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Citation de michelekastner


J'étais devant tous les autres et je les vis, enfin,, les navires, là, devant moi. Les premières nefs noires, étayées au sol, puis, à perte de vue, des navires et encore des navires jusqu'à la plage et la mer, des milliers de mâts et de coques, les proues pointées vers le ciel, aussi loin que tu pouvais regarder. Les navires. Personne ne peut comprendre ce que cette guerre a été pour nous, les Troyens, sans imaginer le jour où nous les avons vus arriver. Il y en avait plus de mille, sur ce bout de mer qui était dans nos yeux depuis que nous étions enfants, mais que nous n'avions jamais vu sillonner par quelque chose qui ne soit pas ami, et petit, et rare. Il était tout à coup noirci jusqu'à l'horizon par des monstres venus de loin pour nous anéantir. Je comprends quelle sorte de guerre j'ai faite quand je repense à ce jour-là, et que je nous revois, moi, mes frères, tous les jeunes gens de Troie, en train de revêtir nos plus belles armes, de sortir de la ville, marcher dans la plaine, et, arrivés à la mer, essayer d'arrêter cette flotte, terrifiante, à coups de cailloux. (...)

C'est dans ces flammes que vous devez vous souvenir de moi, Hector, le vaincu, vous devez vous souvenir de lui debout, sur la poupe de ce navire, entouré par les flammes. Hector, le mort traîné par Achille trois fois autour des murs de sa ville, vous devez vous souvenir de lui vivant, et victorieux, et resplendissant dans ses armes de bronze et d'argent. J'ai appris d'une reine ces paroles qui me sont restées et que je veux vous dire : souvenez-vous de moi, souvenez-vous de moi, et oubliez mon destin.
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