux…
Et ce rêve m’est cher comme un baiser de vous !
Votre beauté saura m’être indulgente et bonne,
Et vos lèvres auront le goût des fruits d’automne !
Par les longs soirs d’hiver, sous la lampe qui luit,
Douce, vous resterez près de moi, sans ennui,
Tandis que feuilletant les pages d’un vieux livre,
Dans les poètes morts je m’écouterai vivre;
Ou que, songeant depuis des heures, revenu
D’un voyage lointain en pays inconnu,
Heureux, j’apercevrai, sereine et chaste ivresse,
A mon côté veillant, la fidèle tendresse !
Et notre amour sera comme un beau jour de mai,
Calme, plein de soleil, joyeux et parfumé !

Et nous vivrons ainsi, dans une paix profonde,
Isolés du vain bruit dont s’étourdit le monde,
Seuls comme deux amants qui n’ont besoin entre eux
Que de se regarder, pour s’aimer, dans les yeux !
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L’Âme solitaire
DOULEUR


Ce soir je me sens malheureux.
C’est qu’il a menti le beau songe !
Je m’exaltais en plein mensonge !
Ah ! comme j’en sors douloureux !

Je croyais, et c’était ma gloire !
J’espérais, c’était mon bonheur !
Et maintenant, j’ai dans le cœur
Le mal affreux de ne plus croire !

Je pleure, et ma main tremble un peu...
Demain, je serai triste encore.
Je verrai sans plaisir l’aurore
Et sans plaisir l’infini bleu...

Quand on souffre par une femme,
Sans espoir d’être consolé,
On ne voit, d’un œil désolé,
Que le ciel sombre de son âme.

p.59 [poésies complètes tome 1]
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À mon pays


Beau pays canadien, vieille terre française,
Je voudrais te chanter : je ne te connais pas !
Tes bois n’ont point reçu l’empreinte de mes pas,
J’ignore tes lacs bleus, tes monts où tout s’apaise.

Que j’aurais parcouru tes chemins à mon aise,
Et vogué sur tes eaux qui s’étendent, là-bas !
Tes arbres m’auraient pris entre leurs tendres bras,
Et j’aurais oublié l’existence mauvaise...

De ton immense ciel, moins heureux que l’oiseau,
Je n’ai pu contempler que le même morceau
Sous lequel se dressait toujours le même érable !

Oh ! ne m’accuse pas d’un coupable dédain !
Nul autre ne t’aima d’un amour plus certain !
Mais pleure sur mon sort à jamais misérable !...

p.180
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Illusion

Je me consolerai par la grâce des choses
Qui sont belles à voir, douces à respirer,
Par la couleur du ciel et le parfum des roses,
Et le charme des yeux qui n’ont pas fait pleurer.

Je regarde ma vitre avec un plaisir calme;
Un fin jardin d’argent y fleurit pour un jour :
Autour d’un arbre clair s’entrecroisent des palmes,
Des calices givrés pendent leur blanc velours.

En attendant les mois prodigues de nuances,
Je chercherai le bien, le gris, l’or et le vert.
Dans les regards connus aux chères influences;
De leurs tons délicats je teinterai mes vers.

J’extrairai le bonheur des plus petites choses,
Des rayons, des reflets qui viennent se poser
Légers comme une abeille au cœur ardent des roses;
Et j’aurai sur la bouche un rêve de baiser.
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