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Citation de lanard


L'idée que l'Empire Ottoman aurait traversé une phase de décadence qui se serait prolongée pendant plusieurs siècles apparaît un peu ridicule en elle-même. En revanche, il est intéressant d'essayer de comprendre comment, à la longue, cet empire, qui pendant si longtemps était resté l'égal de ses rivaux occidentaux, glissa bel et bien vers une situation de grand retard, en particulier sur le plan technologique. Un aspect sur lequel il convient par exemple de se pencher est le mauvais rapport que le monde ottoman entretient avec l'imprimerie. Même si c'est là une chose banale, il convient de le répéter: l'imprimerie est une invention extraordinaire qui a transformé la société européenne, car en Europe, à partir du début du XVIe siècle, on assiste par son entremise à la formation d'une opinion publique mieux informée, grâce à une masse toujours croissante d'informations qi se trouvent mises à la disposition des peuples et à une production importante des livres qui change radicalement le visage de la société européenne. Or, dans le monde ottoman, non seulement en Asie mineure, mais dans tout le Proche-Orient, dans le Maghreb et les Balkans, rien de tout cela ne se produit. L'imprimerie reste interdite. En 1515, le sultan Selim le Terrible émet un décret qui punit de mort toute personne s'occupant d'imprimerie. Cette interdiction naît principalement de raisons religieuses. La caste des religieux, qui sont aussi, rappelons-le, les juristes de cet empire, craint qu'il n'arrive quelque catastrophe si l'on commence à imprimer le Livre par excellence, autrement dit le Coran. Le Coran se doit d'être recopié à la main et l'idée de confier l'acte de le reproduire à des machines, plutôt qu'à des êtres humains, a tout l'air d'un blasphème.
Comme toutes ces interdictions, celle-là aussi, au bout d'un certain temps, commence à montrer ses limites: des entrepreneurs grecs ou arméniens demandant à pouvoir ouvrir des imprimeries pour imprimer dans leur langue, et cela leur est accordé, mais l'on n'imprime toujours pas en turc, ce qui signifie que pour la population qui ne connaît que la langue turque, les livres restent une denrée rare, tels qu'ils l'étaient chez nous au Moyen Âge, au lieu de se multiplier par centaines ainsi qu'ils le font en Occident. Il n'existe pas non plus de journaux, de bulletins, de gazettes, comme ceux qui, en Europe, informent et façonnent déjà l'opinion publique depuis le XVIe siècle.
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