Archipenko construit des réalités. Son art se rapproche de plus en plus de la sculpture absolue qui, un jour, devrait se confondre avec la peinture et l'architecture absolues pour ressusciter comme une plastique pure, au-delà de tous les styles, de toutes les techniques et moyens.
Archipenko possède des forces nécessaires pour atteindre ce but de l'unité plastique interieure.
Guillaume Apollinaire
Der Sturm, 1014.
Alexandre Archipenko est né en 1887 a Kiew, une des rares grandes villes au milieu des champs et des steppes de l'Ukraine. Son père, mécanicien a l'Université locale, avait l'esprit hante de plans et de projets et réalisa aussi quelques précieuses inventions. Étranger a l'art, il eut d'abord de la répugnance a laisser son fils s'engager dans la carrière incertaine de l'artiste. II lui légua, toutefois, quelque chose de précieux: le gout d'expérimenter et le sens des rapports mathématiquement nécessaires des objets. Aussi, la puissance d'imagination d'Alexandre Archipenko enfant s'absorba-t-elle dans la combinaison, qui était a la fois un jeu et une affaire sérieuse, d'appareils fantastiques et vains dont la force et la capacite étaient portées a l'infini par les rêves puérils de leur auteur.
La décomposition des formes géométriques dans l'espace n'est pour lui qu'un des moyens mis à sa disposition, non une fin en soi. Il se rapproche d'ailleurs de Robert Delaunay et s'empare des principes de l'orphisme, sans pour autant en être un adepte inconditionnel.
Archipenko a toujours été un artiste de nulle part sur les cartes géopolitiques dressées par les historiens et les critiques. (...) La démarche théorique de ses idées a démontré non seulement une rare exigence formelle et intellectuelle, mais aussi une richesse infinie et une volonté inépuisable de pousser plus avant une recherche , qui ne se satisfait jamais de ses résultats.