Croyez-vous, me dit-elle en gardant son immobilité, croyez-vous que l'on quitte pour toujours sa patrie, sa famille, sa mère, sans que le coeur se brise? Croyez vous qu'on passe, sinon du bonheur, mais du moins de la tranquillité au désespoir, sans que le coeur saigne? Croyez-vous qu'on traverse l'océan à mon âge pour aller traîner le reste de sa vie sur une terre étrangère, sans mêler une larme aux flots qui vous emportent loin de tout ce qu'on a aimé?