Alex Abella

Je revois l’enfant que j’étais ou que j’ai rêvé être (invention ou faits, c’est du pareil au même ; l’imaginaire réel, c’est l’essence même de Cuba).

La Havane, cité de mes rêves et de mes cauchemars, mon étoile polaire et mon enfer, mon inspiration et mon tourment. J’ai le vague souvenir d’avoir vu une foule en délire démolir l’aigle altier des Américains qui trônait autrefois au sommet de la colonne, mais je sais que j’étais trop jeune pour y avoir assisté et comprends que les nouvelles télévisées se substituent à la réalité ; ma révolution est un souvenir médiatisé.

La magie noire et tout ce bazar, c’était pour les losers, les défoncés, les gothiques qui n’avaient pas de vie à eux et qui, faute de mieux, s’inventaient leur mort.

Le truc, c’est que j’avais peur. Et cette trouille-là, rien ne pouvait l’apaiser, ni Raul avec son Glock, ni aucun muscle ou gros calibre. C’était tout dans ma tête, comme un frisson de terreur qui s’était insinué à l’intérieur de moi et ne me lâcherait plus jusqu’à ce que je l’expurge.

— La patience est une vertu.
— Pour moi c’est un vice. Attendre n’a jamais donné quoi que ce soit à personne.

Quand t’es au sommet, les gens t’achètent parce que t’as un nom de marque, peu importe le genre de merde que tu produis. T’es dedans à vie.

Pour vendre plus de livres, mec. Parce que peut-être cet écrivain cherche un crime à élucider, qui le hisserait à la une des journaux et qui lui rapporterait la publicité qu’il mérite. A défaut, ça, c’était ce qu’il pouvait faire de mieux. Hé, le parcours est agréable ! Oprah, les interviews à la télé, la rubrique personnalités dans Lifestyle, tout le reste de la bonne planque si c’est toi qu’as révélé l’histoire et es supposé l’avoir réglée. Merde, avec ce truc tu pourrais aller jusqu’en haut de la liste des meilleures ventes du New York Times.

Je crois que ça vient d’un écrivain dont les ventes ont chuté et qui veut s’assurer que son prochain livre sera un best-seller et qui est prêt à tout pour l’obtenir. Alors, il se maque avec des gens qui viennent le trouver et lui disent : faisons un marché. Quand on se sera débarrassé de ces gens et qu’on les aura coupés en morceaux et toute cette merde, tu pourras les déguiser et dire qu’ils ont été victimes de ce culte bizarre, et tu pourras te faire un nom et vendre des tonnes de livres à la con.

Il y a des choses auxquelles on ne pense pas, on les fait, c’est tout.

...les conspirations existent. Elles volent bas sous le radar des accusations parce que, comme dans je cas de Simpson, les procureurs ne peuvent pas croire que les gens soient assez naïfs pour y croire. Mais les gens le sont. Le font. Le sont.

Les gens cherchent un bouc émissaire pour tout lui coller sur le dos : Satan ou Charlie Manson ou même ce Diaz, plutôt que d’examiner leur propre cœur jusqu’au tréfonds.

« C’est toujours comme ça les flics ?
— Seulement quand ils ont la trouille. On ferait mieux de déguerpir nous aussi.

La hiérarchie veut qu’on mette la sourdine, c’est pas politiquement correct.

La foi en des saints volubiles qui prennent possession de leurs adeptes, les rendant capables d’exploits et de courage surhumains lorsqu’ils sont sous leur emprise. Le culte d’un tueur sans pitié qui avait massacré mon ami et pratiquement assassiné mon fils et moi-même. La raison pour laquelle j’avais quitté Los Angeles et cherché refuge sur la Baie.